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Mascarade

Mascarade

Jneb & Jibé Style : Chanteur & Guitariste Date de l’événement : 29/10/2013

Depuis quelques années, on suit Jneb à travers ses projets solo, et Jibé via Marcel et Son Orchestre. Aujourd’hui, on les retrouve pour parler de leur groupe commun : Mascarade. Après avoir assisté à leur Release Party à la Maison Folie Wazemmes, on a voulu en savoir plus sur leur album au titre surprenant : « J’aime pas Mascarade ». Mais pas si étonnant que ça quand on connaît leur parcours, leur manière de composer et de diffuser leur musique. On vous laisse les découvrir et on vous conseille d’assister à leur live entre autres le 13 décembre au Bistrot de St So en compagnie d’autres camarades…

Lille La Nuit : Après avoir fait quelques recherches, on s’est rendu compte que « Mascarade » était en fait l’anagramme de « camarade ». Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous expliquer les 2 facettes - camarade et mascarade - de votre groupe ?

Jneb : En fait, le nom du groupe n’a pas du tout été choisi pour cette anagramme. On s’en est aperçu après notre choix. C’était donc parfait ! Un peu comme une création par accident.
Sinon les deux facettes de Mascarade viennent surtout de notre collaboration. On a des styles différents. Je suis assez sombre, musique un peu glauque. Et Jibé va être plus jovial, plus funky, plus frais, plus léger sans être péjoratif (Rires). On essaye de marier nos deux univers.

 
Vous vous connaissez depuis longtemps : c’est la première fois que vous collaborez ensemble ?

Jibé : Ce n’est pas la première fois. Jneb a déjà sorti trois albums et on avait déjà collaboré sur le second, « Tout n’est pas rose ».

Jneb : On se connaît depuis quinze ans. Un jour dans les loges, j’ai appris que Marcel cherchait un chanteur, donc j’ai essayé. On s’est retrouvé à répéter quelques fois ensemble, et heureusement que je ne me suis pas retrouvé dans le groupe parce qu'ils ont commencé à faire des albums de merde (Rires).
Puis un jour, j’en ai eu marre de faire les choses tout seul. J’ai l’habitude de travailler seul, c’était donc intéressant pour moi de collaborer. Je compose en fait tous les instruments et des gens viennent les jouer en studio. Là en l’occurrence Jibé et Bidingue (claviériste de Marcel et Son Orchestre et Mascarade) avaient fait un morceau qui me plaisait, je leur ai donc dit que je  mettrai un texte dessus. Ensuite, je suis revenu pour diverses collaborations.
Jibé participe aussi en tant qu’interprète sur un album que je suis en train de faire mais j’ai dû lever le pied parce que Mascarade me prend beaucoup de temps.

Comment avez-vous donc travaillé ensemble sur cet album "J'aime pas Mascarade" ?

Jneb : Il y des morceaux que Jibé va composer entièrement, sur lesquels je n’ai rien à dire et inversement. Il y en a aussi certains qu’on va faire chacun de notre côté et qu’on va remettre en forme ensemble. On va rajouter des trucs, en enlever d’autres…

C’est le jeu du ping-pong créatif qui est intéressant. JB va trouver deux notes qui vont me donner les deux d’après.
Jneb

Le premier morceau qu’on a composé on l’a vraiment fait ensemble. C’est ce qu’on voulait. On avait du temps chacun pour faire quelque chose de nouveau.


Et pourquoi ce titre « J’aime pas Mascarade » ?

Jneb : Je faisais déjà un truc intitulé « J’aime pas trop Jneb ». C’est une idée que je trouve intéressante pour la promo. Comme ça, même ceux qui n’ont pas aimé le groupe en concert pourront acheter un tee-shirt (Rires).
C’est surtout qu’on arrive dans quelque chose qu’on ne maîtrise pas. On a encore une certaine candeur par rapport à ce qu’on distille. On voulait sortir de nos sentiers battus. On a même revu nos méthodes de composition. Ce qui fait qu’on est arrivé à cette espèce d’hybride qu’on a appelé Hip-Hop de Rockers. C’est pour ça aussi que le groupe s’appelle Mascarade. Les puristes du Hip-Hop vont se dire « Attends, c’est quoi cette mascarade ? », d’où le « J’aime pas » et d’où la pochette où les gens nous crachent dessus. Parce que nous on vient du Rock donc on évolue beaucoup plus dans ce milieu-là. On ne fait pas de festival Hip-Hop.

Jibé : Pour répondre plus précisément, il y a aussi une envie de ne pas trop se prendre au sérieux. C’est-à-dire qu’on voit en ce moment beaucoup de groupes chanter en anglais. Ce n’est pas une chose qu’on n’aime pas mais on revendique le fait de chanter en français.

Jneb : On n’a pas de jugement de valeur, chacun fait ce qu’il veut. Et c’est limite une bonne chose que tous les groupes français chantent en anglais, ça nous permet de nous démarquer.
Et « J’aime pas Mascarade », comme disait Jibé, c’est aussi un côté autodérision. On est beaucoup dans la provocation, l’autodérision parce qu’on n’est pas mieux que tout le monde. On n’a pas de leçons à donner. On est là pour rire des gens, de leurs faiblesses mais aussi des nôtres.

Jibé : On est là pour proposer du divertissement.

Mais en même temps derrière ce côté drôle… il y a quand même des sujets sérieux. Vous abordez des thèmes qui touchent tout le monde : les apparences souvent trompeuses, les pensées négatives qu’on peut combattre, les addictions. C’est un défouloir pour vous l’écriture ?

Jibé : C’est un positionnement.

Jneb : Oui, ça reste assez sociologique quelque part. Ça distille quelques vérités forcément. Quand on dit qu’on se moque des gens, on se moque aussi de nous-mêmes. Dans « Vieux cons », ce n’est pas forcément autobiographique. Pour écrire, j’essaye de me mettre dans la peau de quelqu’un qui vit quelque chose et qui va essayer de le décrire. Et c’est là qu’est la difficulté du chant en français. C’est ce que les gens vont te reprocher.
Par exemple, un mec comme Orelsan, je trouve qu’il écrit super bien. Les gens vont prendre ses textes au premier degré, mais ça reste vraiment de la fiction. On essaye de se mettre dans la peau de quelqu’un qui pense quelque chose et ce n’est pas forcément notre opinion ou notre point de vue. Parfois, on s'est retrouvé en face de gens qui pensaient vraiment qu'on était misogynes voire violents.

Jibé : Ou alors ils nous trouvaient vulgaires parce qu’on dit des gros mots.

Et ça vous est arrivé en vrai ce qu’on voit sur la pochette ?

Jneb : Non, ça ne nous est pas arrivé. Mais on a dans l’idée de faire un clip qui soit un peu comme ça, un peu comme dans le film « Rendez-vous au tas de sable » de Gotainer. Ce n’est pas toujours facile d’utiliser cette manière d’écriture. D’autant plus que misogyne, on ne l’est pas. On écrit d'ailleurs un morceau sur la prostitution. C'est parfois difficile d’être incompris par des gens qui vont prendre deux ou trois phrases à la volée dans ton concert et te traiter de misogyne parce que tu parles de cul. Mais ce n’est pas grave, on continuera quand même.

Justement, tu parlais de clip, la vidéo est importante pour vous. Comment associez-vous les clips à vos morceaux ?

Jneb : On essaye déjà de faire en sorte que le clip soit de la valeur ajoutée : un complément voire un supplément de la thématique ou du texte, ou alors une entrée différente qui va te permettre de traiter le sujet d’une autre manière que par le texte. Ça permet de poser un univers. On fait donc des clips qui peuvent aller du plan séquence très rapide au clip de plus longue haleine qui va nous prendre plusieurs centaines d’heures. Dans ce cas, c’est un mélange de vidéo et d'animation 2D. On travaille en collaboration avec des dessinateurs (Burpy de Lille ou Fatmat de Poitiers). Après je colorise, je m’occupe de l’animation. On a plein d’idées de clips pour la suite. Mais comme on a tout fait nous-mêmes, il arrive un moment où on s’aperçoit qu’on a plus trop le temps de faire de la musique, de faire un beau clip. On est sur tous les fronts et on cumule quelque part plusieurs métiers.

Jibé : Il faut qu’on trouve quand même une idée qu’on puisse exploiter de manière simple, rapide et efficace sans trop de moyens, sans trop de figuration, sans trop de paramètres extérieurs en fait.

Jneb : On a envie de « cliper » énormément parce que déjà, ça nous plait, ça me plaît de faire ce travail. Ça te permet vraiment de te positionner. Je crois que si on pouvait, on ferait un clip pour tous les morceaux. On y arrivera peut-être un jour. On verra.

C’est un album autoproduit, est-ce que c’est un choix par rapport à tes expériences précédentes (Marcel et Son Orchestre...) Jibé ?

Jibé : C’est un choix par défaut.
Jneb : Non, pas forcément par défaut parce qu'on s’est fait contacter par une grosse maison de disques à Paris.

Jibé : À cette époque, on n’avait pas vraiment de projet d’album.
Jneb : Non, mais on savait qu’on allait faire quelque chose.

Jibé : Oui, mais on  a cherché à avoir une distribution et on a trouvé que des plans véreux. On avait plus à y perdre qu’à y gagner. Au bout d’un moment, on s’est donc dit : « On va le faire nous-mêmes, avec nos petites mains, nos petits moyens, et on verra bien où est-ce que ça nous mène ».  On a monté ce groupe un peu de la même façon. C’est-à-dire sans projet, sans plan de carrière à proprement dit.

Jneb : Au départ, c’était purement pour faire des choses à deux. On ne s'est pas dit : « on va faire un groupe qui va déglinguer, on va tourner, on va faire des clips, on va faire un album ».

Jibé : On a d’abord fait des titres qu’on a mis en écoute en ligne. Les gens accrochaient, puis se disaient que ça serait super en live. On s’est donc dit qu’on allait peut-être faire du live. Et de fil en aiguille, on en est arrivé là.
Pour cet album, c’est la même chose. On a composé des titres. On s’est dit qu’on allait en faire un disque. On est passé par Vermine pour le graphisme de la pochette. Et on aurait aimé qu’il soit distribué mais pour le moment, ça s’est fait comme ça. Un peu par défaut.
Ce qu’il y a de bien avec cet album, c’est qu’on l’a fait tout seuls, et en même temps pas vraiment seuls, parce qu’on a fait une souscription. C'est-à-dire que des gens ont préacheté l’album. C’est un peu grâce à ça qu’on a pu le faire sinon on n’avait aucun moyen.

Jneb : C’est notre choix d’être en DIY (Do It Yourself) pour le moment. J’ai toujours fonctionné comme ça. Sauf en 2008 où j’ai eu un label avec une distribution nationale qui m’a permis beaucoup de choses. La distribution c’est surtout pour avoir une assise nationale. On s’en fout que les CDs soient dans les bacs. On sait qu’ils ne se vendront pas. Mais c’est vrai que la distribution nationale m’a ouvert des portes dans des émissions ou autres. Mais ne pas trouver un distributeur national ne nous empêche pas d’avoir un peu de promo nationale parce qu’on est des acharnés. On pense qu’on arrive un peu à sortir des sentiers battus. C’est ce qui fait notre force mais aussi notre faiblesse. Mais je pense que nos faiblesses deviendront nos forces. Comme chanter en français c’est un peu une faiblesse.

Vous voyez vraiment le fait de chanter en français comme une faiblesse ?

Jneb : Non, mais ça peut être perçu comme une faiblesse. On le sent comme ça de l’extérieur. Tu es plus en proie aux critiques négatives que quelqu’un qui va chanter en anglais. On défend corps et âme le fait de chanter en français.

Jibé : C’est un peu comme l’humour. En général, il n’a pas un super crédit dans la musique. Les groupes à tendance humoristique n'ont pas plus de prétention que de faire marrer dans les chaumières. Alors que parfois, il peut quand même y avoir du fond. L’humour est un biais. Ce n’est pas une finalité.

Jneb :

C'est vrai que j’essaye d’écrire parfois à la manière d’un humoriste. C’est la dernière phrase qui va faire tomber le couperet humoristique. Je dis bien : j’essaye. Mais c’est compliqué. En France tout est cloisonné. Et on veut décloisonner tout ça.

Jneb

C’est aussi pour ça qu’on fait nos clips nous-mêmes. La pluridisciplinarité, c’est quelque chose qui nous intéresse.

Jibé : On veut élargir les horizons.

Jneb : On a envie de rire. De vous faire rire.


Et d’ailleurs, lors de votre Release Party à la Maison Folie de Wazemmes, on a pu vous voir avec d’autres têtes connues de la scène régionale comme Aymeric Lompret, justement humoriste, mais aussi Stouffi The Stouves et Sieur RapAs de Psykokondriak : quelle est votre histoire avec ces groupes ?

Jneb : Ce sont des gens qui mènent leur barque comme nous on la mène. Ils se positionnent dans le même milieu que nous. Ils aiment aussi l’éclectisme musical. On a joué avec Psykokondriak en Juin. C’est là qu’on a vraiment rencontré RapAs. On s’est tout de suite bien entendu.

Jibé : Les rencontres, les petites collaborations comme ça, apportent toujours un souffle nouveau. Elles font toujours un peu de bien. Ça remonte un peu l’estime qu’on peut avoir de nous, de ce qu’on fait. Ça soigne aussi l’autocritique. En général, il y a toujours un truc positif qui en sort.

Jneb : Puis, on ne fait pas de « feat » pour être connus. On fait ça pour vivre des moments avec des gens qu’on aime, humainement et artistiquement. C’est pour ça qu’on les a invités avec nous. Et comme on fait du Hip Hop Rock, c’était intéressant aussi pour nous de ramener des MC's. On rejoue le 13 décembre à la Gare Saint Sauveur avec eux.

Vous êtes que deux pour cette interview mais en live vous êtes quatre. Pouvez-vous nous parler un peu des autres ? Votre rencontre…

Jneb : C’est vrai qu’on est deux à composer, même si Christophe et Bidingue ramènent un peu de leurs parties pour le live. Je connais Christophe depuis quelques années. Il était guitariste de la Cavaska. On a toujours voulu faire un groupe ensemble. Quand j’ai commencé ma collaboration avec Jibé, on s’est dit qu’il nous manquait peut-être un deuxième guitariste. J’ai donc proposé Christophe. C’est quelqu’un de très engagé, et de très passionné. Ça nous correspondait bien. Puis Bidingue aussi parce qu'on s’entend bien, on rigole bien. Ce choix a donc été naturel et rapide.

Jibé : On s’est, par la suite, rendu compte qu’on avait composé nos morceaux en studio sans prendre en compte l’aspect live. On a alors arrangé le tout pour que sur scène, on puisse amener un peu d’interaction avec le public, et que ça sonne autrement.

Jneb : On apprend, on prend du recul. On voit ce qui fonctionne ou non. Il y a des morceaux qui sont composés pour le studio mais qu’on ne va pas faire en live parce que ça va plomber l’ambiance. On préfère sauter partout et chanter/danser moins bien que d’être statique et jouer correctement. On veut donner de l’énergie.

Donc la suite c’est une tournée dans le sud...

Jneb : Oui, on va vers Toulouse, Montpellier… où on va essayer de mettre notre grain de sel.

Jibé : Faire tourner le nom et continuer d’avancer. On ne répète pas beaucoup donc les choses prennent forme sur scène. On voit le rendu sur un public, ce qui fonctionne ou non.

Jneb : Ça s’affine tout doucement. Après il y a plein d’idées scéniques mais on n’a pas le temps de les faire avec toute la promo. On verra par la suite, peut être intégrer un batteur. Pour le moment ce sont des questions financières et structurelles. C’est donc un projet en développement.

Dernière question pour finir sur les dessous de Mascarade, les shortys dans le merchandising c’est une idée qui vient de toi ou des fans ?

Jneb : Non ! Si ça avait été mon idée ça n’aurait pas été des shortys (Rires). En fait, on hésitait entre des mugs ou des shortys mais j’avais envie de m’acheter une poupée gonflable exprès pour lui mettre le shorty (Rires).

Pour les curieux, la boutique est disponible sur la page Facebook de Mascarade

Retrouvez Mascarade le 28 novembre à la Maison des Etudiants Lille 1, 5 décembre à la Boite à Musiques (Wattrelos), le 6 décembre à l'ARA dans le cadre du Festival La Sauce Jack et le 13 décembre à la Gare Saint Sauveur

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