Vous aimez le slam ?! Ouvrez grand vos oreilles, Kémiargola déploie sa verve et son éventail de rimes à travers son album « 3228 Révolutions d’amour et de colère », sorti le 12 mai dernier. Après un 1er album sorti en 2004 « Rictus de l’échec programmé », Kémiargola nous offre une seconde palette d’un Hip Hop affectif détonnant.
D’emblée, le ton est donné. Non Kémiargola ne cherche pas à nous faire rêver. Il parle de la vie, la vraie, de la dure réalité que nous devons tous un jour affronter. Le 1er titre « La vie avait replié son éventail d’étoiles » a pour thème la mort de sa mère. Une étoile s’est donc éteinte, celle de « l’être le plus cher » qu’il a perdu pour toujours. La voix n’est pas triste mais neutre. Elle relate, comme le ferait un narrateur ; Mais elle cache implicitement une « révolution d’amour ».
7 titres de chansons commençant par « Radio Révolution » se succèdent au fil de l’opus, révélant des opinions politiques anticapitalistes et anti-impérialistes. Kémiargola offre à ses « voix de la Révolution » de s’exprimer : « A travers les buildings, au cœur des inhumaines entreprises, dans les rues sales de l’oubli… » On entend Ciel, et Fanny dans Radio Révolution 2.
Un train pour nulle part est la confession d’un ancien adolescent déchiré entre amour et alcool, qui parle de la drogue et du désespoir à seulement 13 ou 14 ans. Une révélation qui se veut moralisatrice et conseille « évite d’être accroc à ces chaînes-là ».
D’autres titres à citer : Ma torche / My mind , mixé par dj Berlin « Ma torche est textes de guerres pour les sœurs les frères(…) », témoignant d’une certaine inspiration politique de l’artiste « J’rentre pas dans l’arnaque socio-culturelle ». Il utilise des mots forts, qui marquent. J’ai pas connu, dans lequel il évoque ses origines et les moqueries auxquelles il a dû faire face pour être « nègre », « noir » ; même si Kémiargola n’a « pas connu l’Afrique des tams-tams ». Il aborde aussi le thème des colonies, du racisme.
Après l’écoute de l’album, on se dira que Kémiargola, on aime ou on n’aime pas. Une chose est sûre, son art étonne, divise, intrigue. Le rappeur et slameur lillois oscille entre colère et amertume. Les diverses mélodies caractérisant l’opus pourraient sonner apaisantes ; mais ne le sont en rien compte-tenu des textes qui s’y calquent.
Quoiqu’on en dise, et parce qu’on a tous des coups de gueule et des coups de cœur à exprimer, que nous avons besoin de nous confier, ça vaut la peine d’écouter. A l’image du métissage duquel est issu Kémiargola, le mélange Slam / Hip Hop rencontré en ressort riche, coloré et original.