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Cian Nugent « Night Fiction »

Cian Nugent « Night Fiction »

Cian Nugent Night Fiction Style : Folk agile Sortie : 29/01/2016

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Cian Nugent nous offre un superbe babil de guitares, un murmure continu, un bruissement perpétuel, un peu à la Steve Gunn, décidément très influent pour un garçon aussi discret. On avait vu le Gunn à la Péniche, quand elle nous emportait sans bouger du quai et en fermant les yeux, on imagine sans peine les deux garçons se répondre sur une scène imaginaire. On pense encore à William Tyler même si ce dernier joue encore plus sur l'amplitude des espaces mais comme Tyler ne chante pas... C'est obligatoire.

Cela dit, ces garçons jouent au même jeu, passionnant : comment revigorer cette magnifique guitare, la sèche, l'électro acoustique (la plupart du temps), celle qui n'a au fond que peu de rapport avec sa cousine électrique ? Comment faire perdurer l'héritage de John Fahey et de l'école de Takoma, le fingerpicking et le travail sur les frettes ? Comment emmener cette belle guitare sur d'autres terrains de jeux que ceux de l'accompagnement, comme avaient pu le faire Fahey lui même, Bert Jansch que Neil Young appelle le Jimi Hendrix de la guitare électrique ou Davy Graham ? Comment la marier savamment avec le joli son clair d'une Stratocaster limpide ou d'une Epiphone demi-caisse ?  

Finalement, on fait comme ça : on pose tranquillement son climat, tout en déliés et on monte son solo comme on le dit d'une sauce, c'est tout un art. Trop vite, ça n'a pas de corps et trop tard, c'est fade. Ici, le timing est très bon.  Médiator sur le pouce et ongles longs, Cian Nugent donne le sentiment que deux ou trois guitaristes se répondent alors que le moulin de ses doigts tourne sur sa guitare Guild, les basses étant jouées en aller/retour avec le pouce, à la Doc Watson, le guitariste aveugle qui mettait des raclées bien senties à des tonnes de frimeurs sans bouger la tête.

La voix est chaude et légèrement travaillée au malt irlandais ici ou là, sans que ça ne vienne constamment brouiller le discours, c'est même assez discret au final. Tout comme le bonhomme, encore relativement confidentiel, déniché encore une fois pour nous par Bains de Minuit Productions, qui fouine inlassablement bacs et playlists pour découvrir tous ces musiciens vibrants et chauds. Attention Nugent n'est pas un guitariste qui oublie paroles et mélodies, bien au contraire, jamais de fausse chanson pour placer sa virtuosité, it's all about beautiful music. Ça sonne, comme sur le très beau Things don't change that fast, ça évoque des paysages splendides, faits de lumières bleutées et d'eaux froides et profondes, ça génère des espaces sublimes. 

On va aller le voir décliner cette jolie palette au Biplan, le 15 février et pour moins de dix balles. Ça donne envie de décaler exceptionnellement la Saint Valentin pour y aller à deux.

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