Empty, ce n’est pas ce qui peut qualifier l’univers musical du duo lillois Khâro composé de Caro et Karo. Empty, c’est le titre de l’Ep (5 titres) épuré, intelligent, bien mené, offert par ces musiciens alchimistes parvenus ensemble à la symbiose. C’est une guitare, une voix, à l’unisson. Ces deux artistes parviennent à rendre leur musique abrasive et électrique.
Puissantes, implosives, leurs compositions sauvages et indomptables invitent l’auditeur à chevaucher ces intrépides créations. Les lignes mélodiques entêtantes sont soutenues par une guitare rythmique haletante, lancinante où des volutes répétitives s’échappent des cordes.
La force du duo réside dans leur capacité à enchaîner les titres sombres et rythmés et les balades fantastiques rampantes.
Plutôt intime que minimaliste, le combo n’a rien à envier à la puissance de 4 violoncelles finlandais d’Apocalyptica. Le point commun qui unit ces deux formations émerge de leur univers quasi féerique. Loin du classicisme, un brin classieux, Khâro, ténébreux se glisse dans la peau d’un conteur qui métamorphose morbidement ce qu’il touche. Danses macabres tantôt torturées, tantôt machiavéliquement angéliques, tantôt angéliquement malsaines ; les chansons du groupe suintent l’œuvre d’un Francis Bacon supplicié. Les notes coulent, s’envolent, retombent et s’égrainent sur un sol saignant.
Les chansons de Khâro sont des toiles bouleversantes que l’on doit manipuler avec précaution. Empty est une œuvre d’art dangereuse, une drogue dure qui pourrait nous entraîner dans les abysses humaines.
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