Navrant. Pour tout vous dire, ce mot résume fort bien The Resistance, dernier opus de Muse. Dès la pochette, l'entreprise est claire, entre grandiloquence et grotesque. Muse obtient la place de l'artwork le plus ridicule de 2009, loin devant les mikados* de Depeche Mode - retiens bien ce nom, il va servir à nouveau -. Ca a au moins le mérite de faire marrer les potes, et de se demander si l'idée était de jouer la carte du fanart des dessins animés des eighties (ne rie pas, malheureux, le revival est à la mode, et pour le coup Ulysse 31 n'est pas loin). Ils gagnent également le concours de l'album le plus mégalo : "resistance" parce que tu vois, "Aujourd'hui, on vit dans un triste monde où tout est contrôlé. On devrait avoir le droit de dire ce que l'on pense, de protester paisiblement."** Merci Matthew pour cet engagement politique fort. Mais pourquoi pas. Uprising, censé résumer cet esprit, n'est pas le pire morceau de leur carrière. Mieux : l'énergie et la violence qui en émanent laissaient présager beaucoup mieux pour le reste de l'album.
Certes le choix de Mark "Spike" Spent au mixage pouvait laisser sceptique, mais un producteur au nom court ça pète. Cinq lettres, comme Flood, en un poil moins doué. A voir, le gus ayant produit le meilleur (Goldfrapp, Depeche Mode - oui, encore eux, mais c'est un hasard, voyons -, Massive Attack), comme le pire (S Club 7, Britney Spears, ...). En résumé et loin de toute ironie, le projet semblait alléchant sur le papier. Muse ne fait plus du Muse ! Génial ! Sceptiques, quand même, nous abordons The Resistance plein d'espoir, espérant entendre un concept album, possédant les qualités de Origin Of Symmetry, avec un son neuf. Maintenant Muse fait de la pop grand public (non, en fait ça c'est pas neuf, cf. épisode précédent), Muse fait du cabaret (I Belong To You), Muse fait du r'n'b (Undisclosed Desires, pire morceau de leur carrière), et surtout Muse pompe ses aînés (les fans et les vendus diront "hommage").
Ou alors nous n'avons pas tout compris. Dans un univers parallèle, The Resistance est un jeu très drôle où des samples, voire des morceaux entiers sont cachés. Et toi, auditeur, tu dois les retrouver. Un exemple au hasard ? United States Of Eurasia. Guitare à la Brian May, voix à la Freddie Mercury et choeurs typiques. Ah tiens, Muse fait du Queen aujourd'hui. On savait déjà depuis Map Of The Problematique qu'ils faisaient du Depeche Mode, vous serez ravis de savoir qu'ils en font encore. Ils font encore un peu de Muse (Unnnatural Selection). Et comme ils sont sympa, ils ont sorti toute la panoplie, ils font également du Chopin (Collateral Damage), du Robert Miles (Resistance), du George Gershwin et du Saint Saens (Exogenesis). Pour Redemption, on ajoutera même Debussy à la liste***. Par contre, Muse ne fait ni les mariages ni les baptèmes.
Là où Muse espérait écrire un opéra-rock novateur, se trouve une succession affligeante de morceaux clichés, sans véritable cohésion, malgré leurs dires à ce sujet. Le problème de The Resistance n'est même pas sa qualité musicale : il n'est ni franchement mal joué ni mal arrangé. Cet album manque juste cruellement d'une âme. Vous m'excuserez, je me remets le vinyl de Rhapsody In Blue.
* Sounds Of The Universe, piqûre de rappel disponible ici-même.
** extrait d'une interview http://musique.premiere.fr/News-Musique/ILS-ONT-DIT-Muse-l-interview/%28gid%29/1979912 .
*** mais c'est normal, après tout Alan Wilder l'avait déjà fait comme face B : http://www.deezer.com/en/#music/depeche-mode/music-for-the-masses-326152. Matt, lui, n'a pas pensé à préciser ses sources, c'est ballot.
