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Vincent Delerm

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Vincent Delerm À Présent Style : Chanson française Date de l’événement : 07/01/2017

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Vincent Delerm a sorti un sixième album intitulé « A présent ». Avant son concert au Théâtre Sébastopol le 7 janvier 2017, il nous a parlé de ce nouvel album et notamment des thèmes, de la pochette, de sa collaboration avec Benjamin Biolay…

Pour ce sixième album "A présent", est-ce qu'on peut dire que vous aviez envie de remettre la chanson au premier plan, de revenir à quelque chose de plus simple ?

Dans mon esprit, pour "À Présent", l’idée était de ne pas faire un album et un spectacle conceptuel. Le dernier album "Les Amants Parallèles", était l'histoire d’un couple. Je ne pouvais donc pas me permettre de chanter les chansons dans le désordre. Ça donnait moins de souplesse au spectacle. Là, j’avais vraiment envie de faire un spectacle où tu fais ce que tu veux. J'aime bien me dire aussi que la chanson est le cœur de ce que j’aime, et de ce que je sais faire. Même si je tente d’aller explorer un peu à côté la pièce de théâtre, la photographie... Je reviens toujours à la chanson. Quand je fais des photos, j’aime qu’elles soient en lien avec des chanteurs. Quand j’écris une pièce de théâtre, j’aime bien intégrer des chansons… J’ai aussi fait la BO du film la Vie très privée de Monsieur Sim. Tout ça, c’est vraiment comme une manière de me souvenir que ce que je préfère c’est la musique. C’était donc très agréable de faire ce disque, parce que j’avais quand même pas mal de trucs différents ces derniers temps.

Toutes ces choses faisaient que je voulais faire une photographie d’un moment, de maintenant, et poser la question : Qu’est ce qui compte vraiment ?

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Dans cet album, vous évoquez des thèmes relativement simples, comme le présent, ou des questions existentielles comme “Êtes vous heureux ?” Est que ce sont des thèmes que vous avez eu envie de remettre sur le devant de la scène, car on n’oublie souvent de prendre le temps de les poser ?

Pour moi, il n'y a pas vraiment de thèmes qui soient simples. Je trouve que ce qui fait toujours la différence quelque soit le thème que tu utilises - et il y en a finalement assez peu comme l’amour, le temps qui passe -, c’est vraiment la manière de les dire, le style. Ça me dira rien si on me dit que c’est un disque qui parle d'un thème ou d'un autre. Ça dépendra vraiment de comment ce sera dit, comment ce sera fait. Je peux adorer une chanson sur un sujet comme en détester une autre sur le même sujet selon leur manière d'être écrite. Après, c’est sûr qu'il y a quelque chose qui s’est fait, et qui est lié à plein de choses : au contexte d'abord, avec ce qui s’est passé en France ces dernières années, et peut-être à mon âge aussi. Toutes ces choses faisaient que je voulais faire une photographie d’un moment, de maintenant, et poser la question “qu’est ce qui compte vraiment ?". Qu’est ce qui est important pour moi ? Qu’est ce qui me fait de l’effet ? et espérer par rebonds, que les gens évidemment se reconnaissent là dedans, et se posent ces questions aussi. Ma conviction est que, ce qui nous remue n'est jamais le fait de franchir un échelon dans la hiérarchie sociale, c’est toujours le fait de recevoir un message d’une personne qu’on aime, d’être séduit par quelqu’un. Il y a des choses qui s’impriment en nous. C'est sur ça que je voulais creuser.

Dans l’album, il y a un titre plein d’autodérision “Les Chanteurs sont tous les mêmes” sur lequel vous êtes accompagné par Benjamin Biolay. Quelle est l’histoire de cette chanson ? Et comment s’est passée votre collaboration ?

Benjamin et moi, on s’est toujours croisés depuis qu’on a commencé chacun de notre côté, au début des années 2000. J’ai toujours aimé son travail et il a toujours dit des choses sympas sur moi. La dernière fois qu’on s’est vus, c'était tout à fait par hasard. On recevait un prix, lui pour son album hommage à Charles Trenet et moi pour une musique de film. On a échangé nos prix, comme des capitaines de football qui échangent leurs fanions, et on s’est dit “Le prochain album, on le fait ensemble”. J’avais ce titre de chanson que je n'avais jamais utilisé, sans texte et j'ai pensé que ce serait marrant de le faire avec Benjamin. C’était le moyen de revenir avec un peu d’ironie sur les personnages typiques de chanson. Ces mecs qui traînent dans Paris, qui viennent de se faire plaquer par une nana, qui se recoiffe sur un pont... Il y avait cet imaginaire là qui fait partie d’une certaine catégorie de chanteurs. Et en même temps les refrains me permettaient de parler de quelque chose d'un peu plus complice, affectueux. Être chanteur c'est aussi regarder l’autre, ce qu’il fait. On se regarde tous beaucoup. On a parfois de l’intérêt mais aussi de la curiosité, des fois de la jalousie. C’est particulier. C’est un mélange d'un peu tout ça. Au final, je trouve plutôt une sorte de bienveillance de la part des uns vis à vis des autres.

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Vincent Delerm © CAUBOYZ_TOTOUTARD


Il y a un titre instrumental dans cet album, est-ce que c’est votre expérience sur la bande originale précédente sur laquelle vous avez travaillé qui vous a donné envie de refaire un morceau différent de ce que vous avez fait jusque là ?

Et bien, peut-être. On sait jamais trop ces choses là, mais en l'occurrence, au départ c’était une chanson comme une autre. C’était juste instrumental et je n'étais pas sûr du texte. Seulement, j’aimais bien l’instrumental tel qu’il était. Tu sais, quand tu finis tes disques, on te file tous les instrumentaux pour faire une émission en play-back, donc j’ai tous les instrumentaux de mes albums. Autant je ne réécoute jamais mes disques mais j’aime bien des fois réécouter les instrumentaux. Je me suis toujours dit en les écoutant, que la manière de chanter, le fait que je parle de choses assez précises, tout ça prend beaucoup de place. Parfois, on perd un peu l’instrumental. J’étais donc convaincu que la prochaine fois que j’avais une mélodie, qu’elle me plaisait comme ça et si elle n'était pas trop longue, ce serait bien de la laisser telle quelle. Et d’une façon générale, avec Clément Ducol qui a fait les arrangements, on a vraiment voulu qu’il y ait régulièrement des plages, des introductions assez longues, parfois plus d’une minute de musique. Mais peut-être qu’effectivement le fait d’avoir fait cette BO était comme une autorisation de mettre ce morceau.

La pochette de l’album est un peu différente de d’habitude. Est-ce que vous vouliez marquer l'instant présent avec cette photo de vous dessinée ?

Déjà, il y a le fait que plus tu avances, plus tu as envie de faire quelque chose que tu n'as pas encore fait. Au bout d’un moment une photo de toi dans cette position là, c’est un peu “ah oui cet album là, j’étais penché vers le bas, de face je l’ai fait sur tel album”. Mais je savais qu’avec Stéphane Manel, celui qui a fait l’illustration, ce serait moi, et en même temps pas tout à fait moi. Ça me ressemble, évidemment, mais pas complètement, j’aimais bien ça.

Ma conviction en faisant ce disque, c’est que je voulais parler de choses personnelles, mais qu’en même temps, ce soit tout le monde. Que les gens puissent se retrouver, que ça puisse aussi être une autre personne. Par exemple, la chanson la plus personnelle du disque c’est "le Garçon". Pourtant, c’est vraiment celle sur laquelle les gens me disent que ça leur rappelle des choses. Bien que moi ce ne soit pas pareil, mais l’équivalent. C’est génial quand les gens te disent “Ah ouais je vois complètement” alors que toi pas du tout ! (Rires).

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