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Entretien avec Corde, un groupe nordiste esthète et jazzy

Entretien avec Corde, un groupe nordiste esthète et jazzy

Corde Style : Musique

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Corde, un groupe nordiste esthète du raffiné, du mouvement, de la précision est un trio détonnant pour une musique inclassable. Des sons électroniques, une batterie jazzy et un violon résolument moderne ont su nous enchanter ce 27 mai 2023 dans un lieu tout aussi poétique ou improbable. C’est au Musée de la vie rurale de Steenwerck que le public chanceux a pu apprécier une prestation dense, tout aussi bien visuelle que sonore. Un écran derrière le groupe nous a passé des images de mer tantôt agitée tantôt nostalgique. C’est un réel show millimétré mêlant images, sons et brume artificielle qui nous a fait totalement chavirer. On était sur le bateau et le capitaine nous assenait de coups de violons pour nous raconter ses histoires de vieux marins.

corde logo

Lieu habité, les spectateurs ont eu une vraie scène devant eux, mais étaient entourés d’objets du monde rural ancien : des jeux, des tenues désuètes, des objets d’art représentatifs des vieux métiers, des outils… Le musée lui-même a participé au concert en faisant sonner une ancienne horloge murale mécanique faisant sourire le public et le groupe à l’unisson. D’autres spectacles sont à prévoir dans ce lieu et on vous invite fortement à vous y rendre tant pour le musée singulier qui fait revivre la mémoire et les coutumes de nos anciens, que pour la programmation qui ose la découverte (musique, théâtre, exposition…) . Vous pouvez aussi bien boire un verre à l’estaminet en venant jouer aux jeux anciens en famille ou avec vos amis. Dépaysement garanti.

Interview avec Corde après leur concert de Steenwerck

On a retrouvé le groupe Corde après le concert pour connaître leur sentiment et en savoir plus sur leur actualité !

Interview : Vanessa Mans & Arthur Viseur
Photos : F & G

corde musiciens

C’est un plaisir fou d’assister à un concert de Corde dans un environnement si inhabituel pour un concert ! Quelle expérience en avez-vous tiré ?

Nîm : C'était une rencontre inattendue pour moi, car je ne connaissais pas ce lieu, qui déborde de magie et de cachet, et dont l'âme est très présente. Ça a eu pour effet de renforcer l'ambiance du voyage en mer que nous proposons, nos références maritimes se portant aussi sur le passé. D'ailleurs, on a vraiment eu l'impression que la salle nous répondait, voire même qu'elle était la donneuse d'ordre en faisant sonner son horloge dans un de nos temps calmes, comme tu l'as évoqué précédemment. Je n'avais jamais vécu ça, pour tout dire.
Maxime : Cela fait quelques années que j’échange avec Jean-Pierre, le programmateur du musée. C’est une personne investie, ouverte, curieuse, cela est un plaisir d’échanger avec lui depuis tout ce temps. Le rencontrer aujourd’hui, ainsi que Jean-Marc et découvrir leur générosité, leurs savoirs, c’est un moment privilégié, une bulle hors du temps comme celle qui a été créée avec l’exposition permanente du musée. Avec Corde, j’aime pouvoir jouer dans des lieux atypiques qui donnent à notre concert une résonnance toute particulière. L’écrin de la grange au lin est magique !

"On a littéralement l'impression de devoir écouter l'imprévu ; des conditions qu'on ne sait pas reproduire en répétition."

Nîm, Corde

C’est un show extrêmement millimétré qui vous invite à être carré et très exigeant avec vous-même. Est-ce une source de stress ? Nous imaginons des répétitions intenses pour avoir un tel résultat aussi bien visuel que sonore !

Nîm : C'est effectivement plus difficile à maîtriser que lorsqu'on se parle cette langue vivante qu'est la musique entre musiciens, en ne se focalisant que sur les ressentis de l'instant, avec une très grande liberté de tempo et de ton. Et c'est d'ailleurs considéré comme une faiblesse ou un carcan que d'utiliser des bandes. Pour autant, nous sommes très humains en concert, car nous ne cessons d'ajouter-modifier, au gré du ressenti, des mélodies ou des rythmes spontanés. Pour ma part, il m'arrive fréquemment de me faire aspirer par le morceau, et de ne "rattraper le coup" qu'en cours ou à la fin de celui-ci.
C'est un énorme plaisir que d'interpréter le morceau en sentant la salle, le lieu et les personnes qui voyagent avec nous. Et d'ailleurs, nous ne sommes pas parvenus jusqu'ici à reproduire un concert à l'identique, d'un point de vue musical...
En fait, les répétitions nous servent probablement à créer "une ligne de vie" pour éviter les catastrophes, mais les conditions live sont tellement différentes, notamment en terme de retours et de sensations, qu'on a littéralement l'impression de devoir écouter l'imprévu ; des conditions qu'on ne sait pas reproduire en répétition.
Maxime : C’est un plaisir tout particulier que de jouer avec cette ligne de vie, on parvient à s’amuser avec les imprévus. Comme le dit Nîm, chaque concert est différent, même s’il y a des contraintes, le champ des possibles est vaste !
Ce soir j’ai pu voir de nombreux sourires -cela fait un bien fou lorsque l’on joue- et l’exigence que l’on s’impose est récompensée par cette communion.

Comment vous pourriez définir l’identité du groupe et la place de chacun au sein du trio ?

Nîm : Il me semble que Corde est un tissage vibrant d'histoires humaines très fortes et puissantes. Le violon a le rôle du conteur et de personnages importants, la batterie me parait représenter les éléments mais aussi le "palpitant", tout ce qui met en vie et en urgence, et la basse et les synthés créent les personnages secondaires, les outils, et campent également les "moments" dans les histoires, en créant des changements de plan.
Maxime : Je vais paraphraser Nîm en ajoutant qu’il met en couleurs les histoires que je raconte avec mon violon, alors que Steve les rythme. Ensemble, on crée l’espace, le temps, les couleurs et le ton !

"Chaque concert où l’on peut partager notre univers est source de joie pour moi, vraiment. Qu’il y ait 40 personnes ou plus, peu m’importe."

Maxime, Corde

On vous imagine très bien sur de grosses scènes. Votre prestation est aussi intense que des groupes comme Mammal Hands, Gogo Penguin… qui percent aujourd’hui. Quels espoirs nourrissez-vous quant à un avenir plus propice au succès ?

Nîm : Nous aimerions beaucoup pouvoir développer ce côté puissant sur une scène ayant les épaules solides pour envoyer du "tellurique". Nous poursuivons le travail de développement et espérons qu'un élément, comme par exemple la diffusion d'un de nos morceaux sur une série ou un documentaire, puisse créer le déclic.
Maxime : Mammal Hands et Gogo Penguin, deux des groupes qui m’enthousiasment le plus aujourd’hui. S’ils ne sont pas dans le top de mes playlists, ils ne sont pas loin. Merci pour ces références, je suis très heureux qu’on puisse nous associer à eux !
Je n’ai personnellement pas de recul sur les scènes que nous pourrions investir. Chaque concert où l’on peut partager notre univers est source de joie pour moi, vraiment. Qu’il y ait 40 personnes ou plus, peu m’importe. Comme le rappel Nîm, on fait un travail particulier pour que notre musique puisse servir d’autres propos notamment d’œuvres cinématographiques.
Parallèlement nous travaillons à notre nouvel album dont l’approche me paraît plus immédiate. Cela facilitera peut-être l’accès à des salles de concerts plus conventionnelles ? Histoire à suivre…

LLN : Pour finir, une question plus maritime. Quel élément de la mer vous représente le plus par rapport à chaque membre du groupe ?

Nîm : pour ma part, ayant travaillé en Islande, c'est la houle profonde de l'Atlantique Nord, avec un macareux qui passe dans l'air.
Maxime : j’ai un rapport très ambivalent à l’eau, la mer. Elle me fascine autant qu’elle me fait peur. Cela doit être dû aux séances d’optimiste lorsque j’étais à l’école primaire et les dessalages par temps pluvieux. La peur sans doute de reposer six pieds sous mer, dans le froid des profondeurs.
Dans le clip "We breathe", j’incarne un gardien de phare. J’aime cette posture de guide préservant les marins des naufrages, tout en étant au cœur des tempêtes, subissant les lames de plein fouet.

Steve : Pour moi, ce serait l’obscurité des eaux profondes qui représente l’inconnu, la découverte, la surprise, la peur

Retrouvez Corde en concert prochainement

Corde jouent le 19 juin à Faremoutiers pour les élèves du Collège Louise Michel, le 21 juin à la Ferme Dupuich de Mazingarbe, le 30 juin aux Amarres de Paris, le 16 septembre à Oye Plage pour leurs amis de Grange Art, le 1er octobre à la Gare Saint-Sauveur pour une carte blanche donnée à leur label, Vailloline !

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