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Philippe Katerine nous livre ses « Confessions »

Philippe Katerine nous livre ses « Confessions »

Katerine Confessions Style : Chanson Française Sortie : 08/11/2019

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En cette période de cadeaux et surprises, il est toujours agréable de retrouver la fantaisie de Philippe Katerine et de goûter à ce que ce dernier nous a concocté. Poète déluré aux multiples facettes, le vendéen nous revient cette fois avec un album… difficile à qualifier tant il part dans toutes les directions.

Philippe Katerine a décidé de tout dire

BB Panda annonce la couleur avec une espèce d’électro-zouk tirant à boulets rouges sur les politiques, le président de la République en tête (au passage virtuellement giflé). D’un vindicatif « arrêtez de parler », Katerine expose un visage qu’on ne lui connaissait pas, celui d’analyste de son temps.

Stone avec toi se pose pour sa part des questions existentielles voire métaphysiques, bien aidé on l’imagine par l’effet de divers substances interdites. Dans la foulée, KesKesséKçetruc et ses analogies freudiennes évoluent dans une transe psychédélique teintée de soul dont le paroxysme prend la forme d’un appendice masculin. On se croirait revenu au temps des Nuits d’une demoiselle cher à Colette Renard. Un savoureux moment de folie.

Après ce titre suivi de Malaise et de ses tranches de vie gênantes (notamment affectives), l’on comprend assez vite que nous avons là un album clairement sexué (facile à deviner au vu de la pochette). Même si La converse avec vous prône plutôt l’amour courtois à coups de flûte traversière et saxophone, La clef se veut au contraire beaucoup plus équivoque quant à certaines pratiques…

Avec cet album, Philippe Katerine a décidé de tout dire, sans le moindre tabou, quitte à en choquer plus d’un et à emprunter des chemins glissants. Nous en tout cas on adore cette franchise !

Katerine à L’AFFÛT des moindres travers de notre époque

On retrouve ensuite le Katerine fin observateur avec ce Blond, très juste dans sa vision de la société actuelle où sont le plus souvent stigmatisés les mêmes types d’individus. « On ne se méfie pas de moi parce que je suis blond » : en quelques mots on saisit instantanément où l’artiste veut en venir. Un texte bien plus profond qu’il n’y paraît, porté par une rythmique des plus classieuses.

Dans la même veine, 88%, sur un beat époque Prince de Bel Air, souligne le rapport difficile d’un pan de notre société à l’homosexualité face à ce que l’on appelle la norme. Le vendéen semble décidément bien à l’aise dans ces habits de saint Simon contemporain, à l’affût des moindres travers de notre époque.

De saint Simon à Horace il n’y a qu’un pas que l’on franchit allègrement avec Aimez-moi et cet « aimez-moi tant que je suis là » répété comme une supplique. Katerine via l’exemple Johnny nous explique que « la mort rend les gens beaux » mais qu’avant cela il faut « cueillir le jour » et profiter des siens tant qu’ils sont présents. Une leçon qu’il est toujours bon de rappeler.

Autre leçon, de musique cette fois en compagnie de la délicieuse Angèle. Dans un dialogue furieusement funky, le Duo flâne à travers les diverses harmonies et instruments qui font la beauté de la Musique. Un instant magique.

Ces Confessions, comme une sorte de thérapie musicale pour Katerine

Mais la folie du personnage ne demeure jamais loin et atteint son apogée avec cette Bof Génération façon trip hop, couronnée par un gimmick de flûte à bec à vous rendre fou. Katerine se questionne encore et toujours au sujet de cette génération qui « voulait juste être là sans savoir pourquoi » (pas sûr qu’à la fin on obtienne davantage de réponses…)

L’opus se termine par un nouvel écho à la gaudriole à travers l’évocation d’un cauchemar des plus scabreux nuancé ensuite par les paroles réconfortantes de Léa Seydoux. L’ultime note étant quant à elle réservée à l’Etre aimé…qui n’est pas forcément celui que l’on croit.

Ces Confessions s’avèrent en définitive être un besoin pour Philippe Katerine d’expier ses péchés, lever ses derniers doutes et en même temps avouer ses pensées les plus triviales. Une sorte de thérapie musicale entre interrogations philosophiques et plaisir de la chair.

Musicalement, et c’est là tout le paradoxe, cet album se veut tout à fait dans l’air du temps et en même temps (pour paraphraser un certain chef de l’Etat) inclassable tant il fait figure d’ovni. De quoi en effrayer plus d’un...mais si toutefois vous arrivez à saisir un siège au vol, ne le manquez pas car ce voyage sera unique, onirique…voire hyperboliquement fou comme l’aurait dit Dali. Décollage prévu à l'Aéronef le 4 décembre prochain, soyez au rendez-vous !

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