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La saison 2010/2011 du Théâtre du Nord

Stuart Seide a lui-même présenté la nouvelle saison du Théâtre du Nord ce lundi 7 juin. Arrivés par l’entrée des artistes et installés sur la scène, c’est donc face à la grande salle que nous avons assisté au discours du directeur qui, tout récemment reconduit pour un mandat de trois ans, a insisté sur le lien qu’il voulait renforcer pendant son nouveau mandat entre les spectacles et l’EPSAD, l’Ecole Professionnelle Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre du Nord. Il faudra donc s’attendre maintenant à voir davantage de jeunes acteurs sortant des première et deuxième promotions de l’école.

Stuart Seide a présenté les 6 spectacles qui, pour lui, sur les 15 proposés cette saison, seront la « colonne vertébrale » de cette nouvelle saison ; revendiquant le fait que le théâtre puisse lui aussi être un lieu de « recherche et développement », les six spectacles par lesquels il a commencé son exposé sont en effet d’une grande originalité, tant dans le choix des textes que dans les différents arts qui seront convoqués pour la mise en scène.

Le premier Stop the Tempo, de Gianina Carbunariu, est mis en scène par Caroline Mounier ; cette œuvre de l’auteur roumain nous confronte à trois jeunes à la dérive, en quête de sensations fortes dans la banlieue de Bucarest, en plein bouleversement économique mais aussi social avec l’arrivée d’un capitalisme massif. Et Stuart Seide de sourire en nous disant que « cela n’a bien sûr rien à voir avec la jeunesse désœuvrée de chez nous, bien sûr » ; ce spectacle sera joué dans la petite salle du 16 au 27 octobre.

Mary Stuart sera également reprise du 8 au 17 novembre ; ce chef d’œuvre de Schiller mis en scène par Stuart Seide avec brio en 2009 revient sur les planches après un an de tournée. Ce spectacle nous avait déjà séduit la saison précédente : on attend avec curiosité cette poursuite au cœur des arcanes du pouvoir ; après un an de jeu, on ne peut qu’attendre encore plus de maîtrise et une augmentation de la tension entre ces deux femmes (Mary et Elisabeth), entre ces deux reines.

L’auteur du célèbre Entre les murs, François Begaudeau, se risque aujourd’hui au théâtre dans Le Problème, œuvre coproduite par le théâtre du Nord (et jouée du 6 au 16 janvier). Cette œuvre est un huis clos en temps réel (environ 1h15) dans la vie d’une famille. Une mère décide de partir et l’annonce au cours d’un repas familial. Comment vont réagir les enfants ? Comment la femme peut-elle être indépendante au-delà de la cellule familiale ? A noter la distribution époustouflante, à commencer par la présence d’Emmanuelle Devos.

Rêve d’automne, de Jon Fosse et mis en scène par Patrice Chéreau, que Stuart Seide n’hésite pas à qualifier de « visionnaire » nous donnera à voir du 8 au 18 mars « la charge atomique entre les familles ». Cette œuvre, qui prend pour point de départ un enterrement, est sensée être jouée dans un cimetière ; Chéreau cependant a décidé de créer son spectacle en vue de le jouer dans une des galeries du Louvre, où les morts côtoient toujours les vivants…Un spectacle des plus attendus cette saison !

Enfin, le cinquième spectacle de cette « colonne vertébrale » n’est autre que la nouvelle production du directeur, Au bois Lacté, du poète gallois Dylan Thomas (joué du 5 au 22 mai) ; il s’agit d’une excursion de 24 heures dans la vie d’un petit village ; à travers la journée de 50 personnages (interprétés par une douzaine d’acteurs), nous verrons des gens apparemment insignifiants évoluer sous nos yeux avec tous leurs gestes du quotidien ; « Cependant, précise Stuart Seide, tout prend de l’importance chez Dylan Thomas, du coucher de soleil au chat qui miaule » ; pour lui, il s’agit « d’une restitution poétique d’un village », « d’une célébration des forces de la vie ». A la manière dont le metteur en scène et non plus le directeur nous présente son spectacle, on ne peut qu’être conquis avant même d’avoir vu le spectacle. Il faut maintenant attendre presque un an avant de confronter cette première impression au spectacle !

Enfin, Fous dans la forêt, mis en scène par Cécile Garcia Fogel (joué du 25 au 29 mai), l’actrice interprétant Elisabeth dans Mary Stuart. Ce spectacle est une adaptation et d’une mise en musique des poèmes de Shakespeare, que le directeur qualifie d’un « parcours métaphysique et musical. »

Parmi les autres spectacles présentés pour la nouvelle saison, on trouve un mélodrame de Victor Hugo Mille francs de récompense en ouverture (du 6 au 16 octobre). Cette œuvre méconnue du monument hugolien met en scène un piège tendu autour d’une famille sans ressources.

La saison se poursuit autour d’un projet « Station Moscou », qui durera 8-9 jours et mis en scène par Lucie Berelowitsch. Cet événement, placé sous l’année 2010 « France-Russie » se centrera autour d’un texte d’Ivan Viripaev, Juillet, qui nous confie sa vision de la Russie actuelle. Mais ce projet comprendra aussi plusieurs lectures de textes d’auteurs russes, des mises en voix, des découvertes musicales. Un programme de cette semaine devrait rapidement être disponible.

Après la Russie, direction Londres et The Catastrophe Trilogy, ensemble de trois œuvres à voir, les 4 et 5 décembre, indépendamment ou à la suite (au choix) ; ce spectacle accueillera sur scène les spectateurs (peu nombreux : entre 60 et 80) répartis de part et d’autre d’un tapis qui traversera la scène. Notre attention se porte sur le dispositif et sur la partie « The festival » où comment la vie de deux êtres qui se croisent lors d’un festival musical bascule.

Notre Terreur, mis en scène par Sylvain Creuzevault, nous fera redécouvrir un personnage trop oublié dans notre histoire de France, Robespierre, cet homme sombre et vite négligé dans le musée des grands hommes de la nation qui, qu’on le veuille ou non, fait partie de notre histoire et a influencé l’époque à laquelle nous vivons aujourd’hui.

Du 5 au 15 avril, nous retrouverons Christophe Rauck qui avait mis en scène pour notre plus grand plaisir le Revizor de Gogol la saison précédente ; cette année il revient avec Têtes rondes et têtes pointues, une parabole de Brecht autour d’un régime politique qui décide de séparer la population en deux groupes, les têtes rondes et les têtes pointues s’évertuant à attiser la haine entre les deux groupes afin de mieux assurer son propre pouvoir. Cette œuvre, écrite en vue de commenter l’actualité de l’Europe des années 30-40 continue aujourd’hui de questionner notre rapport à la différence. Nous attendons avec intérêt ce spectacle !

La saison prendra fin avec Mignon Palace, le spectacle de Gilles Defacques, ce « clown avec l’âme et le talent d’un poète » comme le nomme Stuart Seide. 

C’est ainsi une saison prometteuse que nous a présentée le directeur du Théâtre du Nord ! Une grande audace dans le choix des textes, espérons que cette plongée dans un théâtre souvent des plus modernes ne jouera pas trop avec les limites du théâtre et séduira les spectateurs. Les places pour les abonnés sont disponibles dès le 9 juin, pour les autres, il faudra attendre le 11 septembre pour réserver.

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