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Lemon Twigs + Lo Moon au Grand Mix

Après un passage au Bistrot de Saint So pour apprécier comme il se doit la nouvelle formule et les nouveaux titres de {TFP} live, il a fallu se dépêcher pour aller au Grand Mix rejoindre la grande soirée qui nous attendait. Les nouvelles chansons de Tim Fromont Placenti sont extrêmement prometteuses et si on est forcément décontenancé par le trio, il est aussi porteur de sacrées promesses. On sait qu'avec ce songwriter, on ne risque ni l'ennui ni la médiocrité. En mouvement, toujours. On en reparlera. 

A l'arrivée au Grand Mix, on sait tout de suite que c'est un grand soir. On devine ça à des murmures, à des bruissements, à l'impatience, au piétinement général, à l'étuve encore modérée des premiers beaux jours. C'est Lo Moon qui ouvre la soirée avec une jolie pop rêveuse. Le groupe tisse des climats séduisants aux claviers. On les connaît peu mais c'est un projet qui semble très mature et très abouti. C'est déjà une jolie prouesse puisqu'on a envie d'y revenir. On a aussi pensé à Talk Talk dans le phrasé et la mélodie, à certaines colorations de Cure dans le traitement des claviers. Il semble qu'un single seulement soit disponible pour le moment.

Grosse pression pour les brindilles de citrons, c'est peu dire qu'elles sont très attendues. Le Mix bouge, on cherche l'angle idéal pour voir, un sold out nerveux et piaffant. On s'avoue quelques craintes, un groupe jeté beaucoup trop vite sur la route avec un seul album, ça peut donner une prestation  toute de précarité. Pour peu que s'y mêle un peu d'appréhension avec l'option paralysie et ça s'écroule. En fait, on va prendre une grosse, une très grosse claque, un truc à vous remettre d'aplomb d'un seul geste... A vous faire regarder vos chaussures deux ou trois minutes pour masquer votre embarras d'avoir pensé que ça pouvait être léger. Les Lemon Twigs sont totalement et impeccablement au point et ne vont pas se contenter de réciter leur bréviaire pop sous la forme d'un album joué d'un bout à l'autre. Ils iront même chercher une chanson de leur père, Ronnie d'Addario, issue de son tout premier album, Take a show. On assume fièrement la filiation. On osera, au rappel, titiller les Fab Four sur un The End impeccable à deux au chant sur un seul micro et on a deux trois chansons d'avance. Énorme.

YouTube fourmille de vidéos des frères d'Addario très jeunes en train de s'amuser dans leur chambre avec du Hip-Hop ou de jouer live avec MOTP, Members of the press, un groupe de reprises. Papa n'a pas dû faire grand chose pour les retenir... Et ils montent parfois sur scène avec lui. Ils ne débutent pas en fait, pas du tout. Ils sont totalement prêts. Ça pourrait être ennuyeux et on est parfois gênés devant des groupes trop prédestinés à la carrière typique de fratrie conditionnée au berceau. Sauf que ce soir, on va tout de même avoir une démonstration de talent vrai. Ça change tout. 

Les voix sont au top directement et les leçons d'harmonies vocales ont porté leurs fruits, entre Beatles et Beach Boys. Michael jubile d'être Keith Moon derrière les fûts et il vaut le détour à lui tout seul. Rien n'est approximatif, c'est puissant et précis. Il fracasse toms et cymbales à tour de bras tout en restant très carré, les baguettes tournent dans tous les sens.Ensemble, ils ont déjà une dimension scénique très affirmée et occupent la scène du Grand Mix avec des années de métier derrière eux, très calés.

C'est à la fois d'abord tranquille et bravache. On crâne dans le bon sens du terme, on se la joue assez gentiment avec distance et humour, Brian promettant de revenir pour régner sur le pays avant de s'excuser de cet abus de pouvoir. Le Grand Mix est bouillant dès la fin du premier morceau. C'est le dernier show en France, ça ajoute peut être un peu de relâchement et de plaisir, Megan Zeankowksi en bassiste impassible, Danny Ayala en complice habitué aux délires des deux frères. Le show tourne complètement et Keith Moon devient Pete Townshend quand Michael quitte ses fûts pour chanter et jouer de la guitare. Il n'a pas la réserve de son frère et arpente la scène en donnant tous les deux mètres des coups de pieds dignes d'un kick-boxer, ça sera parfois beaucoup, voire un peu trop mais ça joue et ça envoie, il riffe le bras suspendu en l'air à la fin des accords comme un Keith Richards jeune et en pleine forme. Les gars sont même capables de venir à trois seulement pour harmoniser sur un simple fond d'accords joué aux claviers (How lucky Am I.).

C'est très bluffant. Oui, c'est vrai, le pastiche sixties/seventies peut être un peu encombrant parfois mais franchement, ils ont tout pour eux, la folie et la raison. On ne s'est pas fait gentiment convaincre, on s'est fait casser la figure.

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