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Alex Beaupain au Splendid

Alors qu'en ce vendredi soir de Saint Valentin les Amoureux sont à la fête, certains, solos ou pas, ont mis de côté l'option resto au profit du spectacle vivant. C'est aussi notre cas chez Lille la Nuit puisque nous n'aurions pour rien au monde manqué le passage d'Alex Beaupain dans notre belle région.

Axel Reynaud en ouverture

Celui qui nous était revenu l'an dernier avec un opus assez sombre mais néanmoins profond dans sa vision des choses avait suscité en nous le désir d'observer comment tout cela allait être retraduit en live. Mais avant d'ouvrir le bal, c'est Axel Reynaud qui se charge de divertir la foule du Splendid arrivant progressivement à l'heure dite. Dans un style savant mélange d'Alain Chamfort, d'Etienne Daho et de Christophe, Axel Reynaud nous offre quelques-unes de ses compositions électro pop. Paroles murmurées, rythmes syncopés, c'est une ambiance feutrée qui s'installe crescendo afin de nous poser dans une espèce de cocon empli de mélancolie. De quoi donner le ton d'une soirée qui ne sera clairement pas placée sous le signe de la gaudriole, mais nous n'en attendions pas moins en franchissant les portes de l'ancien cinéma reconverti en antre à concerts.

Alex Beaupain a le chic de rendre le Triste Beau

Dès 20h45 tapantes, Alex Beaupain et sa troupe montent sur la scène du Splendid dans un jeu de lumières aussi classieux que l'est l'artiste. Dès le départ, se mêlent anciens et nouveaux titres, ou quand les souvenirs d'"Ektachrome" rencontrent la nostalgie de "Grands Soirs" ou la douleur d'"Au Ciel".

Alex Beaupain a le chic de rendre le Triste Beau et cela, ce n'est pas donné à tout le monde. Avec certes son lot de paroles poétiques... mais moralement plombantes, le chanteur prend un malin plaisir à dédramatiser le tout dans de longs apartés où il joue avec le public d'abord, ses comparses ensuite.

Ainsi, après avoir exposé les excellents "Sitôt", "Vite" et "Pourquoi battait mon cœur" dont le thème amoureux est parfaitement à propos ce soir, Alex Beaupain propose dans la foulée un titre "participatif". En se moquant gentiment du sens du rythme de l'audience lilloise, le natif de Besançon emporte la foule sur le refrain de cette BO écrite pour Christophe Honoré et son adaptation des Malheurs de Sophie.

L'Amour exploré dans ses plus profonds aspects

Car le Alex Beaupain chanteur est avant tout compositeur, facette que l'on connaît moins mais tout aussi importante dans la carrière de l'artiste. Après cette brève récréation, on revient aux fondamentaux avec des titres aussi poignants que le vintage "Brooklyn Bridge" ou le facétieux "Je n'aime que toi".

Mais le moment qui touchera le plus l'audience lilloise du soir, nous y compris, c'est cet enchaînement "Avant la haine" / "Orlando" qui sonne parfaitement juste dans les temps qui courent. L'Amour, thème majeur, est ici exploré dans ses plus profonds aspects et notamment dans cette ode au respect et à la tolérance relatée dans le massacre de cette boîte de nuit américaine. Une composition qui nous invite à réfléchir en plus de nous émouvoir.

Jamais avare d'une petite pique sur le gouvernement actuel, le Beaupain politique s'exprime aussi par petites touches. Et même si l'on regrette l'absence dans la setlist du désormais culte "Au départ", on se consolera avec ce "Cours camarade" symbole d'une gauche qui regarde dorénavant plutôt en arrière que devant elle.

"Pas plus le jour que la nuit" on ne se lasse du talent d'Alex Beaupain

Le concert approchant à sa fin, Alex Beaupain se fait, et nous fait, plaisir dans une version remaniée et plutôt énergique de "Sur toute la ligne" où le sentiment amoureux sous toutes ses formes se dessine le long des lignes du métro parisien. Une cover électrique et électrisante de "Tombé pour la France" suivie du fameux "Après moi le Déluge" et voilà le public littéralement debout pour applaudir à tout rompre ses invités d'un soir.

Toujours aussi taquin, Alex Beaupain malmène gentiment ses camarades multi-instrumentistes mais les remercie chaudement pour la qualité du travail fourni ce soir, et nous en faisons de même. Quelques notes de "Tout le contraire de toi" puis "Poussière lente" nous font comprendre que cette divine soirée touche déjà à sa fin... cette heure trois quarts étant passée en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

"Pas plus le jour que la nuit" on ne se lasse du talent d'Alex Beaupain et c'est sur cette ultime chanson éponyme que nous concluons une soirée qui n'avait rien d'une mortelle Saint Valentin. Alors certes on aura connu 14 février plus jovial, mais une parenthèse aussi poétique et jouissive ne valait-elle pas ce minime sacrifice ?

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