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House of Wolves « House of Wolves »

House of Wolves « House of Wolves »

House of Wolves House of Wolves Style : Folk soyeux. Sortie : 04/11/2016

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Ce disque très sobrement éponyme a tout du feu dont l'intensité se développe comme une combustion lente. C'est tournoyant plutôt que vif et et lancinant plutôt que violent, intensément beau. Rey Villalobos (oui, la traduction littérale, c'est House of Wolves) a l'art de tisser ce type de climat, la tristesse toujours rattrapée au dernier moment par l'espoir, comme si le chaos était toujours en suspension et le bonheur toujours possible. Des ombres, souvent, de belles lumières aussi, comme des flammes qui dansent au ras du sol, des crépuscules hantés. On sait l'homme pianiste de formation classique et amoureux revendiqué des Nocturnes de Chopin. On pense aussi aux pièces de Debussy, des climats impressionnistes d'une grande discrétion, dans un format pop et folk, très lisible, en gérant parfaitement le rapport délicat entre dénuement et pauvreté, expressivité et sensiblerie. Très classieux.

C'est dans cet entre deux, ombre et lumière, dans cette attente,  que se livre ce disque soyeux, tendu d'orchestrations subtiles. C'est bien prétentieux mais le compositeur fait sur ce disque tout ce qu'on avait envie de lui dire après les précédents, après un passage sur scène au Grand Mix timide et retenu. Y aller, plus franchement, étoffer, renforcer, sans forcer, sans alourdir. Pas faire du bruit gratuit, non, pas changer de style, pas se forcer mais assumer cette langueur folk en la teintant d'un peu plus de densité instrumentale, comme le font très bien les Tindersticks, Mazzy Star, Lambchop, les gens qui travaillent ce registre. 

Certes on n'est pas sur un Dancefloor et on risque assez peu de se déhancher mais on pourra se lover très tranquillement au fond du lit de ces fleuves tranquilles et plutôt majestueux, portés par le quatuor à cordes superbe de ce disque à la fois classique et audacieux, parce qu'il faut une certaine dose de culot, finalement, pour assumer ce parti pris, un peu comme le fait Josh Haden, de Spain.

Assumer cette lenteur revendiquée, cette façon de porter le refus d'emballer le débat et de générer une attention réelle dans l'écoute. Il faut des chansons, il faut un son, pour que ça ne devienne pas une simple posture. Il y a de l'exigence dans cet album, une nécessité absolue pour l'auditeur de se laisser porter, absorber, de se poser, immobile, devant les enceintes. On ne peut pas écouter House of wolves distraitement sans le rater intégralement.

On pourra profiter d'une écoute absolument privilégiée, un concert presque privé, en mode cosy, le samedi 25 mars, au Théâtre du Biplan, aménagé pour l'occasion pour un Bain de minuit ultra soft. Rey Villalobos sera accompagné d'une altiste et ça risque d'être tellement beau que ça pourrait être un peu éprouvant. Quand on le voit jouer et vibrer, on est sûrs que rien n'est feint. On le retrouvera en compagnie de Sam Lowry. Saturday night fever garantie.

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