Torpedo : le road movie d’un loser

Torpedo : le road movie d’un loser

Le cinéma belge est encore à l’honneur cette semaine. Après le génialissime Hasta la Vista et la prestation bluffante de Jérémie Renier dans Cloclo, c’est au tour du belge le plus décalé du cinéma, François Damiens, d’envahir les salles obscures avec le film Torpedo. Au centre de l’histoire : une fausse famille, un kidnapping, un camping-car et Eddy Merckx…

« Torpedo, c’est l’histoire d’un mec qui va toujours de l’avant, jusqu’à foncer dans le mur sans jamais retourner en arrière. » Voilà comment François Damiens résume le premier film de Matthieu Donck. Au centre de ce récit, Michel Ressac, un trentenaire sans situation précise et qui passe son temps à rater tout ce qu’il entreprend. Sa vie bascule le jour, où il pense avoir gagné le repas de sa vie avec son idole Eddy Merckx. Une occasion inespérée de prouver qu’il est tout sauf un pauvre looser sans avenir. Un événement vécu par le jeune réalisateur, « Il y a dix ans, j’ai travaillé dans une boîte de télémarketing où je m’appelais Pascal Dumont. Dans un grand open space, cent personnes gueulaient le même nom au téléphone et offraient des cadeaux à la condition de venir le chercher en famille. Puis j’ai vite imaginé l’horreur pour un homme qui ne correspondrait pas au « modèle » : il vit seul, se pointe pour récupérer son cadeau et on ne lui donne pas, sous prétexte qu’il n’a pas de famille. Il y a de quoi se tirer une balle ! C’est horrible. » Michel Ressac, sans famille décide alors de s’en créer une et va tout faire pour gagner son repas avec le cycliste belge.

Pour un premier film, Matthieu Donck manie parfaitement son sujet. Il crée des personnages tous plus absurdes les uns que les autres, mais il réussit à ne pas tomber dans la comédie creuse et sans intérêt, en donnant une dimension supplémentaire à ses personnages. Il livre un road movie drôle et touchant à la fois. Le road movie est un genre très prisé actuellement au cinéma, un choix que le réalisateur justifie : « le parcours intérieur des personnages rejoint celui qu’ils font à l’extérieur. La destination avait finalement peu d’importance : l’essentiel était qu’ils aillent loin. Géographiquement, mais surtout humainement. C’est un bon moyen pour le personnage principal de découvrir que le bonheur est un voyage, pas une destination. » On suit donc avec plaisir les mésaventures de Michel Ressac, Christine l’ex désabusée et pommée, Kévin le canaille de 10 ans sans famille, Pascal Dumont le vendeur tyrannique et Eddy Merckx l’ancien champion de cyclisme. Le réalisateur confie à propos de ce symbole belge « c’est un peu le dernier des belges. Il est comme Tintin, il réunit toutes les communautés. Je ne sais pas s’il avait très bien lu le scénario, mais il a cru que ce n’était pas un film, mais une véritable opération commerciale. Persuadé d’avoir été piégé, il a failli tourner les talons. On l’a rattrapé à temps. »

Du côté des acteurs, François Damiens fournit une belle interprétation. Il excelle toujours dans le personnage du beauf, même si la lassitude de le voir aborder continuellement le même genre de rôle commence à se faire sentir. Mais c’est surtout la prestation de Cédric Constantin, dans le rôle de Kévin qui est surprenante. Il forme avec François Damiens un duo hilarant. « C’était une belle surprise. Ce gamin était assez naturel. On ne le sentait pas jouer. J’aime le rapport que Ressac entretient avec cet enfant. Pour lui, qui est désespérément seul, ce n’est pas un môme, mais un pote. »

Le périple fou de Michel Ressac sort ce mercredi dans les salles, à vous de juger s’il « est un imbécile fini ? Un looser pathétique ? Ou un audacieux sans limite ? »


 

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