Ministère des Affaires Populaires

Ministère des Affaires Populaires

HK & Dias Style : Hip Hop / Rap Date de l’événement : 20/05/2008

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Le Ministère des Affaires Populaires traite de nouveaux dossiers musicaux en studio ! Il prépare actuellement son second album. Le projet musical du groupe continue à être marqué par les problèmes sociaux, politiques… HK et Dias nous ont expliqué leur engagement pour les sans-papiers, leur voyage en Palestine… Les deux MC’s parlent sur un ton grave et sérieux de la précarité, du racisme… mais ne manquent pas une occasion d’évoquer avec humour des sujets plus légers. Le groupe a de nombreux projets : un clip va sortir, un concert est prévu à Lille le 1er juin...

Aurélie : Dans le premier album du Ministère des Affaires Populaires « Debout la d’dans », votre premier objectif était de « réveiller les consciences », sur quels thèmes allez vous attirer l’attention du public dans le second album que vous enregistrez en ce moment ?

HK : Il y a des constantes qui ont bien amplifié avec ce qui se passe en France depuis plus d’un an. Il y a malheureusement de quoi dire et de quoi faire. Il y a par exemple la chasse aux sans-papiers. « La chasse est ouverte » comme on dit, avec des objectifs, des chiffres… Quand tu es un sans-papiers, tu n’es pas un être humain mais un chiffre, une statistique… Il faut que tu sois dans les 25 000. Il faut que tu rentres là-bas chez toi très vite et par tous les moyens nécessaires. C’est un des thèmes. Il y a aussi l’expérience qu’on a vécue avec ce voyage en Palestine l’année dernière et cette année. Il y a mille et une choses à dire donc quelque part un album, c’est trop court pour malheureusement exprimer tout ce qu’on aimerait dire.

Voir  : Les photos, vidéos, textes à découvrir sur le blog de MAP en tournée en Palestine

Aurélie : Alors justement, tu évoquais votre voyage en Palestine. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette expérience marquante dans l’histoire du groupe et dans votre histoire personnelle ?

HK : … Ce sont des choses qu’il faut voir. Quand tu vois ce qui se passe là-bas, tu te prends une grosse claque. Tu te dis qu’on est au XXI ème siècle, qu’on nous parle de droits de l’homme mais des droits de quels hommes ? Apparemment, les indignations aux droits de l’homme sont très sélectives. Tu vois des abominations, l’Occupation avec un grand « O » et en même temps, tu rencontres les Palestiniens et tu tombes amoureux de ces gens là, de leurs sourires, de leurs yeux comme des soleils. Tu as envie d’être avec eux, de te battre avec eux, de vivre avec eux, d’être eux. C’est la phrase que nous disons depuis que nous sommes revenus : « On est palestinien ». Tu le deviens en allant là-bas.

Aurélie : Et quelques mots sur les concerts que vous avez faits là-bas. On peut notamment voir des vidéos sur le blog de votre voyage

Dias : Quand on va en Palestine, on va visiter des gens qui n’ont pas la chance de profiter de la culture, de la musique… Alors c’est vrai que quand nous, on arrive avec notre énergie, avec notre envie de partager ce qu’on fait, avec notre musique, avec notre soutien clair pour le peuple palestinien et pour la Palestine, les jeunes Palestiniens sont touchés et nous le renvoient. A chaque fois qu’on fait un concert en territoire occupé, c’est génial. Il y a plein de monde et le retour est très, très fort.

Aurélie : Pour revenir à l’album que vous préparez, comment avez-vous travaillé les nouveaux morceaux au niveau de la composition des musiques, des textes… ?

Dias : On dit que MAP est un peu une réponse au projet de société qu’on n’accepte pas. MAP est une réponse au projet de société de Sarkozy, d’Hortefeux, de la droite conservatrice, raciste, réactionnaire… au pouvoir. On estime que c’est de pire en pire donc notre engagement sera de mieux en mieux. Et musicalement, comme c’est un projet qui est arrivé de manière très spontanée, on s’est trouvé une identité au fil du temps, des concerts, sur la route, en enregistrant de nouvelles chansons aussi. Je pense qu’on a une identité qui est beaucoup plus affirmée musicalement. Ce qu’on savait le mieux faire dans MAP, j’espère que ça ressemblera à ça.

Aurélie : Y a-t-il des invités, des collaborations… sur cet album ?

HK : Faudel, Enrico Macias, Mireille Mathieu, Doc Gynéco… Tous ceux qui étaient à la Concorde l’année dernière seront sur l’album de MAP ! C’est un scoop ! Ha oui et feu Pascal Sevran. Avant sa disparition, on a réussi à enregistrer un morceau. On hésite pour Didier Barbelivien. On ne sait pas encore. On n’a pas encore trouvé la chanson… (Rires)

Aurélie : Vous écrivez des chansons, des textes sur vos sites Internet… Avez-vous déjà pensé à aller plus loin avec un livre par exemple ?

HK : Inch’Allah ! Notre vie est un livre ouvert (Rires). On n’est pas rentré dans l’écriture par l’école. C’est peut-être un défaut de l’école de la République. Elle ne nous a pas fait aimer les mots. On est rentré dedans par le Rap, par cette culture née dans les années 80. On a compris que le texte, la parole étaient des armes. On s’en est donc servi dans le Rap, plus largement dans la musique. Et puis on a appris à aimer ça. Aujourd’hui, on continue à rapper, on commence à écrire sous d’autres formes : chroniques, nouvelles, Slam… Les formes d’écriture sont variées. Il y a mille et une façons d’écrire alors effectivement, pourquoi pas le livre un jour.

Aurélie : Et vos autres projets ? Un nouveau clip peut-être ?

Dias : Il y a plein, plein de choses. MAP a un projet musical avec un disque mais il se passe aussi beaucoup de choses à côté notamment militantes. On est très souvent invité. On parlait notamment de la Palestine. C’est donc un projet musical mais aussi humain, citoyen, politique… A notre retour de Palestine, c’est pour cette raison qu’on a fait un petit blog pour raconter notre séjour, nos souvenirs, nos rencontres

Depuis ses débuts, MAP essaye de réagir à l’actualité dès que c’est possible. On a donc fait un petit clip qui s’appelle « La chasse est ouverte » qui est une chanson qui dénonce cette chasse acharnée aux immigrés, aux sans-papiers. Cette chasse consiste aussi à stigmatiser des gens qui sont en situation précaire, en souffrance. Ils ont dû quitter leur pays parce qu’ils n’avaient rien à se mettre sous la dent, parce qu’ils ont des familles à nourrir… Ils se retrouvent en France sans papiers pour travailler et aujourd’hui, on les considère comme des délinquants voire des criminels. On les pourchasse. Des drames se produisent : des gamins se jettent par la fenêtre, d’autres meurent en dessous d’un camion…

Notre chanson dénonce donc un peu tout ça, et un certain laxisme de notre société. On vit dans le pays des droits de l’homme, le pays des Lumières, le pays des penseurs… On sent que ce peuple qui a une histoire de révolutionnaire, de résistant… est démissionnaire aujourd’hui face à une droite dure et décomplexée qui a un projet discriminant. On avait donc envie de dénoncer ça. MAP est aussi un appel à la solidarité, à la fraternité, au soulèvement, à la révolte, au sabotage, au boycottage, au parasitage, à l’abordage… !!! 

 Aurélie : Pour le mot de la fin, la date de sortie du second album est déjà prévue ?

HK : Si tout va bien, l’album sortira dans les bacs fin octobre. Inch’Allah ! En attendant, on peut nous retrouver sur les scènes de France et de Navarre et bien au-delà. On sera notamment à Lille le 1er juin pour « Tous au sud ».

Aurélie : … dans le cadre de l’Aéronef Hors les Murs [à la Halle de glisse de Lille dès 15h avec Orchestra Baobab, Zen Zila et les lauréats du tremplin « Talents du sud » qui sont Valentine’s Day, Brin chieux et Maymun.]

MAP sur la toile :
* Le blog de la tournée en Palestine
* Le site officiel
* La fiche du groupe sur Lillelanuit.com

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