Avec son nouvel album, le groupe franco-belge Juddu Combo nous invite à prendre la tangente sur la Gondwana Road. Si cette route ne vous évoque pas grand chose, il s'agit, en paléogéographie, de territoires situés aujourd'hui dans l'hémisphère sud. Née il y a cinq ans, la formation riche des origines métisées de ses huit musiciens, nous offre un voyage initiatique où la rigidité des normes sociales et l’intolérance n’ont guère leur place.
De sa voix suave, Valérie Guirao, nous sussure à l’oreille de jeter un oeil par le hublot, histoire d’observer ce qui se passe par delà les frontières. A travers neuf escales du Brésil à l’Afrique, Juddu Combo nous colle un sourire jusqu’aux oreilles, nous fait taper du pied et fredonner ses paroles à tue-tête ! Car oui, tous les ingrédients sont bel et bien là pour aboutir à ce résultat : des rythmes percussifs, des cocottes funky à la guitare, de l’énergie festive grâce à la section de cuivres et un groove entraînant à la basse.
Via des textes engagés, le groupe nous dresse un portrait actuel de notre mappemonde. “Les âmes bien pensantes donneuses de leçons qui savent où est le bien. Toutes les concessions d’un chemin bien pépére, la foire aux illusions.” Avec le titre “Démêler “, Valérie Guirao nous scande de s’affranchir de toute pression sociale et de vivre tel qu’on l’entend !
“Eldorado” nous conte l’exode de Lika forcée de quitter sa terre natale en quête d’un avenir meilleur. Peu à peu, ce monde nouveau dévoile son vrai visage : “elle y perd tout ce qu’elle y sert”. Un désenchantement qui porte un nom : l’esclavage moderne. Doté d’arrangements plus mélancoliques “Sahel” s’inscrit dans la même veine. “A travers cette terre là-bas où le désert n’est plus roi, où l’on ne se cache pas, où le soleil ne brûle pas”.
Au-delà des textes nous reliant par leur universalité, Juddu Combo nous sert une pincée d’introspection. C’est ainsi que des textes comme “Bahia” et “K'pasa” trouvent aisément leur place et nous questionnent. L'un par des nappes lascives cubaines, l'autre par des notes plus épicées empruntées au jazz-latino. Une dédicace à Fela Kuti, père fondateur de l'afro-beat ? "Kinshasa" en a tout l'air ! Sans résistance, on se laisse happer par cette douce folie qui est véhiculée ici.
“Gondwana Road”, marque l’atterrissage par une mélodie menée à coup de kalimba, de guitare, de calebasse et de language imaginaire. Elle nous donne tout simplement l’envie de presser la touche replay et de réembarquer. Encore et encore.
Les curieux en sauront davantage en likant leur page Facebook et en écoutant leur album sur Deezer.
