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Théo Charaf, la renaissance du blues

Théo Charaf, la renaissance du blues

Théo Charaf Style : Blues Date de l’événement : 11/12/2021

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A l’occasion de la sortie de son album, nommé sobrement « Théo Charaf », celui-ci a proposé un goûter-concert le samedi 11 décembre 2021 à l’Aéronef avant de faire la première partie de Marc Ribot. Le chanteur à la voix grave et impressionnante, comme venue d’un autre temps, s’accompagne de 3 guitares, dont « Georgette », une vieille dame capricieuse comme il l’a souligné en riant sur scène. Dans un jeu acoustique, il s’est aussi servi d’un Bottleneck, outil servant à déformer le son d’instruments à cordes, ce qui nous faisait vraiment croire qu’on était au bord du Mississippi, tous collés près d’un feu de bois.

La renaissance du blues

Qui est Théo Charaf ?

Ce jeune sudiste est un bluesman participant à la renaissance du blues. Jouant seul, il a actuellement sorti un album et deux singles : « Going Down » en 2020 faisant office de premier morceau officiel de Théo Charaf, « Vampire » étant son morceau qui a le plus de succès sur son album contenant 10 titres.

Et qu’est-ce que le blues, finalement ?

Il l’a expliqué à son jeune public : provenant des chants de travail des populations afro-américaines au XIXe siècle, le blues était autrefois chanté et écouté pour sortir ses émotions.

On peut ajouter que parfois accompagné d’instruments rudimentaires, il fit son apparition sous le nom de « Fife And Drums» au Mississippi, où il sera ensuite dérivé et popularisé au XXe siècle avec des légendes du blues tel que Skip James, Muddy Waters ou encore Joe Farmer.

Théo Charaf

Théo Charaf en concert aux 4Ecluses le 3 décembre 2021 - © LillelaNuit - TomA

Quelques questions à Théo Charaf

LillelaNuit a eu la chance de le rencontrer. Simple, à la fois profond et accessible, il a choisi un style musical pas forcément grand public. Il a pu répondre aux questions d’Arthur Viseur, 12 ans. Il sait d’où vient ce qu’il joue et ça se ressent, et la transmission de sa passion a donné envie à Arthur d’aller écouter encore plus de blues….

Arthur : Quelles sont tes plus grandes sources d’inspiration ? 

Théo C : Elles sont extrêmement nombreuses mes sources d’inspiration. Je n’ai pas forcément d’artistes préférés dans le sens où ça serait un peu comme manger un seul parfum de glace toute ta vie. (Rires) Ça a peu de sens. Du coup je dirais quand même que c’est le Rock’n’roll majoritairement. Surtout les artistes des années 70 comme Led Zeppelin, Pink Floyd, Neil Young et d’autres. Des trucs psychédéliques, un peu rentre dedans, un peu sexy et classe.

Arthur : Moi j’adore le boogie.

Théo : Ah ouais, le boogie, ça tue. Ça vient du blues aussi et le blues c’est sans aucun doute l’une des plus grandes sources d’inspiration lui-même puisqu’il a inspiré la scène rock ‘n roll des années 70. Tout découle de ça ! Le boogie c’est trop cool ! Il faut un bon piano pour un boogie. Il faudra absolument que tu ailles écouter Willie Dixon et Memphis Slim qui sont sans doute les plus grands héros du boogie et du blues que tu puisses écouter.

Arthur : Ça sera fait avant demain ! Faut-il être triste pour produire des musiques tristes ? 

Théo C : Tu as quel âge Arthur ?

Arthur : 12 ans.

Théo C : Tu poses de meilleures questions que certains journalistes ! C’est une excellente question. J’ai pas vraiment la réponse. (Silence un peu grave). De ce qui est sorti pour moi ces derniers temps c’est ma tristesse et ma mélancolie poussée à son comble, à son paroxysme, qui était plus contrôlable et qui a fait sortir les morceaux que j’ai sur l’album aujourd’hui. J’aime à croire qu’il est possible de créer en allant bien. En tous cas, je fais le travail qu’il faut pour aller bien, parce que c’est quand même sympa d’aller bien.

Arthur : Oui je confirme, c’est cool.

Théo C : C’est déjà assez dur comme ça pour pas s’en rajouter dans la face. C’est une excellente question, tellement une bonne question que je ne suis pas sûr de pouvoir répondre autre chose.

Arthur : Ok ! Pourquoi tu as choisi la guitare acoustique sur scène ? 

Théo c : Parce que déjà, initialement, les gens que j’adore et que j’adule ont commencé comme ça. A l’époque, il n’y avait pas d’électricité. Ils étaient paumés dans la pampa des Etats Unis, avec un vieux bout de bois et des rasoirs en guise de corde. Ce sont des gens comme ça que j’ai écoutés. Dans un second temps, parce que je jouais tout seul chez ma mère avec ma guitare et que je n’avais pas de guitare électrique. J’ai commencé comme ça. C’était une question de moyen aussi.

Arthur : Est-ce que c’est le blues qui vous a choisi ou vous qui avez choisi le blues ?
Théo C : Tu peux me tutoyer si tu veux !
Arthur : Merci.
Théo C : C’est une drôle de question… C’est moi qui l’ai choisi. Clairement. Ce serait très présomptueux de dire l’inverse. (Rires)

Arthur : De ce fait, est ce que dès ton enfance tu t’imaginais être bluesman ? 

Théo c : Bluesman, non. Musicien oui.
Arthur : Dès ton enfance ?
Théo c : Très rapidement oui.

Arthur : Ça veut dire que tu écoutais déjà ce style de musique jeune ?

Théo c : Oui, avec mes parents un peu. Ce sont des hippies, ils écoutaient… (Pensif) Je me rappelle de danser sur Santana quand j’étais gamin, des trucs comme ça. Forcément c’est une musique teintée de blues. J’étais fan de Eminem quand j’étais môme. Il y a plein de blues dans Eminem, des tas de sons blues. C’était déjà un peu là. Et puis très jeune, j’ai compris que ça n’allait pas trop le faire les études, les cours, tout ça. Le travail encore moins. Ouais ouais. Disons que si c’est le cas pour toi, ce n’est pas grave, c’est ok, mais trouve quelque chose à faire à la place, c’est le plus important. Il ne faut pas quitter ça pour rien foutre derrière.

Arthur : Ok ! Quel est ton style préféré hormis le blues ?

Théo C : Je n’ai pas de style préféré mais j’écoute énormément de blues et de rock’n’roll, aussi énormément de reggae. Enormément sous toutes ses formes que ce soit du Dub, Early reggae, Ska etc… J’écoute pas mal de rap aussi, comme du hip-hop.

Arthur : Ça m’étonne que tu écoutes du rock !
Théo C : Quoi mais regarde-moi, qu’est-ce qu’il te faut ? (Rires, il montre son style vestimentaire)
Arthur : Non je voulais dire du RAP.

Théo C : Je me disais aussi ! Mais j’ai commencé avec ça, figure-toi. J’écoutais du hip-hop quand j’étais gamin. Mes parents écoutaient déjà de la musique rock, mais ma recherche personnelle a démarré par le rap. J’écoutais Skyrock sous ma couette pour pas que ma mère me gaule. Et j’avais ma chambre qui était couverte de posters de Moby.

Arthur : Déjà la dernière question : Un top 3 albums et morceaux.

Théo C : - Un live de Neil Young qui s’appelle "Weld", double live de 91, qui est tout bonnement une des meilleures versions live de N. Young, incroyable, et dedans il y a un de mes tops en chansons qui est « Cortez the killer ». Il y en a plein, je vais les dire au pif… Euh… C’est trop dur. (Il rit) Il y a aucun enjeu, mais c’est trop dur de choisir quand même.
- Je dirais Sweet Smoke, « Just a poke ». Il faut que je choisisse bien pour que tu ailles écouter.
- Absolument tout Billie Holiday. Il n’y a pas de bon album, tout est bon, la meilleure expression possible. Vas-y, creuse ! Rah la vache… (Il cherche) Après il y a des classiques comme « Sticky fingers » des Stones. Là j’en ai fait pas mal, ça te va ?

Arthur : Oui, c’est pas mal !

Théo C : Ah si, si tu veux écouter des trucs cool, va écouter Skip James, les versions de 1931, c’est de la folie. Si tu veux vraiment du Delta blues.

Arthur : C’est déjà tout. Merci
Théo C : Merci Arthur, c’était cool.

Si l’interview officielle se finit sur ces mots, Théo Charaf a généreusement donné encore de son temps pour parler musique en off. Une rencontre belle et rare, avec un jeune monsieur qui a tout d’un grand, le style, l’âme, et qui semble être prêt à assumer la relève de grands noms, comme Skip James, Bob Dylan et Townes Van Zandt qu’il reprend sur l’album.

A suivre absolument, sur Facebook par exemple, entre autres.

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