Bing bing bing ! Triple déflagration en guise d'introduction pour le manifeste de Mô-Alika : la révolution anti-capitaliste et altermondialiste est en marche du côté de Dunkerque !
Penchons-nous un peu plus sur ce quintet du 59 et sur leur "Leader Sheep" (le petit jeu de mots n'aura échappé à personne). On commence par la pochette de l'album : le mouton est omniprésent, de façon quelque peu anachronique. On y voit un gentil et docile petit troupeau de bovidés sorti tout droit des plaines de Nouvelle-Zélande, déambulant nonchalamment au beau milieu d'un boulevard d'une grande mégapole nippone. Une métaphore de l'aliénation au travail et une dénonciation de l'anonymat de l'humain lambda perdu au beau milieu de la jungle urbaine ? Probablement, d'autant plus que cette métaphore est cliché. Bon, ne soyons pas de mauvaise foi, cette pochette d'album est tout de même jolie comme tout.
Après le packaging, intéressons-nous désormais au contenu. Petit roulement de batterie bien sympatoche, et puis "BING BING BING", on entre dans la danse. Ca clashe d'entrée, avec un appel à un antiaméricanisme no limit. Les flows de Frid et de Jeff aka "Le Duc" nous rappellent étrangement celui de Zack De la Rocha (RATM), version francophone. Bing bing bing, on y vante le cinéaste Michael Moore durant le refrain. A noter que celui-ci est en anglais, et que l'accent laisse vraiment à désirer...ce qui peut donner un certain charme, ceci dit. Ensuite, c'est l'islamisme des talibans et la condition de la femme en Afghanistan que l'on dénonce dans les paroles de "Noir sur Blanc". L'UE en prend pour son grade également sur "Europe", ainsi que la majorité parlementaire française sur "Dirty Dark Dogs" où on y martèle "F*** You UMP" en continu.
Niveau influences, les Dunkerquois ont été gavés à coups de Rage Against The Machine, ça s'entend dès les premiers riffs : Docteur Rom est bel et bien un aficionado de Tom Morello comme en attestent les petits scratchs pendant ses solos de guitare. Soulignons les jolies performances du bassiste Mr White, qui s'essaye à plusieurs reprises tout au long de l'album à des slaps à la Les Claypool, le mythique bassiste du groupe Primus.
Ne limitons cependant pas Mô Alika à une pâle copie de Rage Against The Machine. L'album nous réserve quelques surprises avec des sonorités stratocaster chaleureuses à la Red Hot Chili Peppers, ainsi que certains rythmes funky, "hendrixiens" à souhait. Le dernier titre "Maximator" se démarque quant à lui des chansons précédentes, avec une intro plus longue agrémentée d'effets "phaser" et de rythmes pseudo-tribaux : Soulfly, nouvelle influence qui pointe son nez ? Titre sympathique, bien qu'un petit peu boulimique au niveau des effets, en particulier sur la fin où ça devient un petit peu fouilli.
Il est temps de conclure sur "Sheep Leader", authentique produit "Do It Yourself", masterisé et produit à la sueur du front du crew de Mô-Alika ! Tellement indépendant et alternatif que l'album est carrément dispo en écoute intégrale sur le site officiel du groupe ! Le résultat final est donc plus qu'honorable, même si on aurait aimé des guitares et des basses un peu plus lourdes. L'album reste au final agréable à écouter, avec des parties instrumentales de bonne facture et techniquement irréprochables. Le flow des deux chanteurs du groupe est lui aussi intéressant, même si on préfère quand Frid et Jeff s'essayent dans la langue de Molière. Au niveau textes, on sent que les gars sont dévoués pour une cause qui leur tient à coeur : dénoncer le monde de merde dans lequel on vit, ce qui est tout à leur honneur. Attention à ne pas retomber trop facilement dans les clichés du genre...
Tracklist :
1. Bing Bing Bing
2. Noir Sur Blanc
3. Mô Alika
4. Dirty Dark Dog
5. Super Mouton
6. Europe
7. 80 pour Cent
8. Euphory
9. Final
10. Maximator
11. Mô Alika vs Djamel