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The Ghost Of A Saber Tooth Tiger + Invisible Familiars au Grand Mix

Ce soir au Grand Mix, c'est le fils de Machin.
Le genre de mec qu'instinctivement on a envie de détester. Un nanti. Un fils à papa. Au portefeuille héréditaire l'ayant sans doute empêché de comprendre la véritable signification du mot travail. Un gars avec des grosses lunettes, des cheveux longs, une barbe soigneusement entretenue, cultivant le look seventies avec du vintage hors de prix, fréquentant les défilés de mode et les soirées underground. Ce qu'on appelle péjorativement un bobo. Le genre de gonze, qu'enfant, on aurait pris un malin plaisir à baffer à la sortie de son école de prestige. A qui on aurait fait subir un wedgie atomique en lui remontant le slip, probablement griffé, jusqu'à lui en faire une cagoule. Histoire de lui faire comprendre la souffrance des Working Class Heroes.

Mais bon, voilà... Le fiston nous a bien empapaouté. Après un premier album solo trop bricolo pour être réellement intéressant, Sean Lennon publie en 2006 une pure merveille devant laquelle on est obligé de s'incliner. L'album Friendly Fire. Un chef-d'oeuvre. Un album de pop-songs miraculeuses, d'une beauté surnaturelle dans la ligne directe de ses gènes chargés. Qu'il était venu défendre sur la scène de la salle tourquenoise. Seul, humblement lors d'une soirée magique et mémorable.

C'est de manière plus anonyme, au sein du collectif The Ghost Of A Saber Tooth Tiger (quel joli nom), formé avec sa mannequin de fiancée Charlotte Kemp Muhl, qu'il a enfoncé le clou. Confirmé son indéniable talent. Avec un premier disque délicieux, Acoustic Sessions. Et le récent Midnight Sun. Une orfévrerie psychédélique aux compositions audacieuses et exaltées.
Contre toute attente, le mini-scarabée a su séduire. Faire ravaler les a priori débiles. Jusqu'à ce soir fatidique...

C'est d'ailleurs passablement que la soirée a débuté. Avec les Invisible Familiars. Les musiciens du GOASTT en fait. Mais, qui là, ne tiennent pas la chandelle au couple star. Les fringues sont sympas. Les barbes fleuries. L'attitude décontractée. On tente de mettre le public dans l'ambiance séminale des musiques psychotropes d'antan. Mais la prestation, le cul entre deux chaises, ne convainc pas. Trop planante pour faire taper du pied. Trop Rock pour libérer les chakras.

Déboule ensuite le tigre au grand complet. Malheureusement, il n' a rien de majestueux sur la scène du Grand Mix. Ses dents semblent avoir été limées pour le rendre inoffensif. Il n'est pas félin pour l'autre. Le prédateur préhistorique a tout du matou à sa mémère. Rendu tout mou par un trop plein de croquettes. Il n'y a rien à retenir du spectacle donné. The GOASTT se contente de jouer, tel un fonctionnaire zélé, son dernier album, pratiquement à la note près. Le mot 'concert' ici n'a aucun sens. Aucune plus-value par rapport à la simple écoute de la galette confortablement installé dans son canapé. Juste des kilomètres parcourus pour peau-de-balle.

L'improvisation ? La prise de risque ? La volonté de surprendre ? L'esprit festif ? La communion avec le public ? Aux abonnés absents. On a juste droit à concert fainéant. Limite foutage de gueule. Surtout lorsque l'on revendique faire du Rock psychédélique, qu'on invoque, entre autres, les fantômes du Jefferson Airplane ou de Syd Barrett (repris en guise de clotûre). Les chansons de Midnight Sun se succèdent de manière scolaire. Sans que l'on retrouve l'incandescence dont elle font preuve sur disque. Elle apparaissent figées, inertes. Le groupe semble leur refuser le droit de renaître sur scène, de déployer leurs ailes, de vivre une nouvelle vie. Aucun réarrangement, aucune variation, aucune folie. Du psyché qui ne vient pas titiller la psyché. Qui ne donne pas envie de se foutre à poil, de prendre ou de reprendre des drogues, de se peinturlurer le corps avec des formes bizarres aux couleurs chatoyantes comme les grandes références du genre. Non. On boit sa bière et on écoute poliment en regardant un peu trop souvent sa montre. Et on sort de la salle déçu et amer. Mais comment avec un si bon album et tant de talent, peut-on donner un concert aussi médiocre?

Désolé, mais ce soir, Sean, t'as vraiment été une tête à claques. Fais donc gaffe à ton slip si on te croise dans la rue !

 

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