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Tim Darcy « Saturday Night »

Tim Darcy « Saturday Night »

Tim Darcy Saturday Night Style : Pop rugueuse et aérienne Sortie : 17/02/2017

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Tim Darcy se présente sur la pochette avec une redoutable tête d’enfant, assis sur une chaise basique, sur le fond d’azur trompeur d’un drap trop court et mal coupé en bas de photo... trop sage pour l’être vraiment. Avec cette fausse fragilité pour tout bagage, et en vacances de Ought, Darcy développe un projet solo aussi pop que tranchant, sec comme un coup de trique, muni de chansons courtes et souvent abrasives, parsemé de guitares têtues et d’insolence dans la voix, clin d’œil au Velvet Underground et aux volées de guitares très particulières de Lou Reed et de Sterling Morrison.

On pensera parfois, et seulement parfois, à Morrissey et aux Smiths, sans les envolées lyriques et c’est tant mieux parce que l’imitation serait pénible. C’est le disque d’une petite teigne, toute de fierté faite, essayant de rentrer sa colère sourde et de la faire tenir dans le format pop, avec la classe d’un Eugene McGuiness, par exemple. Le gars tout mince mais que bizarrement, on n’a pas envie d’embêter, on le sent nerveux et pas facile à impressionner, avec une vraie profondeur qui  naît au fur et à mesure de l’écoute. Ce mélange-là, urgence et concision, façon Feelies. A prendre ou à laisser. Dans l’état. Pas de compromis possible.

Le disque est un étonnant mélange de mélodies évidentes, pleines de profondeur, presque dépouillées et de rugosité, comme si Tim Darcy avait peur d’effleurer ce que la pop, canadienne en l’occurrence, peut parfois avoir de niais ou d'excessivement délicat. Rythmiques tendues, accords métronomiques, voix sous tension, arrogance et timidité en mélange savant, quelque chose de prolétaire et de dandy, de fier et d’angoissé. Et de repiquer vers une élégance sixties british sur Still Waking up, embrayant aussi vers les lumières en arpèges des La’s et de la ligne claire. Jamais tranquille, jamais apaisé pour autant, on peut aller rechercher de la distorsion un peu sale, si nécessaire.

On voit finalement plus clair après quelques écoutes, tracklisting et songwriting évitent toutes les zones de confort. On ne pourra jamais s’asseoir tranquillement sur la chaise de la pochette et se laisser aller, les pieds de devant sont un peu plus courts que ceux de derrière, on glisse, on se cramponne. Quelques dissonances viendront toujours nous rattraper quand on s’alanguira un peu et un carillon pop arpégé viendra lever l’oppression bruitiste à chaque fois qu’elle commence à s’installer, sur Beyond me, par exemple. Un disque avec de l'allure et une belle arrogance.  Un truc à tenter.

Pour voir ce que ça donne sur scène, on pourra se rendre à la très belle soirée du Botanique, le 17 mai. Le gars n'a pas froid aux yeux. Il joue le même soir qu'Angel Olsen et Riley Walker. Faut oser. Allons-y.

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