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« Été 85 » : Ozon filme les passions adolescentes sur fond de hits des années 80

L’Actu Ciné de Lille La Nuit se penche sur Été 85 de François Ozon. Il y est question d’amours et passions adolescentes, d'homosexualité, de disparition, de vacances d'été. On y retrouve le jeune acteur qui monte, Benjamin Voisin, et une révélation : Félix Lefebvre. La musique est signée par Jean-Benoît Dunckel, du groupe Air. Et des tubes historiques font aussi partie de la bande originale !

 

François Ozon : prolifique et éclectique

Depuis 1998, François Ozon (l’un de nos réalisateurs les plus célèbres : ses films s‘exportent très bien à l’étranger) a signé 19 longs-métrages ! Voilà un cinéaste qui, en plus d’être prolifique, est également éclectique. Capable de passer d’un genre à un autre, de réaliser film fantastique (Ricky), thriller érotique (L'Amant Double), mélodrame historique (Frantz), ou film-dossier avec Grâce à Dieu, son chef-d’œuvre sur un scandale de pédophilie au sein de l’église catholique lyonnaise.

Félix Lefebvre, François Ozon et Benjamin Voisin sur le tournage d'Été 85.

Adaptation d’un roman

Avec Été 85, François Ozon s’est souvenu du roman d’Aidan Chambers, La Danse du Coucou, qui l’a captivé quand il avait 17 ans. Au point qu’il a longtemps envisagé d’en faire son premier long-métrage, après une série de courts éclatants. Il s’y colle aujourd’hui, en en tirant une adaptation libre, et en transposant l’intrigue de Southend on Sea (en Angleterre) au Tréport.

Ozon raconte la passion adolescente qui se noue entre Alexis, gamin candide de 16 ans, et David, âgé de 18 ans, plus mature, sûr de lui, décidé, et peut-être... manipulateur.

Une fascination trouble qui peut évoquer certains films du grand Joseph Losey.

Dès les premières minutes, François Ozon nous dévoile l’issue de son histoire et le destin de ses personnages. Pas de mystère de ce côté, donc. Le cinéaste n’aura de cesse de faire des allers-retours dans le temps. Peut-être pour donner de la densité à son intrigue. Pour autant, le procédé paraît artificiel tant les révélations ne sont pas d’une folle originalité. Pourquoi ne pas avoir traitée cette histoire de façon plus linéaire ? La question peut se poser.

On ne sait pas si nous sommes restés sous le choc qu’a constitué Grâce à Dieu, mais on ressent une déception à la vision d'Été 85. Non pas que le film soit mauvais, qu’il ne traite pas de sujets intéressants, ni que ses personnages soient dénués de cette fièvre qu‘une passion amoureuse réclame. On a, en revanche, l’impression qu’Ozon a déjà beaucoup traité, et en mieux, certains des thèmes d’Été 85. On retrouve le travestissement ou l’homosexualité, déjà abordés dans des films précédents. Du coup, même si des obsessions et thèmes récurrents font aussi un auteur, une impression de redite s’installe.

La mise en scène d’Ozon paraît moins brillante qu’à l’accoutumée (Dans la Maison, Jeune et Jolie, Une Nouvelle Amie). Mais après tout, peut-être que le sujet, faussement anecdotique, se prêtait davantage à une mise en scène très classique.

Tournage en pellicule

Du côté de la direction artistique, on retrouve toute la méticulosité de François Ozon. Sa reconstitution des années 80 est parfaite. La nostalgie au cœur du film, est accentuée par toute une ribambelle de hits des années 70/80  (Sailing de Rod Stewart, In Between Days de The Cure) et le score de Jean-Benoît Dunckel du groupe Air. Sans oublier le choix intelligent de filmer, non pas en numérique, mais en Super 16mm (le grain de la pellicule donne un aspect documentaire qui renvoie au passé).

Félix Lefebvre nourrit Alex d’impétuosité et de candeur. Quand Benjamin Voisin se montre aussi séduisant que dangereux.

Jeunes comédiens prometteurs

Mais la grande réussite d’Été 85 est sa distribution. Ozon a toujours été fort pour choisir et diriger ses comédiens. Une fois de plus, c’est un sans faute. Dans le rôle de David, Benjamin Voisin offre une vraie densité à son personnage. Il se montre tout aussi séduisant que dangereux. Comparaison n’est pas raison, mais on retrouve chez lui un petit quelque chose du jeune Alain Delon. Après Un Vrai Bonhomme et La Dernière Vie de Simon, le comédien confirme qu’il est une future valeur sûre.

Félix Lefebvre, déjà vu dans l’excellent L’Heure de la Sortie, nourrit Alex de fragilité, candeur, d’impatience, d’impétuosité, d’ardeur, de violence. De tout ce qui caractérise la fougue de l’adolescence. Mais il ne tombe pas dans la caricature, ni ne s’abîme dans une forme de parodie de la jeunesse.

Le reste de la distribution est à l’avenant avec la jeune Philippine Velge (au personnage plus anecdotique, cependant), ou des comédiens fétiches de François Ozon, tels Valeria Bruni-Tedeschi et l’impeccable Melvil Poupaud.

SI Été 85 n’est pas une œuvre majeure de François Ozon, elle n’en demeure pas moins recommandable.

Les infos sur Été 85

Synopsis : L’été de ses 16 ans, Alexis, lors d’une sortie en mer sur la côte normande, est sauvé héroïquement du naufrage par David, 18 ans. Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves. Mais le rêve durera-t-il plus qu'un été ? L'été 85…

Durée : 1h40
Sortie le 14 juillet 2020

Affiche, photos, film-annonce Diaphana Distribution

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