Rammstein impressionne encore. Un artwork travaillé qui fait froid dans le dos autant qu’il séduit. Là se trouve toute la virtuosité du groupe, manœuvrer dans des eaux agitées, toujours sur le fil. C’est une nouvelle fois au bord du précipice que l’auditeur se pose. Sujets au vertige s’abstenir.
Liebe Ist Für Alle Da est un monument, un roc. Onze titres qui font le forcing et qui s’insinuent dans la douleur. Wilkommen nous susurre Till (Wiener Blut) avant de nous envoyer dans l’enfer de Joseph Fritzl. Un riff purulent camoufle les cris d’une femme enfant, tandis que la batterie assène les coups de butoir. L’abject inceste mis en musique. Une démonstration parmi tant d’autres du terrible pouvoir de suggestion de Rammstein.
Autre sujet casse gueule : l’histoire d’amour contrariée entre un soldat allemand et une française dans un monde en guerre. Frühling In Paris s’impose comme l’une des plus belles ballades du groupe. Au niveau d’un Ohne Dich, d’illustre mémoire. Au delà de la controverse, les envolées de guitares transpercent les cœurs. Une prise de risque, une de plus.
Mais que les amateurs du Rammstein plus incisif se rassurent : le groupe signe avec cet album un pacte d’agression permanent. B******** est un déchirement, Rammlied use des cordes les plus sinistres (malgré son côté plus abordable), et le déjà classique Pussy promet les délires les plus obscènes sur scène.
Malsain, brutal, licencieux, Rammstein est de retour pour pervertir une scène metal qui s’essouflait. Musicalement, n’attendez pas une révolution, la formation oscille toujours entre la violence des débuts et les mélodies de Reise Reise. Waidmanns Heil mêle ces deux aspects avec succès.
Nouvel hold up de la bonne conscience, Liebe Ist Fur Alle Da est d’un sadisme à toute épreuve. C’est reclus dans un stress constant que l’auditeur attend la prochaine piste, avant de sombrer. Rammstein ist Rammstein !
Noesis.
PUSSY: le clip. Avertissement.
