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« Les Conquêtes » de Radio Elvis

« Les Conquêtes » de Radio Elvis

Radio Elvis Les Conquêtes Style : Belles lettres et guitares fines Sortie : 01/04/2016

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Lettrés, jouant de fines références, osant d'emblée le mot Synesthésie, ils vont nécessairement se faire taper dessus pour ça, c’est clair. On n’aime pas toujours les filiations, même élégantes, même baudelairiennes. Oser le regard clair vissé net dans ce qui nourrit son travail, ça peut se payer. Aucune œuvre pourtant ne sort plus jamais comme un météore du ciel de l’art pur. Alors quand on ose le grésillement des postes de Radio et qu’on évoque Elvis, forcément, on choisit de suivre un sillon.

Organiques et parfois synthétiques, les tenants des deux options les trouveront sans doute inégaux dans la répartition de ces deux pôles, leur batteur jouant même du clavier de la main gauche pendant qu’il mailloche ses peaux de la main droite. Alors, oui, vraiment, de nombreuses références passent dans le disque et on les a déjà beaucoup évoquées. Ce qui serait ennuyeux, c’est qu’elles soient juste ânonnées ou bafouillées sans grâce. Mais il y a ici une élégance crâne, un torse fièrement bombé musicalement, une morgue un peu bravache qui rassurent et qui épatent vraiment. Un disque sacrément culotté. A l’heure où les têtes d’affiche du grand festival Coachella ont en commun d’être sûres de ne pas pouvoir y jouer dans 10 ans (Coldchella ? Old'fella'), on est en présence d’une promesse d’avenir. Ce n’est pas rien. Pas de faux procès, pas de jeunisme idiot, on a assez de cheveux gris pour que l’on ne fasse pas les malins, mais quand même…

Au moins, ces (très) jeunes gens ont tout le temps de se développer, de s’affiner, de se poser, d’évoluer, de mûrir, de varier trajectoires et directions... Quand on écoute tout ce qui se décline ici, quand on entend tout ce qui y passe et tout ce qui s’y passe, la résonance des pas de Bashung dans la canopée, l'écho des mots clamés de Bertrand Belin, les tremblements nerveux en apnée juvénile d'un Noir Désir débutant et fiévreux, le mélange des fines plumes françaises et des élégances britanniques instrumentales, on y croit. On espère fortement apercevoir un devenir, une ombre portée vers demain plutôt qu’une énième déclinaison passéiste d’un âge d’or qui n’existe pas.

Tout est là, c’est un disque de foi. Un disque capable de suggérer des contours de continents, d’emporter vent debout ses passagers au large, de dessiner des paysages imaginaires, de tendre des toiles pour y projeter de grands espaces. On développe des finesses tissées dans l'élégance, par exemple un phrasé très légèrement orientalisant pour Au loin les pyramides dialoguant avec une guitare un peu jouée comme un Oud. Sans peser

De la morgue et de l'ambition, des guitares claires giflées d'énergie, des basses mixées devant, des paroles qui requièrent et méritent l'écoute, des échos profonds sur La Route, des audaces formelles telles qu'un morceau doublé de 13 minutes pour finir le disque. De l'allure, donc, de la fière allure. Vendredi soir au Poche, à Béthune. C'est presque complet. Vite. A voir Juste avant la ruée.

  1. François Delsart

    Tu as le Parker affuté camarade ! Bel article et grand merci, pour eux, pour nous ...

  2. Simon

    Quel*

  3. Alexandre Caboche

    Une merveille journalistique cet article. c'est du lourd.

  4. Simon

    Quelle plume ! Quelle style, j'en reste bouche bée.

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