Introduction légère et lente progression avant l’irruption de la voix, c’est fin et très bien produit : basses rondes et fuselées, voix légèrement filtrée mixée au milieu des instruments ou plus en avant sur le puissant Love Machine, songwriting intelligent, envolées qui emmènent tout. La musique faussement légère de Mr Crock emporte l’adhésion d’autant qu’elle est maligne et livre des fausses pistes qu’elle ne cesse de déjouer. C’est extrêmement pop, on joue avec les arrangements et les détours pour un ensemble particulièrement gracieux. On joue le rebond des basses et l’élégance synthétique, possible qu’on ait écouté New Order, comme signalé ailleurs, mais il serait réducteur de s’en tenir là, d’autant que Peter Hook ne jouait pas de basse de cette façon. Synthétique mais pas toc comme le prouve le profond et excellent Hearts and bones et son clavier très organique. Les guitares sont giflées sans effets exagérés et c'est toujours motivé par la texture des titres.
On sait ce qu’il advient souvent des titres rapidement accrocheurs : ils ont du mal avec la distance et les pastilles pop ont parfois un goût très éphémère quoiqu’agréable. Ici, travail du son et compositions assurent qu’il ne s’agit pas de pop jetable mais de pop en fausse patte. Autre bon signe, indépendamment de critiques élogieuses, on cherche un moment avant de leur trouver d’hypothétiques parents musicaux : Metronomy, Alt-J, peut être. On y verra la preuve d’un son personnel : ce n’est pas la peine de s’acharner à les comparer. Ou alors à tout ce que la pop produit d’intelligemment orchestré et de dansant, tant les reflets pailletés scintillent souvent. On pense parfois à Gablé, à ces gens qui font tourner la pop en boucle pour qu’elle ne tourne pas en rond. L’excellent We Say Love, unplugged, avait déjà montré sur le premier EP avec un bel éclat boisé et rythmique la solidité des chansons et l’entrelacs savant des voix. Ces vingt minutes ne cessent de grandir à chaque nouvelle écoute tant c'est élégant. Une vraie promesse.
