Il est rare de pouvoir caractériser un groupe avec un seul qualificatif. Et pourtant, ça existe. Prenez le cas de Déjà Vu, formation lyonnaise montée en 2005 : c’est un groupe Pop, ni plus, ni moins. Et le groupe l’affirme clairement dans son dernier album, Roulette Russe, sorti le 9 novembre 2009 : des mélodies pop, les Beatles et les Kinks comme influences et des références à 1967 (année pop par excellence – l’un de leurs morceaux s’intitule d’ailleurs 1967).
Déjà Vu fait donc de la pop, mais ne se limite pas au format pop (couplet - refrain - couplet… en trois minutes). Certains titres, comme 3 bis, rue Ferrachat ou Insomnie, sont plus progressifs. Le premier est assez entêtant. Les couplets murmurés et les riffs étouffés sont tranchés par un refrain accrocheur, qui donne envie de chanter et de pousser le volume plus fort. C’est aussi la fin du titre qui en fait sa force : une outro qui monte, un rythme qui s’accélère, le son qui augmente, un solo qui accentue le sentiment de pression… et tout ça explose et s’arrête, avant de repartir pour un ultime crescendo, plus court. Les amateurs de rock apprécieront.
D’autres titres se distinguent sur Roulette Russe : Alison Gray (premier single extrait de l’album), Insomnie et son ambiance sombre et planante, ou encore Remington Blues. Ce qui est frappant aussi avec ce disque, ce sont les rimes que l’on trouve dans chacun des onze morceaux. Les paroles, en français, sont par moment d’une relative banalité : « Quelle étrange maladie, Elle est la femme de ma vie, Nous pourrions être heureux tous les deux » et les rimes un peu faciles : « Tes idéaux sont morts, Tes bijoux sont en or », mais il faut reconnaître à François Serin (chant, guitare) son talent d’écriture.
Aussi, à travers quelques images, on perçoit la critique du monde actuel : la peoplisation, la hype, la recherche de l’argent, de la célébrité et du sexe. La pochette reflète d’ailleurs cette critique : dans un appartement luxueux, après une nuit apparemment mouvementée, une fille est assise sur un fauteuil et fixe fièrement l’objectif, une arme à la main ; sur le sol, des vinyles, un jeu de poker, des bouteilles de champagne et… les pieds d’un homme étendu. Ambiance.
Déjà Vu est donc un groupe prometteur. Et, à en juger par son évolution depuis sa formation, il ira loin. Il faut pourtant mettre un bémol à Roulette Russe. Car malgré toutes ces bonnes choses, la production est un peu lisse. L’album gagnerait en profondeur si les chœurs étaient plus présents ; si les guitares étaient plus acérées ; et si les solos étaient plus mis en relief.
Mais ceci ne doit pas vous empêcher de découvrir Déjà Vu. S’ils ont partagé les scènes avec Eiffel, Asyl, The Bishops ou encore Jil is Lucky, c’est sûrement qu’il y a une bonne raison !