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Kamini Il faut que je vous explique

"J'viens pas d'la cité, Mais le beat est bon, J'viens pas d'Panam, Mais d'Marly Gomont" telles étaient les paroles du tout premier buzz Internet français que l'on doit à Kamini. Dix ans après "Marly-Gomont", Kamini revient avec une multitude de projets. Un one-man show, un film et un troisième album, Kamini ne chôme pas et nous a rencontré pour tout nous raconter de sa vie d'artiste ! Rendez-vous le 6 avril au Spotlight à Lille pour son nouveau spectacle "Il faut que je vous explique".

  • Le spectacle "Il faut que je vous explique"

Avec ce spectacle, il faut que tu nous expliques quoi ?

J’explique un peu mon parcours. Je resitue mon personnage pour les gens parce que « Marly-Gomont », c’était il y a 10 ans ! Aujourd’hui, des gens qui me reconnaissent dans la rue m’appellent par le nom du village : « Marly-Gomont, je t’ai reconnu Marly-Gomont ! ». Ou d’autres se trompent de village : « Hénin Beaumont ! », ce qui n’est pas la même chose ! Je reviens donc sur mon parcours avant, pendant et après le buzz, mais pas que ça ! Je parle aussi de la vie quotidienne, et des choses de la vie qui nous arrivent à tous.

Quels sont les thèmes que tu avais absolument envie d’aborder dans ce spectacle ?

La vie quotidienne. Par exemple, je parle beaucoup des insectes. Il y a plein de gens sur Terre qui ne sont pas fans des insectes. C’est donc un sujet que j’aborde avec un certain décalage qui n’a pas trop été fait je pense… Il y a beaucoup d’improvisation en fait, tout n’est pas prédéterminé à l’avance. Il se passe des choses pendant le spectacle, et du coup, j’interagis avec le public, ce qui fait que le spectacle est vivant, n’est jamais figé. Ce n’est jamais le même. C’est ce que j’aime dans le one man show.

Est-ce que tu as travaillé seul sur ce spectacle pour le texte et la mise en scène ?

Je suis tout seul pour l’écriture et la mise en scène, et visiblement ça marche, les gens se marrent. On part sur un spectacle qui n’a pas forcément tous les codes du one man show au niveau de la mise en scène, de la mise en place de certains procédés, mais c’est ce qui fait je pense son originalité. Il est assez atypique car c’est ce que j’essaye de faire : de ne pas prendre un axe qui a déjà été beaucoup exploité dans le one man show. Je ne suis pas un génie non plus ! Tout a été fait, c’est comme en musique : soit tu inventes une nouvelle note, soit ce que tu fais a déjà été fait comme ça ou d’une autre façon. J’essaye quand même d’avoir une approche un peu différente, et de ramener le petit côté ovniesque de mes vidéos sur scène pour surprendre le public.

Tu as travaillé sur ce spectacle en passant de la musique à l'humour. Est-ce qu'avoir réalisé la mise en scène de tes clips t'a aidé à réaliser la mise en scène de ton one-man show ?

Oui, je pense que ça m'aide. Je ne viens pas non plus du rap hardcore donc le public n'est pas forcément surpris de me voir faire un spectacle. Ce n'est pas comme si c'était La Fouine ou Booba qui passaient en one man show. Dans ma façon d'écrire et de procéder, c'est comme avec la musique, je le fais sincèrement. On aurait pu croire, par exemple, que Marly-Gomont était un coup monté ! "Tiens un noir dans la campagne, ça peut être marketiquement intéressant". Mais non, j'ai juste vécu là-bas et j'ai raconté mon histoire et c'est pareil en one man show ! Je raconte juste ce qui me passe par la tête sans tout calculer. Parfois j'ai une idée de sujet et je le développe ou parfois j'ai une vanne qui me conduit vers un sujet que je développe par la suite. C'était à peu près pareil en musique, soit j'avais une idée de musique et je cherchais le texte soit j'avais une idée de texte et je composais la musique. Mais à part ça, je n'ai pas vraiment de mécanique de travail précise. Je mise beaucoup sur l'authenticité et sur la sincérité.

Commencer ton spectacle par Marly-Gomont, c'était évident pour toi ?

Oui c'était évident pour moi, surtout que quand j'arrivais sur scène, on me disait "Hey chante Marly-Gomont ! Tu la chantes quand ?". Du coup, je me disais qu'il valait mieux anticiper et commencer par ça tout de suite. Le pire c'était quand je commençais les premiers spectacles, les gens n'étaient pas sûrs que c'était moi. On m'annonçait et j'entendais les gens dire "mais c'est lui ou ce n'est pas lui ?". Ils parlaient entre eux et je me suis dit qu'il valait mieux entrer tout de suite dans le vif du sujet.

Tu es le parrain de Rions ensemble contre le racisme, quels sont les objectifs pour toi ?

Oui, c'est un festival qui se tient à Bruxelles en Belgique. J'ai participé à la 4ème édition en tant que simple humoriste, je n'étais pas parrain à l'époque. C'est à la 6ème édition que je suis devenu parrain de l'initiative mise en place par Caleb Djamany. Mais ça me touche beaucoup, car moi le racisme je l'ai connu. J'ai surtout connu ce qu'on appelle le racisme primaire. Il faut savoir qu'il y a plusieurs échelles du racisme. Le primaire concerne toutes les phrases comme "hey bamboula", "hey sale arabe", "hey sale juif" mais la finalité du racisme, c'est les catastrophes comme les génocides, les passages à l'acte pour éliminer toute une ethnie. Mais c'est par le biais d'événements artistiques comme Rions ensemble contre le racisme, qu'on peut mettre le doigt sur le racisme primaire afin d'éviter qu'il prenne d'autres proportions. C'est vrai qu'on ne change pas le monde avec une chanson ou un sketch mais si ça peut ouvrir les yeux à une personne, alors autant le faire jusqu'au bout. Mais bon, c'est sûr que ça ne change pas grand chose. Regardez Marly-Gomont avait bien marché et pourtant on vote toujours beaucoup Front National en Picardie...

  • Le film dont la sortie est prévue en juin

En parallèle de ton spectacle, tu prépares aussi un film c'est ça ?

Oui mon film sort le 8 juin ! Je suis scénariste sur le projet. J'ai écrit ça en 2011, ça a pris du temps mais ça y est ça sort bientôt alors je suis plutôt content ! C'est une nouvelle corde à mon arc. Je ne me pose pas de limites artistiques, si demain matin je me rends compte que je sais peindre, alors je peindrais même si ça doit prendre du temps. Je suis vraiment content de ce film, c'est un hommage à mon père. C'est l'histoire d'un médecin noir qui ouvre son cabinet médical dans un petit village de Picardie et donc on suit en parallèle l'histoire du petit Kamini qui va à l'école. C'est une comédie sociétale, c'est bon enfant et c'est léger.

C'est toi qui as choisi le casting ?

Non, moi je suis scénariste ! Ce sont les producteurs et le réalisateur qui ont choisi les acteurs et qui ont la main mise sur le casting même si j'ai donné mon avis. J'ai beaucoup dirigé l'écriture et les dialogues mais la réalisation ce n'est pas moi. Je suis en train d'en écrire un deuxième par contre, mais là ça n'a rien à voir. C'est l'histoire d'un type avec des pouvoirs, c'est de la science-fiction enfin du grand n'importe quoi !

  • Le 3ème album en préparation

Tu vas aussi bientôt sortir un 3ème album, est-ce que ce sont les 10 ans de Marly-Gomont qui t'ont donné envie de te remettre à la musique ou tu n'y avais jamais renoncé ?

J'ai du arrêter la musique quand j'ai écrit mon one man show car c'est vraiment très dur quand tu commences et que tu ne connais pas tous les rouages du métier. Surtout quand tu as un nom, car si tu te plantes alors que tu es connu ça va se savoir deux fois plus vite. Je n'arrivais pas à composer et à écrire mon one man show en même temps. J'ai fait une pause musicale pour vraiment me concentrer sur la comédie.

Marly-Gomont, ça fait déjà 10 ans ! Avec le recul, comment tu as vu ces dix années et comment tu as vécu le buzz et la célébrité ?

Je n'ai jamais pris la célébrité pour acquis. Ça n'a jamais été un objectif premier. Pour moi, la célébrité c'est une relation de cause à effet. Tu fais quelque chose qui attire les médias et ils parlent ensuite de toi, c'est juste ça. Au final, tout le monde est potentiellement apte à devenir célèbre, c'est juste une question de moyen technique. On met la caméra sur n'importe qui aujourd'hui et il devient connu ! La célébrité ça va, ça vient. Moi je n'ai jamais pris ça au sérieux et j'en parle beaucoup dans mon spectacle. Ce qui m'intéresse vraiment en tant qu'artiste c'est de vivre de ma passion. C'est vrai qu'à l'époque, la célébrité est arrivée brutalement et ce n'était pas évident à gérer pour moi. Je voulais absolument que les gens comprennent que j'étais quelqu'un de simple et que je ne voulais pas changer mes habitudes. Après, c'est à la personne de faire en sorte de ne pas se prendre pour un Dieu. La condition humaine est la même pour tout le monde : tu nais, tu vieillis et tu meurs comme tout le monde, sans savoir comment ni pourquoi. Moi, je me définis comme un petit producteur indépendant de province, qui a eu la chance à un instant T, d'avoir une surexposition médiatique à échelle nationale. La célébrité c'est une question de personnalité, d'éducation et d'égo. Moi je n'ai pas changé, j'allais faire mes courses aux mêmes endroits et je me rends compte que j'ai bien fait de garder mes habitudes de vie parce que tu n'es jamais perturbé et tu ne perds pas tes repères.

Justement, tu te définis comme un petit producteur, du coup ton nouvel album tu vas le produire seul ?

Avec mon éditeur, on a décidé de travailler avec KissKissBankBank sur une campagne de crowdfunding. On a lancé l'opération il n'y a pas longtemps et puis on compte sur nos internautes pour voir si ça prend. Il y a beaucoup d'artistes qui font cette démarche et je trouve que c'est une belle démarche car l'artiste communique directement avec son public. C'est un retour aux sources ! Ça nous permet d'être un peu plus à l'aise en terme de production, car un album demande un budget conséquent.

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