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« Foxfire Confessions d’un Gang de Filles » de Laurent Cantet

Synopsis.

1955. Un quartier populaire d’une petite ville des États-Unis. Cinq adolescentes concluent un pacte à la vie à la mort : elles seront le gang Foxfire et vivront selon leurs propres lois. Mais cette liberté aura un prix…

© Haut et Court

Pour commencer, bonne année à toutes et à tous ! 2013 vient à peine de débuter que, déjà, l’année se place cinématographiquement sous les meilleurs auspices avec la sortie de « Foxfire Confessions d’un Gang de Filles ». A cette occasion, nous vous proposons de découvrir  "La Leçon de Cinéma" donnée par Laurent Cantet lors de la 13ème édition du Arras Film Festival (voir en bas de page).

« Foxfire » est le sixième long-métrage de Laurent Cantet après, notamment, « Ressources Humaines » (César du meilleur premier film en 2000), « L’Emploi du Temps » (Lion de l’année en 2001 à la 58ème Mostra de Venise) et « Entre Les Murs » (Palme d’Or à Cannes en 2008, excusez du peu).

Pour la troisième fois, Laurent Cantet adapte un roman. Celui de Joyce Carol Oates (l’auteur de « Blonde »), « Confessions d’un Gang de Filles ».
Et il s’agit d’une nouvelle étape dans la carrière du metteur en scène. En effet, Laurent Cantet se renouvelle en signant pour la première fois un film d’époque. Ce qui ne veut pas dire qu’il s’éloigne des préoccupations de ses précédents longs-métrages qui en font un véritable auteur et l’un des cinéastes français les plus passionnants de sa génération.
Autre nouveauté : Laurent Cantet tourne pour la première fois en langue anglaise et avec une équipe en partie anglo-saxonne (le film est une co-production entre la France et le Canada).

Voilà. Le décor est maintenant planté. Parlons du film. Ce qui frappe en premier lieu avec « Foxfire Confessions d’un Gang de Filles » c’est la force de la mise en scène. Dès les premières images (superbe Scope et photographie HD de Pierre Milon), nous sommes plongés au cœur des années 50, aux Etats-Unis. Mais attention, nous ne voyons pas l’Amérique profonde. Nous y sommes ! Quel travail sur la direction artistique, le montage son et image. Jamais on ne ressent la désagréable impression de voir une reconstitution faite par un français qui s’amuserait à « faire comme si… ». Cantet échappe à tous poncifs et références cinématographiques. Vous ne penserez jamais à « L’Équipée Sauvage» ou « La Fureur de Vivre » en voyant son film. Nous ne sommes pas dans une Amérique « fantasmée » (bien que chaque film, forcément, soit une sorte de fantasme pour le cinéaste et une rêverie pour le spectateur).

© Haut et Court

Cantet réussit cet exploit en adoptant une forme très moderne, à la limite du documentaire. Il y a une urgence dans la mise en scène qui correspond bien au destin de ce gang de filles en lutte contre une Amérique phallocrate. Cette urgence sied bien également à la fatalité qui s’abat sur certains personnages. Comme dans tout grand film noir. Et, à sa façon, « Foxfire » en est un. Une nouvelle fois, Laurent Cantet flirte avec le cinéma de genre. Ce n’est pas pour nous déplaire.

© Haut et Court

Mais ce qui frappe également dans le film de Cantet, c’est sa direction d’acteurs et l’homogénéité de son gang. Toutes ses actrices (non professionnelles à part Katie Coseni, prix d’interprétation féminine au dernier Festival de San Sebastian) sont éblouissantes. Elles sont au diapason, permettent que le spectateur adhère totalement à l’histoire, au destin de leurs personnages. Et renforcent la sensation de « cinéma du réel » du film.

Dernier aspect très important du film, c’est que Laurent Cantet, traite une nouvelle fois de sujets qui lui sont chers. On retrouve ici les luttes des classes qui sont au cœur de son cinéma (que ce soit dans « Ressources Humaines », « L’Emploi du Temps » ou même « Vers le Sud »). Dans « Foxfire », Cantet aborde aussi la violence de notre société (peut-être davantage que dans ses précédents films). Une violence que l’on retrouve déclinée sous toutes ses formes : sociale, raciale, celle des hommes qui s’abat sur les femmes, … Cantet filme la violence, la pointe du bout de la caméra. Il la désigne. Il la dénonce. Il a raison.

Au fond, « Foxfire Confessions d’un Gang de Filles » comme beaucoup de grands films ne parle pas tant d’une époque passée, révolue, oubliée. Mais bien de notre société actuelle. Cantet semble nous dire qu’années 50 ou pas, Etats-Unis ou pas, les mentalités, les consciences ont assez peu évoluées. Et qu’il faut continuer le combat. Lui, le fait comme cinéaste et en n’étant jamais militant dans le sens caricatural du terme. Au fond, « Foxfire Confessions d’un Gang de Filles » donne de l’espoir et l’envie de relever la tête. Le cinéma est aussi fait pour cela. Merci Monsieur Cantet.

Affiche et film-annonce © Haut et Court

En novembre dernier, Laurent Cantet était de passage dans la région pour donner une leçon de cinéma lors de la 13ème édition du Arras Film Festival, qui lui rendait hommage. Cette rencontre était animée par Thomas Sotinel (Le Monde).

Nous vous proposons de revivre l'intégralité de ce moment fort (parmi d'autres évènements du Festival) en cliquant sur le lien ci-dessous:

podcast.univ-artois.fr/campus/culture/arras-film-festival/festival-2012.html

Un grand merci à Nadia Paschetto (Directrice du Arras Film Festival), Eric Miot (Délégué Général du Arras Film Festival), à toute l'équipe du Festival, l'Université d'Artois, Manu Pyckaert, Bertrand Serroen, Alain Petoux.

  1. Grégory Marouzé

    Un grand merci Madame Bisson pour votre gentil message. Le film de Laurent Cantet est magnifique. Nous espérons qu'il connaîtra une belle et longue carrière. Et vous avez raison, toutes les filles sont magnifiques. Belle journée à vous et longue route à Madeleine.

  2. Elizabeth Bisson

    Bonjour Monsieur Marouze -- merci beau coup pour votre article! Les filles et M. Cantet ont eu une experience tres magicale pendant la production de Foxfire et nous sommes tres heureuses de lire que vous avez aime la filme!

    Moi, je suis la mere de Rita et je suis tres fiere de toutes les filles.

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