Ecoute cette voix qui jaillit ! C'est celle de Tacite dans son premier album qui sortira courant avril : Vivre Tue… 13 titres, 13 raisons d’appuyer sur Play !
Du bon rap français « intelligent » composé par un artiste diplômé de Science Po, travailleur associatif et animateur radio sur RCV depuis 15 ans !
Le moins qu’on puisse dire c’est que l’auteur nous propose des textes « tacites », illustrant la vie comme un paquet de cigarettes. « Vivre Tue » : tout comme « fumer », « la vie est brutale » (Ici et maintenant).
Tacite est tel Un cri venu des sous-sols, nous livrer « the hiphop culture ».
Ses rimes sont tantôt simples, tantôt croisées. Un poète de la rue, qui ironise avec sa verve, mixée aux sons de Dj Nocif.
L'opus contient des refrains courts mais efficaces et diverses voix off qui créent un effet original.
Tacite évoque Myspace dans Alice aux pays des friends, qu'il utilise comme bon nombre d'artistes. Le domaine de la musique est omniprésent, les platines bouncent, même la langue ! Dans HipHop dialecte, on assiste à un duo franco-italien entre l’artiste et son acolyte Giocca, avec quelques paroles en anglais également.
Un featuring entraînant, une sorte de bouillon de « culture ».
Dune, 5e titre « épicé », traite de la détermination, de la motivation qui anime ceux qui veulent être entendus, à travers un tissu de métaphores implicites et plaisantes.
Message similaire dans Désert ambulant « Profitons de cette vie, de nos élans et de nos envies », pour ne pas se sentir vide, errant, dans le grand désert que peut parfois être la vie.
Même flamme, même feu donne du goût à la différence : « Au fond de nous ne brûle pas la même flamme, mais on se réchauffe au même feu », « Y a pas de saveur sans mélange ». Tacite parle de l’unicité, de l’authenticité de chacun…un titre proche du public, avec la voix de D-Lud, féminine et rafraîchissante.
T’entends la Ménagerie ? se moque des ces « pseudos stars » superficielles et cupides desquelles Tacite se démarque « Mon ambition c’est être entendu, pas devenir super che-ri ».
Le Jour d’Après pique la société d’une dose d’amertume et Singe perverti expose quelques notions de Darwinisme, histoire de poursuivre avec la (hiphop) « culture ». L’homme « se prend au sérieux », devient « immonde » et « déraille » : « le singe est devenu sapiens, mais nie l’animal et ça coince ». Tacite tague avec acidité la nature humaine parfois si impure et égocentrique.
Roger résume le quotidien d’un Monsieur-Tout-le-Monde qui veut devenir quelqu’un, exister… mais qui doute et se noie dans le whisky…une ébauche du thème de la solitude qui domine le titre suivant…Seul, qui clôt l’album aux rythmes d’un accordéon languissant. Tacite témoigne de ce besoin d’autrui « L’enfer c’est pas les autres, c’est se sentir tout seul », de la chaleur d’un groupe, du besoin d’être entouré et soutenu par les gens qu’on aime. Un désir, un sentiment que chacun porte en soi : « L’équipe : une âme pluri-corporelle ». Ce dernier duo avec Persée, en somme, très réussi, nous interroge...
L’artiste lillois exprime sa sensibilité, sa proximité avec un public conquis, et signe son authenticité, loin de la vulgarité, du bling bling et des clichés…
Une seule envie…pousser Reset et réécouter…
Tacite sera sur la scène du Grand Mix à 20h le 8 avril prochain, en première partie d'Assassin.
Dans le clip ci-dessus, des habitants du quartier de Wazemmes.
