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Depeche Mode Sounds of the Universe Style : Sortie : le 20 avril 2009

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Depeche Mode, musicalement parlant, est un groupe passionnant, en constante évolution et continuelles explorations depuis trente ans. Si le style est généralement reconnaissable, le combo a prouvé par le passé – ne serait-ce que par les brillants Songs Of Faith & Devotion et Ultra qui ont suivi le succès fulgurant de Violator en 1990 – qu’il était capable de se réinventer. Quid alors de ce nouvel opus, Sounds of the Universe ?

Un titre qui évoque Music For The Masses, Ben Hillier à la production comme pour Playing The Angel, Corbijn à l’artwork (pas des plus réussis, par ailleurs, en version "classique", la box deluxe* étant une merveille autant par son contenu que par son packaging). Sans se plaindre de la combinaison, celle-ci ne fera pas instantanément frétiller de joie le "devotee"** en mal de nouveauté. Sounds of the Universe pose problème : il ne se livre pas si facilement. Comme le prouve le mauvais rendu en radio du terrifiant premier extrait, Wrong, les arrangements sont fins. Ils doivent être pris en compte, analysés, décryptés, à l’instar des albums de Recoil** dans un autre genre.

La première chanson, In Chains, est un bon exemple, entre douceur trompeuse et force en filigrane, à l'instar de la performance live de Dave Gahan qui a gagné en subtilité vu le live au Luxembourg dernièrement. Subtilité et duplicité sont les maîtres mots de cet opus. Ainsi la quasi-parfaite Wrong, longue liste d'excuses, touchante et troublante, démarre presque en douceur, traverse un break calme extrêmement travaillé. C'est sans compter la montée de l'intensité dramatique jusqu'à atteindre le point culminant où les sons stridents se font semblables à des chœurs criés, associés aux véritables chœurs prolongés et bouleversants de Martin Gore.

Subtile et double aussi l'écriture, qui apparaît plus joyeuse de prime abord. Comme sur l'album précédent, l'écriture est partagée avec Dave Gahan qui signe trois textes, dont le mystique Hole To Feed. En réalité, l'écriture balance en permanence entre ombre et lumière : "There's something magical in the air / Something so tragic we had to care" (Fragile Tension). Duplicité qui a toujours fait merveille chez Depeche Mode. Ainsi à l'instar d'un Waiting For The Night, on trouve le sublime Little Soul, doucereux, tout comme le faussement innocent Peace qui tire vers le morbide dans sa thématique si l'on regarde de plus près.

S’il fait part belle à un blues sous-jacent, Sounds of the Universe marque également le retour de sons qui ont "fait" Depeche Mode : Martin Gore a pris un malin plaisir à rassembler et utiliser d'anciens synthétiseurs. Bric à brac de sons datés (peut-être aurait-on pu se passer de Spacewalker) et modernes à la fois, l'album se fait intemporel et quelque peu écorché, même si l'on regrette que la production n'ait pas été un peu plus brute, ce qui eût été bénéfique à certains titres (le lointainement tribal Hole To Feed, ou Come Back) (au fait, à quand Alec Empire à la prod' ?).

L'album se clôt avec le brûlant Corrupt : suggestif avec ses soupirs à la Dirt, se posant de par son ton faussement arrogant et décalé en nouvel It's No Good. Et on en redemande. L'album a besoin, plus que son prédécesseur, d'être apprivoisé mais se révèle bien meilleur, ironique et addictif. "I can corrupt you in a heartbeat". Aucun doute là-dessus.

 

* L’album est notamment sorti sous forme d'une box-set comprenant des chansons inédites (mention spéciale au titre Ghost) et des démos.
** nom qualifiant de manière humoristique les fans depuis SOFAD.
*** Recoil est le projet d’Alan Wilder, membre du groupe de 1982 à 1995. Sa musique est très riche, combinant les influences, et fait appel à de multiples références et samplers à chaque album.

Retrouvez Depeche Mode en concert dans toute l'Europe dès à présent.

Site officiel : http://www.depechemode.com
MySpace officiel : http://www.myspace.com/depechemode 

Vidéo d'une performance de Wrong pour Das Erste (disponible en HD) :

Et en bonus une version revisitée de Come Back :

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