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Les Serments Indiscrets au Théatre du Nord

Après avoir triomphé dans le drame de Schiller Marie Stuart, où elle incarnait la reine Elizabeth, Cécile Garcia Fogel revient, pour notre plus grand plaisir, sur les planches du Théâtre du Nord dans un tout autre registre avec l’œuvre de Marivaux. Elle incarne le personnage de Lucile, jeune fille sur le point d’être mariée au beau Damis, mais qui refuse la vie qu’on lui destine. Elle ne veut pas être un simple objet de décor dans la vie d’un époux, et préfère conserver sa liberté.

Alors quand elle rencontre Damis (Pierre-François Garel), qui n’est pas prêt, lui non, à perdre sa liberté de garçon, rien de plus simple que de conclure un « serment » par lequel ils s’engagent à ne pas s’aimer, à ne pas se marier.

Tout aurait pu en rester là, mais voilà que ces deux esprits libres vont s’éprendre l’un de l’autre – mais comment faire, maintenant que l’on a conclu un serment si solennel ? C’est à cet instant que le comique fait sa place, principalement porté par le couple de serviteurs Frontin/Lisette - incarné par Marc Chouppart et Hélène Schwaller. Servent-ils leurs maîtres ? Contrôlent-ils leurs maîtres ? Servent-ils leurs propres intérêts ? Difficile de répondre à ces questions…

Lucile et Damis ne s’aiment pas, à ce qu’il paraît, eh bien, marions Damis à la sœur cadette de Lucille, Phénice. Voilà la résolution de deux pères qui ne souhaitent que le bien de leurs enfants. Le mariage approche. Qui parlera le premier ? Qui osera briser le serment le premier ? L’affrontement des vanités des deux personnages les rend ridicules aux yeux des spectateurs, en même temps que l’on sent que tout leur être est en crise : parler, parler d’amour surtout, c’est s’exposer au jugement de l’autre, c’est dépendre de sa réponse…

L’hésitation et le trouble des héros est savamment orchestré par un dispositif scénique qui favorise les entrées et les sorties des personnages, qui se fonde sur l’opacité ou la transparence des voiles pour suggérer des jeux d’espionnage : il faut surveiller son langage pour ne rien laisser transparaître, tout le monde s’épie, tout le monde s’observe, tout le monde se suit parce qu’au final, tout le monde se ment. Qui parlera le premier de son amour pour l’autre avant qu’il ne soit peut-être trop tard ?

De Marivaux, mis en scène par Christophe Rauck
A voir au Théâtre du Nord du 18 au 28 septembre 2014

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