Sam Beam and Jesca Hoop « Love letter for fire »

Sam Beam and Jesca Hoop « Love letter for fire »

Sam Beam Jesca Hoop Love letter for fire Style : Duo folk céleste Sortie : 29/04/2016

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Au beau milieu d'un rêve gris bleu, on croit voir un Confédéré pâle adresser un dernier signe d'une main grêle avant de disparaître définitivement. Comme dans le roman Dans la brume électrique de James Lee Burke, un Yankee tout aussi hâve lui adresse enfin un signe d'apaisement. Ils regardent dans la même direction, enfin. La guerre de Sécession est terminée.

Sur le porche, se balançant lentement de concert sur des rocking-chairs appairés par l'amour, Sam Beam et Jesca Hoop chantent. Absolument parfaitement, à l'unisson souvent, dans une cascade d'harmonies célestes inouïes à faire passer Crosby, Stills Nash and Young pour des gens au placement vocal approximatif. Musique sans âge, datée au sens historique du terme, et totalement écoutable en 2016, c'est le classicisme ultime.

Sam Beam a donc décidé d'aller s'aérer soigneusement pour sans doute reprendre les rênes de son magnifique vaisseau, Iron and WineIl a d'abord travaillé avec Ben Bridwell de Band of Horses et il a contribué au second album solo de Glen Hansard. Pour rester en famille on travaille ici avec Glenn Kotche (Wilco) et Tucker Martine à la production (My Morning Jacket). C'est cette fois avec Jesca Hoop qu'il échange, sur tous les plans. On la connaît mal en France, née en Californie et parlant aujourd'hui de Manchester comme de sa "maison"... Une petite promenade sur son site et en vidéo permet de la découvrir en solo.

C'est au milieu d'un lac limpide et totalement apaisé que nous emmène ce disque réalisé entre humains seulement, avec des instruments qui sonnent sous les mains expertes et totalement incarnées. On a capté une atmosphère, un projet : le plaisir fort et intense de chanter ensemble, ce plaisir physique, articulatoire, musculaire, que connaissent les musiciens mais aussi tous ceux qui chantent dans la voiture, sous la douche, une berceuse aux enfants. Être dans le son, le produire, faire voler doucement quelques plumes très légères en repoussant la zone duvetée d'un souffle ténu.

Unisson, contre chant, duo, décalage, voix d'arrière qui semble provenir de la pièce d'à côté, tout y passe ici, sans pour autant tomber dans les pénibles pièges de l'acrobatie vocale. Oui, c'est un disque de folk américain, sans aucun doute. Les guitares fines prédominent, on croit bien ne rien avoir entendu de très lourd. Pour autant le disque ne manque absolument pas de dynamique même si celle-ci ne s'articule pas autour d'instrumentations classiquement rock. Jesca commence, Sam relaye, on se rejoint, on se lâche vocalement la main avant de se rattraper enfin, au bord du refrain, sur Every songbird says par exemple, avant que le violon ne prenne le relais des voix et laisse finalement sa place à un accord de guitare glissé pour conclure, boisé et aérien, sonnant et résonnant.

Au Botanique, le 9 septembre. Le premier weekend de l'année post-braderie. On peut plus mal commencer. Welcome to feeling. 

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