EP # 1- Northern Blend par Here’s to the lion

EP # 1- Northern Blend par Here’s to the lion

Here's to the lion EP #1 Northern Blend Style : Folk intimiste, contours sombres Sortie : 25/09/2015

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C'est la belle surprise lilloise du printemps que cette première partie de Nada Surf au Grand Mix dont on vous a parlé ici. On se répète, allez, ce n'est pas si grave : toujours un vrai plaisir de découvrir, de filer au merchandising voir si les gars sont restés et espérer pouvoir réécouter. Ils étaient restés, on a pu acheter leur EP et écouter dans de bonnes conditions le travail de studio. Superbe. On va éviter de relancer le couplet sur la richesse de la scène locale mais quand même, c'est impressionnant au final.

Voilà un très bel EP, très extended et qu'on play beaucoup depuis ce concert dans les bureaux de la rédaction. On peut d'ailleurs l'écouter intégralement sur le Bandcamp du groupe. Deux guitares, un chant, un double chant, une grosse caisse et une cymbalette au service d’un folk lancinant et intimiste baigné des influences rock - blues du groupe : Dark Dark Dark, Eels, Mark Lanegan, Patrick Watson, Tim Buckley, Beck, Soul Coughing, Elliot Smith, The Coral, Billie Holiday, Bill Callahan. C'est ainsi qu'ils se décrivent et on adhère totalement à cette auto-description. Pas une semaine sans qu'on parle de Bill Callahan comme d'une influence d'ailleurs... Sans doute une sacrée invitation à aller explorer sa musique hallucinante. Le bonhomme ne tient pas spécialement à se vendre et il se mérite. Fouillez, cherchez. Ça se trouve, allez. Faites comme nous, commencez par Sometimes I Wish we were an Eagle et vous serez parfaitement calés pour Here's to the lion. 

Voilà des jeunes gens qui travaillent dans les mêmes eaux sombres et remuées d'émotion que leurs modèles dont la liste laisse rêveur : une capacité très étonnante à ne pas envoyer le boucan fracasser les murs et à garder en même temps une très belle densité, toute en intensité sombre et retenue au milieu d'éclairs comme les coulées de slide de One Step a Day. On prend son temps, on pose voix et climat sur des accords acoustiques et de jolies pulsions, des emportements brefs et intenses, aussitôt repris.

C'est sans doute le point le plus fort de ce disque extrêmement prometteur : tenir le pari, risqué et complexe, de la retenue et de la dynamique. On peut très rapidement s'enterrer dans un folk un peu pleurnichard et égrener des accords tristes toutes les trente secondes, au risque de ternir totalement son propos et de le rendre ennuyeux. Ici, on a épuré, dégraissé, enlevé soigneusement tout l'inutile, on a travaillé l'expressivité. C'est d'ailleurs une définition potentielle et intéressante de la perfection: l'absence concertée d'éléments qui ne font pas sens musicalement Dans une époque multi-pistes et de surcompression en studio, on apprécie les hauteurs aérées et particulièrement étagées du disque. On respire.

C'est finalement la clé de tout disque réussi, expressivité et dynamique, et c'est une nouvelle fois pour cela que Northern Blend est réussi. Many tracks relance l'affaire, en arpèges classieux. Les guitares sonnent magnifiquement et carillonnent avec élégance, mixées juste à côté de chœurs tendus et de cette voix qui tient du jeune Mark Lanegan, pour donner une idée de sa profondeur. On songe aussi à Wovenhanddans un registre un peu moins hanté, à Tim Fromont Placenti également, pour tisser une connexion plus locale, à John Trudell, pour une certaine dimension incantatoire. On est en très bonne compagnie. Compagnie qui n'empêche jamais la personnalité de s'affirmer. A suivre, sans le moindre doute. 

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