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Schnaps, 30 ans sur les ondes !

Schnaps, 30 ans sur les ondes !

Schnaps

Si vous n’avez jamais eu l’honneur de croiser son regard bleu ou de se frotter à ses sauvages rouflaquettes, vous avez surement déjà entendu sa voix suave sur Radio Campus et RCV, ou lu sa prose éclairée dans les pages de feu Presto. Schnaps, 46 ans au compteur, dont 30 années dévouées au commentaire de la scène musicale locale et nationale, nous raconte ses petits secrets, avant de fêter cet anniversaire ce samedi 22 novembre au El Diablo et sur les ondes de RCV bien-sûr.

Hello Schnaps, tu nous fais un petit tour de ton CV ?

J‘ai commencé la radio en 1984 à Boulogne, j’avais 16 ans, pas encore de poils, de ventre non plus. Au lycée, on avait un petit budget pour animer le foyer de l’internat, on a décidé de créer une radio : Radio Gayole, comme le nom de la rue du lycée. On était complètement autodidactes, je n’avais jamais rien fait à part passer des disques dans les booms (plutôt que de prendre des vents j’avais décidé de passer des disques.) On a acheté une platine cassettes et vinyles, des micros et c’était parti !

Ensuite, je suis arrivé à Lille en 87, c’est là que j’ai intégré Radio Campus, l’émission politico-sociale et musicale « Écrasons la Vermine » avec trois-quatre autres personnes. Après un petit break en 95 je suis revenu à Lille, j’ai réintégré Campus avec ma propre émission. C’était l’année de l’élection de Chirac, notamment l’histoire des charters pour le Mali. J’ai donc appelé l’émission « Des charters pour la Corrèze » d’où venait Chirac.

En 2007, quand Sarkozy a remplacé Chirac, je n’ai pas voulu renommer l’émission « Des charters pour Neuilly », ça faisait trop con. C’était pendant la guerre en Irak, j’ai décidé d’appeler ça « America Akbar » («l’Amérique est grande» en arabe). C’était moins politique mais plus musical. J’ai intégré RCV la même année après avoir rencontré l’équipe à Dour. J’ai donc fait les deux émissions plusieurs années, avant de quitter Campus en 2012. Depuis je continue sur RCV, l’émission s’appelle What’s Up, un magazine d’actualité musicale, pour écouter rendez-vous le lundi à 18h !

Tu as donc souvent l’occasion de te frotter à la faune musicale locale ?

Oui tout à fait, dans mon émission sur RCV et celle sur Campus j’ai reçu une grosse partie des groupes de la région : Ashtones, Carving, Toxic Waste, Marcel et son Orchestre, les Lucky Devils, Kick Driving, Zoé, Bad Taste, plein de groupes de métal… Puis des groupes qui étaient locaux à l’époque, qui sont devenus plus nationaux comme Loudblast.

Et depuis trente ans tu as vu quelles évolutions dans le paysage musical de la région ? Des changements, des tendances ?

Oui complètement. Déjà il y a une constante : le métal a toujours été actif (Hardrock/Trash métal…). Le punk également, il y avait Scraps, le haut du panier du punk à la fin des 80’s. J’ai vécu l’apparition des Ashtones et de Toxic Waste, qui existent encore. La chanson française un peu rock a aussi toujours cartonné, comme Marcel et son Orchestre qui a quand même perduré plus de 20 ans, pour le coup c’est un exemple de groupe que j’ai suivi de A à Z.

Marcel et son Orchestre qui a quand même perduré plus de 20 ans est un exemple de groupe que j’ai suivi de A à Z.
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Par contre, j’ai vu apparaître l’électro, en 84 ça n'existait pas vraiment dans le Nord - Pas-de-Calais. Même si ce n'est pas trop ma tasse de thé, il y a quand même des gros trucs qui se passent comme le Name. On n'avait pas ce genre de festivals avant.

Dans le Nord, ce qui a vraiment évolué, c’est tout ce qu'il y a entre le musicien et le spectateur : les boites de tournée, les orgas de concerts, les studios d’enregistrement, les salles…Tout s’est professionnalisé à la fin des années 80.

Avant, tu n’avais pas de labels, de structures… Maintenant, tu as des studios de top qualité : le studio à Roubaix, le Lockgroove et LBLAB à Roncq, l’ARA où ils font plein de trucs, le studio Midnight à Béthune, de Hubert Letombe… Et surtout les salles : les 4Ecluses, la Maison pour tous à Calais qui existe depuis quasiment 30 ans aussi, où j’ai vu mes premiers concerts, l’Aéronef qui s’est montée dans les années 90, et aussi des salles plus petites qui n’existent plus : le Vox, le Thémis, le Rockline, le Caméléon (anciennement la Chimère), le Détour

En organisation aussi, tu as le réseau Raoul, des associations, des boites de production comme Verone et A Gauche De La Lune, deux des plus grands tourneurs de France, et qui pour le coup font confiance à des radios comme RCV.

Et tu trouves qu’aujourd’hui la scène locale connaît un essoufflement ou que l’activité est encore bien là ?

A Lille, ce qui est incroyable c’est que tu n'as pas une seule année où il n’y a rien, il se passe toujours quelque chose. Mais c’est vrai qu’on a des pertes...
Schnaps

La scène est toujours bien présente : quand un bar ferme, un autre ouvre. A Lille, ce qui est incroyable c’est que tu n'as pas une seule année où il n’y a rien, il se passe toujours quelque chose. Mais c’est vrai qu’on a des pertes, regarde Presto : pendant 25 ans c’était l’un des plus gros fanzines français, même à l’heure d’internet et de l’informatique le papier était encore hyper apprécié.

Comme quoi tout a un impact et ça vient du Nord - Pas-de-Calais : Radio Campus est la plus vieille radio indépendante de France, Verone font tourner Johnny Hallyday, Skip the Use cartonne à mort…

Et dans les groupes ayant émergé récemment tu as eu des coups de cœur ?

Comme je vieillis un peu je m’intéresse un peu moins à ce qui sort de tout nouveau [rires]. J’ai quand même vu beaucoup de choses (sans vouloir faire mon kéké) et j’ai l’impression que beaucoup de groupes font du neuf avec du vieux, je fais mon tri dans tout ça !

Sinon j’aime bien des Dead Astropilots, un duo rock-eletro qui tangue entre The Cure et Blondie. Après en rock pur, j’aime bien Confusion, du early hardcore début 80, super sec, des morceaux d’une minute cinquante. Les mecs sont assez malades pour faire Lille-Albi aller retour pour jouer 20 minutes, c’est des furieux.

Et si tu pouvais me raconter un souvenir radio qui t’as marqué ?

Oula des anecdotes j’en ai cinquante mille !

Alors dans la catégorie comique, sur RCV il y a 4 ans. Verone me propose une interview de Joe Sumner, le fils de Sting, pour la tournée de son groupe, Fiction Plane, du punk rock canadien, [Schnaps chante Fiction Plane, heureusement vous n’avez pas le son]. Le jour J, avant de commencer l’interview, je parle à mon collègue de Simple Plan, qui ouvre grand les yeux : « Putain non c’est Fiction Plane pas Simple Plan !! » Donc je me retrouve face au fils de Sting en pensant qu’il faisait partie d’un autre groupe. Le truc est quand même retranscrit à la radio. En direct. Je l’ai lancé sur son groupe (le bon, donc), j’ai réussi à rebondir et finalement l’interview s’est super bien passée. Il n’a jamais su pour la confusion, mais je me suis quand même senti un peu con !

Et à la fin, comme quoi ce mec a un humour incroyable, (c’était la sortie de Bienvenue chez les Ch’tis), je lui demande « Je sais que tu parles très bien français, tu retiendrais quoi de notre langue ? Il me répond : « 2000 ans de poésie pour finalement sortir des HEIN !! »

Et pour finir, un morceau fétiche que tu as passé souvent ?

Un en particulier c’est compliqué ! Mais on va dire un morceau que j’ai passé énormément c’était Tout ce fric de Oberkampf.

Rien à rajouter Monsieur Schnaps ?

Si ! On fête mes trente ans de radio au El Diablo le samedi 22 novembre, retransmis de 17 à 01h du matin sur RVC avec entre autres Black Bomb A, Lofofora, Tagada Jones, Loudblast, The Ashtones, Toxic Waste, Bad Taste, Agres-sor, Zoé, Dead Astropilots, The Lamourettes, Flow, une partie des Marcel & son Orchestre… Venez nombreux…Et aussi, écoutez de la radio et bougez vous le cul !

SoiréeSchnaps

 

Copyright photo : Teddy Nours

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