Les Grands Plateaux à la Rose des Vents

« Avant de mourir, j’aimerai. Avant de mourir, je vivrai éternellement » Voilà les derniers mots de ce spectacle qui interroge la place de l’amour dans notre société. Est-il encore possible d’aimer comme se sont aimés Roméo et Juliette, d’un amour violent, passionné, absolu ?

L’action se situe dans un cadre original, le spectateur se retrouve plongé dans un gymnase, neuf acteurs incarnent des adolescents pratiquant ce qui ressemble au départ à une simple activité sportive. Et pourtant, progressivement, on est confronté aux rivalités qui peuvent exister sur un terrain, à la violence dont savent faire preuve les adolescents entre eux, à commencer par l’exclusion de l’un des leurs…

Et au milieu de cet univers masculin, de temps en temps, un acteur sort de ce cadre sportif pour nous confier une histoire d’amour de son enfance, le temps du jeu s’arrête le temps d’une confidence. Ces moments sont pleins de tendresse, on y découvre l’éveil à l’amour d’un enfant de quatre ans dont le pied frôle celui d’une camarade, le premier amour d’un garçon de neuf ans se souvenant de son premier slow sur la Javanaise de Gainsbourg. On arrive ensuite aux amours adolescentes, puis à celles d’un jeune homme – ces scènes n’ont rien du grand amour, au contraire, ces histoires peuvent nous toucher par leur simplicité.

Ce spectacle est d’une grande qualité esthétique, tout a été pensé, les jeux de lumière et d’ombre mettent en valeur les acteurs au moment de leur aparté, les costumes, surtout du point de vue des couleurs, permettent de souligner les oppositions entre les personnages, que l’on soit avec les dossards des sportifs, ou avec les chemises des clans qui s’opposent dans le monde adulte. Pourtant, et c’est peut-être le seul reproche que l’on peut formuler sur ce spectacle, il est très esthétique, il l’est peut-être trop : il y a très souvent des tableaux figés qui sont d’un grand impact visuel, mais qui manquent de rythme.

 Un moment de grâce est à souligner dans ce spectacle : alors que l’on ne s’y attend pas, deux acteurs se mettent à interpréter la scène du balcon du Roméo et Juliette de Shakespeare. Voilà l’amour absolu. Est-il encore d’actualité ? Peut-on encore aimer avec une telle passion et une violence à notre époque ? Ce moment arrive de nulle part et contraste fortement, et très certainement volontairement, avec le reste du spectacle. On ne peut s’empêcher de comparer cette déclaration d’amour avec les petites confidences sentimentales des différents acteurs… Que reste-t-il de l’amour aujourd’hui ?

Textes de Denis Lachaud, mise en scène de Jean-Philippe Naas

 Ce spectacle présenté dans le cadre du Festival Prémices se jouera encore Mercredi 18 et Jeudi 19 avril à la Rose des Vents.

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