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« Les Intranquilles » : Joachim Lafosse signe un grand film sur la bipolarité

« Les Intranquilles » : Joachim Lafosse signe un grand film sur la bipolarité

L’Actu Ciné de LillelaNuit vous fait découvrir Les Intranquilles. Dans son nouveau film le cinéaste belge Joachim Lafosse s’inspire de sa propre enfance. Il raconte l’histoire d’un père artiste, bipolaire, les démons qu’il doit affronter. Le réalisateur évoque, aussi, les difficultés des proches. Tous sont des intranquilles. Dans ce film juste et bouleversant, Damien Bonnard, Leïla Bekhti, et le petit Gabriel Merz Chammah, impressionnent.

Joachim Lafosse

Joachim Lafosse est un artiste exigeant. Le cinéaste se donne tout entier à son art. Son objectif est de réussir le meilleur film possible. Pour y parvenir, il cherche les meilleurs comédiens, n’hésitant pas à modifier la distribution de ses films quelques jours avant le début de ses tournages. Il l’a fait pour L’Economie du Couple (chronique d’une séparation sur un mode douloureux), il l’a de nouveau fait pour Les Intranquilles. Ce n’est pas une coquetterie, une lubie. Lafosse veut accomplir le film qu’il a en tête. Au risque de s’apercevoir, un peu tard, qu’il s’est trompé d’interprète. Si elle peut être douloureuse, la démarche est la preuve d’une grande probité intellectuelle.

Joachim Lafosse signe des films souvent noirs, intenses, qui vous prennent aux tripes (Elève Libre, A perdre la raison). Les Intranquilles ne fait pas exception. S’il a décidé de faire se dérouler son récit de nos jours, au cœur de la pandémie, Joachim Lafosse, retrace bien son enfance, et sa vie auprès d’un père bipolaire et photographe. Dans Les Intranquilles, le père est peintre : une idée du comédien Damien Bonnard (Les Misérables), qui a fait les Beaux-Arts, et peint certaines toiles visibles dans le film. Il incarne Damien, tandis que Leïla Bekhti joue Leïla, la mère, et Gabriel Merz Chammah, Amine, l’enfant.

Damien Bonnard, intense.

De grands acteurs dans "Les Intranquilles"

Damien Bonnard ne joue pas. Il incarne, donne chair à son personnage. Constamment sur le fil du rasoir, il aurait pu tomber dans la caricature. Ce n’est jamais le cas. Bonnard a travaillé dur, est allé au centre hospitalier Sainte-Anne pour côtoyer des malades, a travaillé avec le peintre belge Piet Raemdonck, s’est investi corps et âme. Le labeur ne se voit jamais à l’écran. Nous sommes à l’opposé de ces performances qu’aiment tant certains festivals, César ou Oscars. Damien Bonnard fait naître une vérité, un naturel ; Il rappelle le grand Patrick Dewaere. On ne voit plus le comédien. On voit un homme blessé, malade, qui vit très fort, trop fort, malgré lui, à cause de la maladie.

A ses côtés, Leïla Bekhti endosse un rôle casse-gueule, difficile. Elle n’aurait pu être que le faire-valoir, jouer la femme du souffrant. Elle est à l’opposé. Par la grâce d’une écriture fine et précise, une fièvre, des regards, des intonations de voix, des positions du corps, des mains, elle donne vie à un personnage magnifique. Elle est l’une des intranquilles. Aimant jusqu’au point de rupture, se battant pour son compagnon, l’accompagnant. Soutenant leur enfant, aussi. Mais Lafosse et l’actrice n’en font pas une madone.

Gabriel Merz Chammah est habitué des plateaux et des techniciens (il est le fils de l’actrice Lolita Chammah, et petit-ils d’Isabelle Huppert). C’est certainement cette proximité naturelle avec le cinéma qui le rend si juste. Les enfants sont parfois d'insupportables petits singes savants à l’écran. Avec peu de dialogues, ce gamin est constamment émouvant. Ses regards suffisent à transmettre la détresse d’un enfant malmené, en souffrance. Par son jeu d’une grande maturité, on perçoit l’enfant qu’a dû être Joachim Lafosse.

Le plus beau rôle de Leïla Bekhti.

Une histoire d’amour

Si Les Intranquilles traite de la bipolarité, il est d'abord une grande histoire d’amour. Certes heurtée, parfois violente et contrariée. Mais, dans ce film, il n’est question que de sentiments, de bonté, et d’amour.

Jamais complaisant, réalisé avec l’énergie du cinéma d’action, Les Intranquilles n’est pas l’œuvre d’un artiste qui s’apitoie sur son sort. Lafosse livre un témoignage simple, direct, pudique. On parie que Les Intranquilles aidera de nombreux patients (de toutes pathologies), mais, aussi, des parents, des familles, des accompagnants. Il est heureux que Joachim Lafosse ait fait huit longs-métrages avant de réaliser Les Intranquilles. Point de colère, de jugement, de règlement de comptes, de manichéisme. In fine, Les Intranquilles est une œuvre paradoxalement apaisée. C’est sans doute ce qui la rend bouleversante et universelle.

Synopsis : Leila et Damien s’aiment profondément. Malgré sa fragilité, il tente de poursuivre sa vie avec elle sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire.

Les Intranquilles de Joachim Lafosse
Sortie le 29 septembre 2021
Durée 1h58

Conférence de presse Les Intranquilles Festival de Cannes

*Titre qui fait référence à L’Intranquille, l’autobiographie du peintre Gérard Garouste, atteint de bipolarité. Le livre a marqué Joachim Lafosse.

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