« Aussi propre que possible » ! Voilà ce que pourrait être la devise de Stéphane Charasse alias Boogers sur son nouvel album. Elevé devant la télévision, Boogers y pratique l’art du zapping. Vous savez ce fameux geste universel de la main qui nous incite à changer de chaine machinalement. Boogers, lui, reproduit cette méthode jusque dans sa musique. Ces morceaux comme sa pochette, sont un formidable fourre-tout d’instruments : guitare, batterie, synthé, table de mixage, tout y passe. Boogers le revendique, il aime bricoler les sonorités, titiller la curiosité, rajouter et redonner sans cesse une nouvelle nuance à ses morceaux.
Et pourtant, Boogers n’en est pas à son premier essai. Après avoir fait ses armes en tant que batteur de Rubin Steiner, la question ne se pose plus, le garçon sait innover et se rénover. Les critiques sont unanimes à son propos (lauréat du concours CQFD des Inrocks en 2005 et du FAIR 2010) et sur ses chansons qui disent tout en à peine 4 minutes. Non seulement les plages conversent avec l’auditeur, mais elles lui proposent également un long et turbulent voyage. Ce n’est pas une excursion en terre asiatique, encore moins au cœur des Highlands écossais mais un chemin tout tracé vers une plénitude festive.
Au jeu de l’identification, il cite volontiers : Beck, les Pixies The Clash ou encore The Ramones, mais ne postule pas à la succession de leur univers musical. Cette généalogie relativement courte renferme plus d’éclectisme qu’il n’y paraît. Les rythmes évidents et les mélodies entêtantes tiennent en haleine tout individu curieux de sonorités loufoques, capables de rompre avec une certaine routine.
Certes le verbe est pauvre, mais ici ce n’est pas le but. Si vous écoutez Boogers alors il y a de fortes chances que vous vous mettiez à danser dans tous les sens, à chanter à l’unisson avec vos amis puis à finir par le réécouter. Et puisqu’il est question de s’amuser, parlons-en ! La démarche ici est ludique, chaque titre réinvente ce que « tube » signifie. Les morceaux brillants se succèdent, les singles potentiels également. « I trust you », « Put your head » et « Perfect week » sont autant de titres qui pourraient être diffusés sur les ondes si les radios été un peu plus audacieuses.
Préambule de cet album, chanté en anglais, « Anywhere » est une sorte de teaser annonçant le potentiel de ce tourangeau. Une capacité créative qu’il n’hésite pas à transgresser pour arriver à un son parfois groovy et Lo-fi. Puis arrive l’hymne, « Lost my lungs », comment parler de Boogers sans mentionner ce morceau qui n’a rien à envier à l’électro-pop anglo-saxonne. Véritable tube à en devenir, il est simultanément la colonne vertébrale et le résumé de l’album.
Fraichement farfelu, franchement barbu, l’artiste livre avec « As Clean As Possible » un disque à la fois pétillant et intriguant mais totalement décousu. Il ne fait aucun doute que cet homme orchestre fait partie d’une génération d’artistes, inclassable et immanquable en 2010.
> Il sera en concert à la Péniche le 25 mars à 20h.
Boogers "Talk To Charlie"