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Michael Jackson MICHAEL. Style : Sortie : 10/12/10

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MICHAEL.

25 Juin 2009.

Il doit être 21h00, heure française. Une chaîne d’informations tourne en fond sonore. Un flash spécial attire mon attention : « Michael Jackson aurait été transporté d’urgence en ambulance. » Je ne peux m’empêcher de sourire. Ca y est, il a donc décidé de se sortir des concerts par la petite porte. Je visite quelques forums et me laisse surprendre par une inquiétude grandissante. Les fans font monter la pression. Les télévisions couvrent l’évènement en direct. Tumulte, désordre, incertitude. Des heures durant, je navigue entre les écrans, fais les cent pas. Jusqu’à la nouvelle. Insupportable. Michael Jackson est décédé. J’attends que CNN valide ce à quoi je me refuse de croire. Ils vont forcément attester qu’il ne s’agit que d’une erreur. Les souvenirs explosent en tête. Retour rapide. « De la part de Mamy pour tes onze ans ».  Une image en chasse une autre. Les flashes s’enchaînent. « I am innocent. » Retour rapide. « J’ai les billets ! » Les instantanés s’embrouillent. « Tu connais Michael Jackson? » Eject.

« Ladies and gentlemen, Michael Jackson has left the stadium. »

Il doit être 01h30, j’accueille l’avis officiel de décès de mon idole, entre deux pièces. Je suis debout, les bras pendants, entre deux mondes. Je ne bouge pas d’un centimètre, cloué sur place. Je n’arrive même pas à pleurer, rien ne se passe. Le temps s’est arrêté. Les fans hurlent, les images sont insensées, les journalistes interloqués. Et moi, je suis là, immobile et foudroyé. Mon cœur se tord. Malgré la douleur, rien ne sort. Je ne suis qu’empli de vide. (…)

Extraits de Michael, Jackson et moi. Noesis.

 

08 Novembre 2010 : Michael Jackson est décédé.

Il doit être 06h00, heure française. J’attends fébrilement la diffusion du premier extrait du nouvel album posthume de Michael Jackson. Je manque de tomber de ma chaise et d’avaler un croissant de travers lorsque le titre Breaking News retentit. Incompréhension. Je ne reconnais pas la voix de celui qui a enchanté vingt trois ans de ma vie. Dans la minute, la polémique enfle. Les fans se divisent (ils ont l’habitude). Certains entendent le Roi de la Pop, d’autres s’y refusent. La publicité est inespérée. Les forums sont en ébullition, Facebook regorge de groupes hostiles envers Sony. La maison de disque prend déjà cher. Je ne veux pas suivre la masse sans être convaincu. Alors j’écoute. Encore et encore. Mais rien n’y fait, le doute subsiste. Un malaise certain s’installe. Le titre est plutôt sympathique, reprend des thèmes chers à Michael. Il y a un phrasé Jackson, la grammaire semble bien appliquée. Mais la voix est dissonante. Conditions d’enregistrement (home studio), encodage MP3 sur le site officiel ? Il doit bien y avoir une explication. Je l’espère. Attendons. Laissons le débat (ou le lynchage) se mettre en place. L’album sort début Décembre.

 

Quelques semaines plus tard, les premières fuites envahissent Internet. Le terme « fake » devient le mot à la mode. Un faux, une contrefaçon. Toujours en cause : la voix. Et il faut reconnaître qu’il est parfois bien difficile de retrouver la puissance, la justesse et le timbre si particulier de l’artiste. La guerre est clairement déclarée. L’appel au boycott est lancé. Sony se fend de communiqués stipulant que Michael Jackson chante, point. Aucun doute n’est permis.

Qui suivre ? Les fans que j’ai toujours exécrés et qui jurent que Sony brûlera en Enfer ? Les plus optimistes qui entendent Michael Jackson ? La maison de disque qui a un album à vendre ? Les plus modérés qui se disent « après tout, pourquoi pas » ?

 

10 Décembre 2010 : Michael Jackson se retourne dans sa tombe.

L’album Michael est dans les bacs. Je me penche sur les morceaux. Je fais le job. Comment vais-je m’en sortir ? Je me rends compte que j’apprécie des titres où je ne reconnais même pas mon idole (Monster, en tête). Cela ne tourne pas rond. Exercice périlleux, il s’agit d’être crédible. Fan ou pas, il va falloir aller au charbon. Donner son avis.

Petit détour sur la toile. Teddy Riley qui a participé à l’élaboration de l’opus jure que Michael chante bel et bien. Puis, il se ravise sous la pression des fans sur twitter. Bon d’accord, il n’y a pas que Jackson sur le disque. Oh ?

Mais si (nous susurre Akon qui participe aussi au projet): il n’y a que le Roi au chant et l’album est un hommage vibrant et magnifique. Si tu le dis…

 Ce que j’entends moi, humble critique et admirateur du supposé chanteur, c’est surtout du bricolage, des bidules qu’on colle pour gonfler artificiellement la durée d’un morceau (Hollywood Tonight), des extraits live du Dangerous Tour plaqués par un terroriste sauvageon (Behind The Mask). Les époques se mélangent : une voix de 1983, sur un beat de 2010, cela ne colle pas. Il n’y a pas de fil conducteur, pas d’histoire. C’est le foutoir. On n’y comprend rien.

Et là où tout se complique (encore) c’est quand James Porte entre dans la danse. James Porte, il est sosie vocal de Michael, ça doit être ça son métier. Et il est parfois bon le bougre. Alors il vient faire des blagues sur Keep Your Head Up et des calembours sur Breaking News.

La confrontation d’idées entre amis sur le sujet Michael, c’est véritablement un coup à finir ses jours seul. Ou trucidé à coup de gant doré. Pour un bête CD, ce serait quand même bien dommage. N’empêche qu’on se met méchamment sur le nez. Pour de rire qu’on dit…

Pourtant il y a du bon sur ce drôle d’album. Much Too Soon reste émouvante, même si un accordéon fait fausse route et dénature le titre original. Best Of Joy nous rappelle comme Michael avait une voix magnifique (sans doute le seul intérêt du titre). Breaking News reste en tête avec quelques lignes de voix réussies (Michael ou pas ? Aucune idée, c’est ça qu’est génial). Another Day nous livre enfin le fruit du travail entre Michael Jackson et Lenny Kravitz. Hold My Hand est sucré juste ce qu’il faut. Le relifting du morceau fonctionne. Mais cela ne reste que du Akon featuring MJ.

Hollywood Tonight est juste une super tuerie supercherie : mais quelle pêche ! Behind The Mask rend un vibrant hommage au Pressurized Dub Pt 2, remix de Scream, tendez l’oreille, c’est bon comme ça…

Malgré toutes ces réserves (et cet humour parce qu’il vaut mieux en rire), je me dis que si cet objet bizarre était vendu sous un autre nom que celui de l’illustre Michael Jackson, j’en serai fou. On ne peut nier l’efficacité brute des titres, ni cracher sur cette production mammouth qui défouraille tout sur son passage. N’importe quel artiste se contenterait d’un tel album. Poussons le vice : n’importe quel fan d’un autre artiste se contenterait d’un tel album…

Même mineurs, ces morceaux restent au dessus du lot.  Oui, mais voila… On parle de Michael Jackson et de ses invraisemblables exigences de qualité. De fait, Michael semble tout le temps à la ramasse. Et l’on se prend à rêver à la direction qu’aurait réellement suivi le Roi de la Pop sur ce projet. Mais ne planons pas : MJ est mort. Définitivement.

 

« A bien des égards, la tâche du critique est aisée. Nous ne risquons pas grand-chose et pourtant nous jouissons d’une position de supériorité par rapport à ceux qui se soumettent avec leur travail à notre jugement. Nous nous épanouissons dans la critique négative, plaisante à écrire et à lire. Mais l’amère vérité  qu’il nous faut bien regarder en face, c’est que dans le grand ordre des choses, le mets le plus médiocre a sans doute plus de valeur que notre critique qui le dénonce comme tel. »

Extrait du dessin animé Ratatouille. Disney, Pixar.

  1. jacqueline CHENEVIER

    Merci de prendre enfin de la hauteur face à l'hypocrisie ambiante.
    Michael est mort et nous savons tous que ce qui pourra nous être proposé maintenant ne pourra être en aucun cas à la hauteur des exigences qui faisaient de cet artiste un génie.

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