Etre « fils de » n’est jamais simple, d’autant plus si on s’appelle Lennon et que l’on fait de la musique. Heureusement pour lui, Sean Lennon a des atouts non négligeables : une voix et un sens de la mélodie proche de celui de son père.
Le fils unique de l’union John Lennon-Yoko Ono a 38 ans et déjà un beau parcours, entre autres des collaborations avec Lenny Kravitz, et même avec sa maman Yoko, avec qui il continue de travailler. Côté français, on a pu apprécier son duo avec Vanessa Paradis sur le tube La seine (en version anglaise).
A la suite de plusieurs projets et deux albums solos (Into the sun en 1998 et Friendly Fire en 2006), il forme en 2008 le projet The GOASTT avec sa compagne Charlotte Kemp Muhl. Le premier opus sort en 2010 (Acoustic Sessions) puis en 2011 le groupe enchaîne avec La carotte bleue qui comprend notamment une reprise originale de Comic Strip avec la présence de notre M national. Cette reprise complètement décalé a d’ailleurs fait l’objet d’un clip tout aussi fantaisiste.
Midnight Sun : le psychédélisme à l’état pur
The GOASTT (The Ghost Of A Sabertooth Tiger) a dévoilé le 29 avril 2014 son nouveau projet, intitulé Midnight Sun. Plus recherché et subtil que son prédécesseur, cet album explore de nombreuses influences et instruments souvent difficiles à identifier. L’écoute de cette galette ne peut que nous rappeler le son des Beatles, dans la période Sgt pepper's lonely hearts club band. Sean Lennon ne s’en cache pas : il s’inspire profondément de la musique de son paternel, et l’assume. S’en est même déconcertant, la voix et les arrangements se rapprochent inlassablement du Rock psychédélique du groupe le plus influent des années 60.
Midnight Sun s’ouvre sur Too Deep. Les claviers vintages et la voix planante de Sean Lennon laissent parfois place aux chœurs de Charlotte Kemp Muhl qui se fait finalement très discrète. Xanadu, empli de sons orientaux, est intelligemment produit : la voix de Sean Lennon souvent en arrière-plan, laisse place à une instrumentation complexe mais judicieusement menée.
Animals, le morceau le plus Pop de l’album, ne laisse pas pour autant de côté le psychédélisme ambiant et pourrait être le tube de Midnight Sun. Sean Lennon possède ce sens de la mélodie, de la mélancolie et de l’efficacité qui font qu’à l’écoute de sa musique, on ne peut imaginer un monde où cette mélodie n’existerait pas. La ressemblance avec la voix de John Lennon est d’ailleurs plus qu’étonnante. Mais c’est en visionnant le clip d’Animals qu’il est tout simplement impossible de ne pas penser à la résurrection du Beatles.
Les titres s’enchaînent et possèdent tous une ambiance particulière. Il faudra attendre Johannesburg pour réellement entendre la douce voix de Charlotte Kemp Muhl, non indispensable à l’album.
Soulignons l’incroyable reprise Golden Earring de Peggy Lee, magnifiquement réorchestré et chanté. Comme pour d’autres titres, la force de Sean Lennon réside dans l’instrumentation, le mariage des sons. Moth to a flame conclue parfaitement l’album, ce morceau plein de grâce pousse le psychédélisme à son apogée.
Midnight Sun s’apprécie comme un album de génie : parfois difficile à comprendre, il faudra plusieurs écoutes pour apprécier chaque morceau à sa juste valeur. Quoi qu’il en soit, pour un « fils de », Sean Lennon s’en sort drôlement bien. Et les Lillois auront même la chance de le découvrir dans la belle salle du Grand Mix à Tourcoing, le 16 septembre.
