Oscar « Cut and paste »

Oscar « Cut and paste »

Oscar Cut and Paste Style : Ligne claire, lignage clair Sortie : 04/03/2016

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Voilà un jeune homme qui débarque dans la pop avec culot et ambition. "Cut and paste" d'Oscar, couper/coller, résonne quasiment comme une provocation très British, pince sans rire et "tongue in cheek". De fait, le nombre de noms qui vont vous passer par la tête en écoutant cette bulle pop de 35 minutes est impressionnant. On pensera à un Morrissey soft, sans les roucoulades du mancunien à jabot, on évitera très difficilement de penser à Damon Albarn dans les intonations et donc à Blur, à Cure pour le clavier de Daffodil days (correction automatique proposé par son téléphone alors qu'il voulait taper difficult days à un ami!) et à toute une frange Britpop un peu désuète aujourd'hui mais qui s'en sortait très bien, Elastica, Boo Radleys, etc. Quelques savants contretemps esquissent même un reggae blanc up tempo réussi. C'est très pop et extrêmement accrocheur, immédiatement, servi par une production très mûre, aussi mature que la voix du jeune homme de 24 ans, après trois EP. Sens aigu de la concision pop, de la relance et de ses timings pour que les morceaux ne s'écroulent jamais. Non, ce n'est pas révolutionnaire mais c'est un bon disque, extrêmement complet et sans temps faibles. On évolue dans un univers absolument familier alors qu'il s'agit d'un premier album et pourtant, au lieu de le ranger tout de suite au rayon des fausses nouveautés, on le repasse et on en fouille les détails, extrêmement soignés par le jeune homme qui fait tout tout seul. Il peut également faire preuve de beaucoup de feeling et de soul, comme dans cette version dépouillée de Breaking my phone

Quant aux influences, c'est un faux débat... Blur sans les Kinks ? Oasis sans les Beatles ? Suede sans le Glam et Bowie ? Les Stones sans le blues du Delta ? Les Beatles sans Chuck Berry, Carl Perkins et même Lonnie Donegan et le Skiffle ? Johnny Marr sans le James Honeyman-Scott de premiers Pretenders ? On finit toujours par se choisir inconsciemment des maîtres que l'on réinterprète avec talent... ou pas. Ce n'est plus tellement la peine de se poser la question au fond, sauf si c'est un plagiat strictement opportuniste. Oscar livre ici une belle collection de chansons qui viendront se nicher tout naturellement dans le sillon de tous les morceaux produits par ses modèles. A lui de dépasser cet héritage sur un second effort pour autant qu'il en ait envie, pour autant qu'il en ait besoin. Il a le talent d'écriture pour le faire sans aucun doute. Pétri de nombreuses cultures, du Hip Hop de Eric B & Rakim au rock garage qu'écoutait sa sœur, pendant que son père jouait avec un combo plutôt punk, il a encore tout le temps de se développer, de se trouver une voie encore plus personnelle. Il sera au Botanique, le 7 octobre 2016. A découvrir, sans aucun doute. 

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