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« La Nuit a dévoré le monde » : Un film de morts-vivants original, ambitieux et… français !

L’Actu Ciné de Lille La Nuit vous propose un film qui a du mordant : La Nuit a Dévoré le Monde ! Derrière ce titre aussi inquiétant que poétique se dissimule un film fantastique et d’épouvante français. Oui, vous avez bien lu ! Et plus précisément un film de morts-vivants. Après Grave, La Nuit a Dévoré le Monde confirme l’intérêt de jeunes réalisatrices et réalisateurs français pour le cinéma de genre. Alors, que vaut ce premier film de Dominique Rocher, sélectionné au dernier Festival du Film Fantastique de Gérarmer ? Réponse et critique par Lille La Nuit…

La nuit a dévoré le monde de Benjamin Rocher : Un film de morts-vivants qui se déroule à Paname !

Critique de La Nuit a Dévoré le Monde

Avec La Nuit a Dévoré le Monde, Dominique Rocher signe son premier long-métrage après avoir réalisé en 2011 un court-métrage de science-fiction, La vitesse du passé, interprété par Mélanie Thierry.

Aujourd’hui, Dominique Rocher adapte un roman de Pit Agarmen (pseudonyme et anagramme de l’écrivain Martin Page quand celui-ci écrit des romans de genre).

Dominique Rocher : « Lorsque j’ai voulu adapter son roman, Martin Page a souhaité me rencontrer. Il m’a juste dit : « Sens-toi libre » ! Il ne voulait pas d’une adaptation littérale. Nous avons écrit le scénario à trois, avec Guillaume Lemans et Jérémie Guez. Une des grandes qualités de Guillaume Lemans est sa maîtrise dans l’invention d’une tension dramatique. Et nous n’avons eu cesse de préserver cette tension jusqu’aux dernières étapes de la post-production. On s’est très sérieusement posé la question d’en faire un film muet, en tout cas sans dialogues. »*

La Nuit a Dévoré le Monde commence vite et fort : On découvre Anders Danielsen Lie (vu dans Oslo 31 Août) dans le rôle de Sam. Il déambule dans une fête nocturne parisienne puis s’endort. A son réveil, l’appartement est sans dessus-dessous. Les rues de Paris sont envahies de morts-vivants.

On devine que La Nuit a Dévoré le Monde ne bénéficie pas d’un budget pharaonique. Tant mieux ! Le cinéma d’épouvante n’est jamais aussi intéressant que lorsqu’il doit inventer pour palier un manque de moyens.

La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher : Dans le rôle de Sam, Anders Danielsen Lie doit survivre, se battre pour échapper aux morts-vivants.

Entre les zombies de Romero et Les Revenants

S'il livre un film au rythme lent (ce n'est pas un reproche) et cérébral, Dominique Rocher ne contourne pas les règles du genre pour autant. Il offre au spectateur les attaques de morts-vivants attendues. Surtout, il filme des scènes étonnantes de rues parisiennes totalement désertes, jonchées de détritus et envahies de zombies.

Ainsi, La Nuit a Dévoré le Monde (malgré une approche européenne très marquée) se rapproche davantage du cinéma de l'américain George A. Romero (la dimension politique en moins) et de la série française Les Revenants que des exploitations récentes du mythe du mort-vivant dans des séries américaines ou jeux vidéo.

Si La Nuit a Dévoré le Monde est adapté d’un roman français, on pense à un autre bouquin déjà transposé à plusieurs reprises au cinéma : Je suis une Légende de l’américain Richard Matheson. Comme dans le livre de Matheson, un homme doit survivre, se battre pour échapper à des monstres (dans le roman de Matheson, il s’agit de vampires).

Surtout, comme dans Je suis une Légende,  Sam est seul. Totalement seul. Ses seules rencontres sont Alfred - étonnant Denis Lavant - un mort-vivant auquel il reste une part d’humanité, et un chat que Sam n’arrive pas à amadouer. La question que se pose vite le spectateur est de savoir si Sam est réellement le dernier humain sur terre.

La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher : La solitude est le grand thème au cœur du film.

Sam, un Robinson Crusoé d'un 21ème siècle apocalyptique

La Nuit a Dévoré le Monde multiplie sans doute beaucoup trop les scènes dans lesquelles Sam ère d’appartements en appartements, de pièces en pièces, joue de la batterie. Mais ces moments du film sont nécessaires pour que le spectateur ressente la solitude d'un personnage devenu le Robinson Crusoé d’un 21ème siècle apocalyptique.

Dominique Rocher : « Dès l’origine, je souhaitais faire un film axé sur un seul personnage, peut être même un film où un personnage serait seul. Je voulais filmer la trajectoire d’un homme, son évolution, en le suivant à chaque plan. Le travail avec Anders a été essentiel et la relation acteur-cinéaste, déterminante. Notre confrontation, notre tête-à-tête, ont fini par produire quelque chose auquel je tiens beaucoup. Et c’est également un véritable challenge pour un acteur, de la transformation physique totale aux contrastes émotionnels forts qu’il traverse. L’histoire se déroule sur une année, on perçoit la temporalité et l’impact des évènements sur la métamorphose de son corps et sa personnalité. » *

La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher : Golshifteh Farahani dans un rôle que nous ne vous dévoilerons pas...

Un film d'atmosphère

La Nuit a Dévoré le Monde ne cherche pas à effrayer. Si Dominique Rocher se confronte tout de même à quelques scènes gore, montrant ainsi tout son amour du genre, il réalise davantage un film d’atmosphère. La musique de David Gubitsch (du groupe Chkrrr) tient une place prépondérante dans le film, ainsi que le travail sur le design sonore.

La Nuit a Dévoré le Monde est une œuvre intéressante. Il faut des tentatives comme celles de Dominique Rocher pour que notre cinéma hexagonal se confronte de nouveau au fantastique, à l’épouvante et au thriller ! Après Grave, Jusqu’à la Garde et quelques autres, nous voilà enfin sur la bonne voie…

Synopsis : En se réveillant ce matin dans cet appartement où la veille encore la fête battait son plein Sam doit se rendre à l’évidence : il est tout seul et des morts vivants ont envahi les rues de Paris. Terrorisé, il va devoir se protéger et s'organiser pour continuer à vivre. Mais Sam est-il vraiment le seul survivant ?

La Nuit a Dévoré le Monde un film de Dominique Rocher
Scénario, adaptation, dialogues Guillaume Lemans, Jérémie Guez, Dominique Rocher adapté du roman LA NUIT A DÉVORÉ LE MONDE de Pit Agarmen publié aux é́ditions ROBERT LAFFONT, Paris, France
Avec Anders DANIELSEN LIE, Golshifteh FARAHANI, Denis LAVANT, Sigrid BOUAZIZ

Interdit aux moins de 12 ans
Durée : 1h34

Sortie le 7 mars 2018

* Propos issus du dossier de presse et recueillis par Olivier Séguret
Affiche et film-annonce © Haut et court

Crédit photos Laurent Champoussin

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