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Ez3kiel : clair-obscur autour de Battlefield

Ez3kiel : clair-obscur autour de Battlefield

Mathieux Fays Style : post-rock électronique Date de l’événement : 20/05/2008

Ez3kiel, encore étiqueté trio « électro-dub » par Wikipédia a pourtant éclaté une fois de plus les frontières de son propre univers, sans se trahir pour autant. Dense et sombre, embué de rock, le trio devenu quatuor, pousse la tournée de son dernier album Battlefield jusque Lille jeudi prochain.

Tout le monde s’accorde pour saluer le clair-obscur massif aux détails d’orfèvre qui s’échappe des compositions du dernier opus. Car Battlefield coupe court aux berceuses de Naphtaline (cd-dvd proposant un projet multimédia fantastique et baroque où l’image et le son entraient en interaction avec l’utilisateur, 2007). Nul doute que jeudi soir, l’Aéronef se transformera en un champ de bataille exquis mêlant son et image. 
En attendant l’immersion, Mathieux Fays, batteur du groupe, répond à nos questions...

Pourquoi et comment avoir sorti Battlefield si peu de temps après Naphtaline ? Comment s’est passé le travail de composition, d’enregistrement, de mise en place sur scène ?

Naphtaline, c’est un projet qu’on a voulu faire à un moment, sur la route, mais qu’on arrivait pas a gérer à cause de la lourdeur du travail. On a donc décidé de s’arrêter deux ans pour donner naissance à ce projet. 
 

 

(Trailer du DVD de Naphtaline)

Suite à la sortie de Naphtaline, on a tous perdu notre intermittence. Il n’y avait pas de tournée derrière la sortie du digipack. On avait quelques présentations à faire dans des villes et ça nous prenait un peu de temps. Cependant, il fallait absolument qu’on renquille rapidement sur un autre album, Battlefield, sachant qu’on entrait en studio en octobre 2007 pour enregistrer. 

Ça a donc été un peu laborieux. On a cherché juin, juillet, août sans grand succès… c’est finalement un album qui s’est fait en un mois parce qu’on a réussi à trouver les ficelles seulement début septembre. On a changé de local en juillet dernier. On a alors eu des conditions de travail plus adéquates qu’auparavant. Jusqu’au 5 novembre, la fin du studio, ça a été assez intense côté compo et réalisation.

Et puis ça faisait également deux ans qu’on n’avait pas tourné et la dernière fois c’était avec DAAU (le groupe belge avait participé à l'album « Barb4ry » d'Ez3kiel et accompagné la tournée « versus tour » de 2004). On avait envie de retrouver notre identité, à trois, qui est en fait devenue quatre puisqu’après Napthaline, on a embauché un quatrième musicien, Stéphane, qui fait maintenant la tournée avec nous.

Jusqu’ici, vous aviez travaillé directement avec Jarring Effects à Lyon pour la partie studio... Comment l'enregistrement de l'album Battlefield s'est déroulé?

Les albums précédents étaient faits avec Jarring, mais ils n’avaient pas de studio. Pour Handle With Care  (2001), la cabine de mix, c’était l’appartement du boss de Jarring... Barbary (2003), on l’a fait dans la maison de ses parents qui ont bien voulu partir en vacances un mois le temps qu’on fasse notre album... Entre temps, Jarring ont mis en place leurs propres studios. Mais pour Naphtaline (2007) on a vraiment travaillé de notre côté. Au départ on voulait se l’autoproduire. Mais on manquait de moyens pour les duplications. Jarring nous est venu en aide. Pour Battlefield (2008), on a préféré faire pareil : anticiper tout notre travail dans notre local et par la suite aller à Pôle Nord là où travaille Fred Norguet . On bosse avec lui depuis le début. Là, on pouvait installer les batteries dans les salles. Si on avait une idée, on pouvait enchaîner tout de suite. Sur Barbary, c’était vraiment laborieux, il fallait enlever les matelas de là où on dormait, pour pouvoir les installer dans le studio… c’était roots!
 

Quelle est l’idée forte qui vous a permis d’accoucher de Battlefield, quelle idée principale avait vous voulu dégager de votre album ?

Battlefield découle beaucoup de Naphtaline, même si musicalement, c’est complètement différent. Avec Naphtaline, pendant 2 ans, on s’était donné comme cahier des charges de n’utiliser ni basse ni batterie. On avait donc vraiment travaillé sur les arrangements, ce qui n’est pourtant pas forcement notre point fort. Et après deux années à faire des petites berceuses, on avait envie de revenir à quelque chose de beaucoup plus brut et rentre-dedans!


Une idée qu’on retrouve gravée sur la deuxième plage de Battlefield, Volfoni’s revenge, qui est en fait la plage d’introduction de Naphtaline…

Oui il y a pas mal de liens ! « Spit on the ashes » aussi qui était un bonus de Naphtaline et qui a été réorchestré avec basse-batterie.

La grosse nouveauté chez Ez3kiel, c’est qu’il y a un quatrième membre avec vous… Pourquoi avez-vous décidé de l’intégrer ?

Stéphane est un ami de longue date, ça fait 8 ans qu’on se connait. Il collaborait régulièrement sur nos albums, sur Naphtaline entre autres où il est intervenu en tant que vibraphoniste. Stéphane est multi-instrumentiste. C’est le seul parmi nous qui a une formation musicale classique, basée sur l’écriture et l’harmonie. Ça nous ouvre des portes musicales et rythmiquement aussi puisque ça faisait un moment qu’on avait envie de travailler à deux batteries. Ça a surtout permis à Yann (bassiste/graphiste) de se concentrer sur l’élaboration des parties image qui demande énormément de temps.

Dans cette course musicale et visuelle de quelques mois seulement, comment avez-vous eu le temps de préparer la mise en place sur scène, en particulier dans le jeu avec les visuels?

Toujours dans la suite du travail sur Naphtaline, il y a eu tout le travail sur le CD Rom que Yann a réalisé et qui lui a permi d’apprendre le langage de Director, un logiciel pour faire des CD-rom. Suite à la sortie de Naphtaline, il y a maintenant des expositions-installations dans des centres d’art contemporain et des Espaces Culture Multimedia. Cet expo tourne en même temps que nous on peut être sur la route.Les installations reprennent des tableaux de Naphtaline mais avec une interface qui n’est plus la souris et l’écran d’ordi : tu as alors un écran géant et un vélo et lorsque tu freines c’est comme si tu cliquais avec ta souris!

Ça, ça a été la phase d’intégration des capteurs par rapport au CD-rom. La troisième étape, c’était d’amener ça sur scène avec tout ce qu’on a en MIDI : des pads de batterie électronique, des claviers maîtres, des pédales aux pieds pour Yann et Joan…
Ça nous permet de récupérer toutes les informations MIDI qui sont jouées sur scène et de leur allouer des fonctions sur des images. Dans la synchronisation que peut entrapercevoir le spectateur, il n’y a pas une grande nouveauté par rapport au travail à l’image qu’on faisait avant. Sauf que nous, ça nous offre beaucoup plus de liberté. Ça nous permet de « buffer » ou tout du moins rallonger des parties ou les raccourcir en fonction de ce qu’il se passe. Chose qui n’était avant pas du tout possible : on jouait sur un DVD, et toute la ligne du morceau était écrite.
 

Vous avez toujours joué sur le visuel, même sur le double album-DVD du Versus Tour lorsque vous aviez fait des making off… C’était très stylisé, génial. ..et paradoxalement votre ingénieux site Internet ne n’est pas mis à jour depuis 2004 ! …

On n’a pas le temps de tout faire…
On est sur la route, il y a les installations… pour Naphtaline : deux pièces ont été réalisées, il a fallut en créer d’autres et maintenant on est sur la modification des visuels du live. Il y a également d’autres projets pour une biennale à Grenoble en septembre 2009, organisée à l’Hexagone (scène nationale) qui a crée un lien avec des gens du CEA pour créer un atelier art-science. Ce projet va être plus lié à l’image, on est chargé d’occuper un lieu qui est relativement grand et on commence à y réfléchir… On est très occupé.

 

lire un article à propos de cette vidéo 

Et c’est Yann qui gérait le site … Alors maintenant, on communique beaucoup plus par myspace. Tous les groupes fonctionnent comme ça, c’est beaucoup plus rapide à actualiser et tous les membres du groupe peuvent intervenir rapidement. C’est beaucoup moins laborieux qu’un site. Le prochain site sera donc plutôt une vitrine aux allures d’œuvre d’art plutôt qu’une base d’information, qu’on retrouve sur le myspace. 

Lors de votre venue à Lille le 29 mai, on peut s’attendre à la venue d’un des musiciens de DAAU en guest …?

Non

… Malgré le fait que vous ayez encore repris DAAU sur Battlefield avec The Montaigus and The Capulets

C’est un morceau qu’on a joué sur la deuxième tournée Versus. On l’avait enregistré nulle part et on était un peu frustrés de ça. Au départ, à la suite de Versus, il avait été question de faire un projet commun réél avec DAAU. Mais ça faisait quand même deux ans qu’on n’avait pas tourné à 4, si on se liait avec DAAU sur un autre projet, le public aurait pu ne plus rien comprendre de ce qui est Ez3kiel et de ce qui est DAAU. Alors on s’est dit qu’on allait revenir à un album brut joué à 4, en même temps, on avait quand même envie de leur rendre hommage. On les a invités sur Battlefield, tout comme Narrow Terrence (groupe dans lequel on retrouve l’ancien violoniste de DAAU).

Quand on a voulu enregistrer le morceau Kapulet & Mantaigus, on a demandé aux DAAU de refaire l’arrangement, mais il n’était pas question qu’il y ai Buni, l’ancien violoniste … ça a été le tour de force pour recréer DAAU comme à l’époque de la tourné avec eux. Par la même occasion, on a souhaité faire intervenir les gens de Narrow Terrence sur le morceau « Split on the ashes ».

La tournée se déroule-telle bien : des bonnes ou mauvaises surprises avec toute les installations que vous avez.. ?

Ce qu’il s’est passé, c’est que les choses se sont enchainées très rapidement : Battlefield a été réalisé du 1er octobre au 5 novembre et on devait tourner au départ dès le 17 janvier. Ça nous laissait deux mois pour la réalisation du live et des images. On s’est vite rendus compte que ça ne serait pas possible et on a repoussé de 15 jours le début de la tournée. C’était quand même limite au niveau timing. On est parti sur la route avec beaucoup de dates callées et un spectacle qui, par rapport à notre exigence, n’était pas vraiment à la hauteur …

On a du retravailler entre les dates. Dès qu’on avait un petit peu de temps, on arrivait à se reconcentrer sur le travail qu’on n’avait pas eu le temps de faire sur les premières dates. Il y a donc encore des choses qui évoluent dans le set au niveau des images… au niveau du son, c’est pareil, on est allé faire un résidence il y a quinze jours, ça nous a permi de peaufiner le son et de rendre les choses plus efficaces. Maintenant ça se passe bien !

On est content il y a beaucoup de monde dans les salles.
On avait un peu peur en s’arrêtant 2 ans de se faire oublier et finalement, le projet Naphtaline à donner d’autres portes d’entrées que celles qui étaient uniquement musicales et a permis d’étendre notre public à d’autres horizons.

Rendez-vous avec Ez3kiel, le jeudi 29 mai à l'Aéronef avec en première partie, DLGZ ...

(merci à RCV pour l'accueil de l'interview dans ses studios)
 

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