« Hostiles » : Un western humaniste, pro-amérindien et féministe de Scott Cooper avec Christian Bale et Rosamund Pike

Cette semaine l’Actu Ciné de Lille La Nuit vous propose Hostiles, le dernier film de Scott Cooper. Hostiles est un western, genre qui connut son heure de gloire jusque dans les années 70. Mais il arrive qu’un cinéaste ait l’envie de raviver la flamme. Ce fut le cas de Clint Eastwood (Impitoyable, par exemple). Ce fut aussi l’occasion pour Kevin Costner de signer deux très beaux films (Danse avec les loups et Open Range) et les frères Coen de nous offrir le splendide remake de True Grit. Aujourd’hui Scott Cooper livre son western interprété par Christian Bale et Rosamund Pike. Critique de Hostiles, par Lille La Nuit…

Hostiles de Scott Cooper : Wes Studi (Chef Yellow Hawk) et Christian Bale (Joseph Blocker)

Critique de Hostiles

Le western fut l’un des genres les plus appréciés de l’Histoire du cinéma avant de tomber en désuétude. Sans doute fut-il, à l’image d’autres genres comme les films historiques, remplacés dans le cœur des spectateurs par la science-fiction, l’épouvante, le fantastique et le cinéma d’action.

Longtemps, le western fut un genre dans lequel les indiens n’étaient pas à la fête. Ils étaient les méchants de l’Histoire et des histoires filmées par de grands cinéastes comme John Ford (qui se rattrapera en réalisant le superbe western pro-indien Les Cheyennes).

Dans les seventies, des cinéastes comme Ralph Nelson (Soldat bleu - 1970) rétablirent la vérité, équilibrèrent la balance en montrant toute l’ignominie, la violence, les abominations dont furent victimes les amérindiens. Avec Hostiles, Scott Cooper s’inscrit dans cette tradition.

Scott Cooper : Un cinéaste américain passionnant

Le réalisateur n’est pas aussi connu que les frères Coen ou Clint Eastwood. Pourtant, il s’agit de l’un des cinéastes américains les plus intéressants, passionnants en activité. On doit à Scott Cooper Crazy Heart (avec Jeff Bridges, qui reçu l’Oscar du meilleur acteur pour ce film) ou le remarquable Les brasiers de la colère, premier des films de Cooper interprétés par Christian Bale. Cooper avait cependant déçu avec son dernier long-métrage Strictly Criminal, portrait sans relief d’un gangster incarné par un Johnny Depp en roue libre (pléonasme).

Hostiles est le retour de Scott Cooper au premier plan. Cooper choisit de reprendre la structure classique du western (un voyage allant d’un point A vers un point B) pour raconter une histoire d’une grande intensité dramatique.

Dès les premiers plans de Hostiles, qui nous présente une famille massacrée par des Comanches (y compris des enfants, chose rarissime dans le cinéma américain contemporain), nous sommes scotchés à notre siège. A cette séquence, répond la suivante dans laquelle Cooper filme le calvaire subi par des indiens Cheyennes. Pour Scott Cooper, il n’y a pas de héros. La violence est tapie en chacun de nous. Elle est à l’origine des USA, comme nous le signale le court texte qui ouvre le film.

Hostiles n'est pas un western triomphant

A l’image de Michael Cimino et de son sublime La porte du Paradis (1980) - l’un des plus beaux films de l’Histoire du cinéma -, Scott Cooper n’offre pas un western triomphant. Le western de Cooper est violent, tragique, désespéré, noir, désenchanté.

Brillamment interprété par Christian Bale (son meilleur rôle ?), Rosamund Pike (de plus en plus impressionnante depuis Gone Girl de Fincher) et Wes Studi - déjà vu dans Le Dernier des Mohicans de Michael Mann - Hostiles n’est pour autant pas dénué d’optimisme.

Hostiles de Scott Cooper : La superbe photographie du film est signée Masanobu Takayanagi, collaborateur régulier du cinéaste.

Peu à peu, les superbes décors naturels aidant (bravo au directeur de la photographie Masanobu Takayanagi), de l’espoir naît. A la violence répond alors, comme en anamorphose, un discours poignant sur l’altérité. Le Capitaine de Cavalerie Joseph Blocker (Bale) apprend à comprendre et respecter les Cheyennes. Tout comme Rosalee Quaid (Pike) dont toute la famille fut pourtant massacrée par les Comanches.

Un film profondément humaniste et féministe

Scott Cooper soigne chaque détail de son film. Son script est remarquablement écrit. Le cinéaste ne craint pas d’imposer un rythme parfois contemplatif (Hostiles dure 2H13) nécessaire pour développer le caractère des protagonistes de son histoire. Chaque personnage est un être de chair et de sang, auquel on croit, qu’on finit par comprendre et aimer.


Hostiles de Scott Cooper : Un western féministe, humaniste et proamérindien. A gauche Rosamund Pike (Rosalee Quaid).

Hostiles est un film profondément humaniste (malgré sa violence, que le réalisateur dénonce en la filmant). C’est aussi l’histoire d’une rédemption, une œuvre féministe, et une parabole sur la terrifiante Amérique de Donald Trump.

Avec Hostiles, Scott Cooper vient sans doute de livrer son chef-d’œuvre. Un western qui, on l'espère de tout cœur, fera date.

Synopsis : En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker, ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalee Quaid. Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux dans leur périple. Façonnés par la souffrance, la violence et la mort, ils ont en eux d’infinies réserves de colère et de méfiance envers autrui. Sur le périlleux chemin qui va les conduire du Nouveau-Mexique jusqu’au Montana, les anciens ennemis vont devoir faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus Comanches qu’ils rencontrent.

Hostiles de Scott Cooper
Avec Christian BALE, Rosamund PIKE, Wes STUDI, Jesse PLEMONS, Ben FOSTER, Paul ANDERSON, Stephen LANG, Adam BEACH, Scott SHEPHERD, Timothée CHALAMET
Musique (superbe) de Max Richter

Avertissement : Tous publics avec avertissement
Durée : 2h13min

Date de sortie : 14 mars 2018

Affiche, photos film-annonce © Metropolitan Filmexport

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