L’art d’Altam est de ne pas se fermer les portes des genres musicaux : les étiquettes Slam, Electro, Rock et Dub viennent se superposer sur le boitier CD de leur premier album.
Avec une jaquette paranormale, où un homme en costume italien se cache derrière un masque de mouton sur un fond urbain apocalyptique, et un titre d’album appelant à la « Poésie électrique », on aurait pu attendre de cet opus un imaginaire singulier apportant une vision décalée de la mélancolie urbaine. Mais seul le dernier ingrédient est au rendez-vous.
Rodé par les scènes slams, Tof le chanteur mêle sa prose à la basse et la batterie des frères Rubet. Ce mélange porté par une voix électrifiée n’est pas sans rappeler le son de Prohom. En effet Les Stéphanois d’Altam ont des airs de leur voisin lyonnais qui avait un connu succès en 2003, avec notamment « Ca oublie d’aimer ».
Néanmoins ils osent s’aventurer sur des mélanges de style plus risqués : slam – electro, dub-rock le tout réarrangé avec l’aide de Supadope, le studio du Peuple de l’herbe.
Un mix qui se retrouve également dans le cœur même de leurs chansons, comme « A ceux », qui parle de la misère urbaine et de l’hypocrisie qui l’entoure, où slam et rock s’emparent de couplets et refrains. On entend même des quelques riffs reggae revendicatifs sur la base musicale de « On penche ».
Parfois la colère passe par une batterie déchainée, d’autres fois par la diction posée et grave de Tof. Souffrance d’un amour perdu, prise de conscience de l’importance des apparences, et carences des médias qui ne voient que d’un œil sont les thèmes des chansons du trio (Et même, Putain de solitude, Yvan). Des thèmes amenés par le phrasé de Tof offrant des refrains efficaces.
Le slam reste une constante de l’album. Un slam qui dénonce la plupart du temps comme pour l’affaire Mme Kopia, une grand-mère centrafricaine sans papier, forcée de quitter le territoire français en mars 2008 alors qu’elle était malade. Une histoire mise en musique avec le même ton et la même force que « Saigne » d’Abd El Malik, qui rapportait les faits d’une bavure policière raciste.
Vous l’aurez compris, Altam, qui signifie « d’en haut », nourrit ses textes engagés par des sonorités diverses. Le tout donne un résultat brut qui interpelle l’oreille et la conscience, mais qui manque encore de maturité pour présenter une vraie signature musicale. Un premier opus qui a tout de même le mérite d’amener le slam dans une nouvelle case musicale.
Découvrez Altam avec le cover de St Etienne, de Bernard Lavilliers, habilement repris par le son urbain du groupe stéphanois.