Friendly Fires, Miles Kane, Foster The People et Morning Parade à l’Aéronef – Festival des Inrocks

Le festival des Inrocks fait partie de ces événements que typiquement certains affirment bouder mais où finalement tous se retrouvent. Si le festival n'affiche pas complet à Lille, le succès est néanmoins au rendez-vous. L'Aéronef est presque rempli et l'étage a été ouvert pour l'occasion, ce qui est toujours synonyme de bonnes préventes. C'est donc devant une foule assez dense qu'apparaissent les Morning Parade, groupe anglais qui propose du rock anglais dans ce qu'il comporte de pire et de meilleur à la fois. Le guitariste est visiblement plus inspiré par le look de Sergio Pizzorno (Kasabian) que par son jeu de guitare. La communication s'établit, par contre, et c'est une bonne surprise. Polis et même contents d'êtres là, ils disent "bonsoir" en français et affirment être heureux d'être là. Et si quelques-uns de leurs morceaux sont imbuvables, le groupe propose de bonnes surprises. Trois petits tours et déjà dehors, les groupes s'enchaînent au festival. A côté de couples qui prêtent une attention modérée à leur environnement, on jette un oeil torve sur un documentaire typiquement rock. Comprendre : en anglais, avec un quota de questions sur le rock et l'allure. Mais oui, est-ce que tu te fringues comme tu joues, ou l'inverse ? Les victimes sont Kaiser Chiefs et l'ensemble se révèle assez amusant.

Pendant ce temps, on installe de petites boules à lasers sur la scène. Si toi aussi tu as déjà pris des clichés en concert, tu sens ton poil se hérisser à te rémémorer de vieux cauchemars liés à ces engins de malheur, beaux pour les yeux, peu tendres avec les appareils photo. Un panneau informe ceux n'ayant pas consulté quelconque média ces dernières semaines que les Inrockuptibles ont 25 ans. Et les Foster The People apparaissent. Eux savent dire "merci beaucoup" et le nombre de cris féminins indique que les fans se sont déplacés pour les voir. Ils offrent une pop putassière teintée d'électro pas forcément passionnante. Apparaissent quelques traits de génie comme le cinquième morceau, qui ressemble à s'y méprendre à du Black Onassis fleurtant avec My Sharona. La voix n'est pas toujours supportable mais on l'oublie un peu tant l'ensemble est maîtrisé. D'une manière globale, le rythme est agréable, soutenu, et s'y ajoutent de bons effets qui viennent combler les défauts d'une composition pas forcément toujours inspirée. Les premiers rangs, poitrines exhibées, sont surchauffés. Le sixième morceau confirme cette inclinaison. Mettant de côté la tendance à copier MGMT de façon éhontée, Foster The People se laisse donc écouter. Si la septième chanson est plus rock, la suivante donne dans une pop rock à la U2 qui tranche un peu avec les premiers morceaux mais reste sautillant. Au milieu, un bridge musical excellent fait même danser les amoureux englués, décollés pour l'occasion. Ca sautille encore un peu. Et puis s'en vont. Joie et tristesse de la jeunesse lilloise.

Le noir à nouveau et on se renseigne auprès de fans de pop sur l'actualité trépidante des Arctic Monkeys, dont des fans sont à présent "au taquet" au premier rang. La bande sonore pendant ce temps est excellente. "La même qu'il y a quelques jours", confie une fan de Beady Eye, dont les yeux s'illuminent. Les amateurs de (beaux et) talentueux britanniques en ont pour leur argent ce soir car le troisième larron programmé n'est autre que Miles Kane. Si vous avez hiberné ces dernières années ou que vous avez une mémoire peu encline à retenir les patronymes, ces noms feront en tout cas probablement écho à quelques souvenirs musicaux : The Rascals et The Last Shadow Puppets. Ce dernier groupe était un duo composé de Kane et Turner, Alex étant le meilleur ami du premier et le leader des Monkeys. Bouclez la boucle, Miles Kane est apparu récemment sur scène avec eux, d'où les messages d'amour déployés ce soir. Quoi qu'il en soit, Miles Kane s'impose en deux chansons, par un jeu très dynamique, des chansons excellentes et une sympathie naturelle indéniable. Profitant au passage du large quota féminin, un minimum oblige quand on est anglais et qu'on fait du rock : "Est-ce qu'il y a des filles dans l'assistance ce soir ?" Ca crie un peu. Peu importe, musicalement c'est vraiment extra. Miles aussi parle un peu français et pour les "papapapapalapapa" aucun problème de langue. Miles reprend en anglais, interpelle les spectateurs et introduit The Responsible. Son groupe et lui jouent également une nouvelle chanson en exclusivité pour le live, Woman's Touch. Si l'on avait eu une très bonne impression à la Gare Saint Sauveur en juin dernier, elle est largement confirmée ici. Le gusse et ses musiciens n'ont aucun problème à tenir la salle en haleine. Seule une petite partie du public reste en retrait, sans doute venus exclusivement pour Friendly Fires. "Lille !", crie Miles, "profitez bien de Friendly Fires. La dernière chanson fait une bonne transition. Il y a des filles ici ?" Inhaler sera le dernier morceau de ce set définitivement trop court. Reviens en solo dans la région, Miles.

Sur l'écran, les Two Door Cinema Club parlent des Stones et à voir les images leur prestation au festival des Vieilles Charrues avait l'air excellente. De l'electro passe en boucle en arrière-plan, assez trompeuse sur ce qui va suivre. Les balances mettent en avant du hautbois ou quelque instrument à bois de ce type. Argh, cela promet d'être plus pénible encore que les démonstrations d'affection un peu poussées de ce couple toujours sur la gauche. Friendly Fires commence, un peu plus tôt que prévu et, énorme surprise, le rendu live est beaucoup plus énergique que les versions studio. La musique rythmée, aux accents parfois tropicaux ou disco, donnent même envie de danser. Ce qu'applique le chanteur qui, bien que de temps en temps brièvement au clavier, n'économise pas son énergie, qu'il a visiblement à foison. A la 3ème chanson, il saute dans la fosse et parcourt un bout de chemin porté par le public. Satisfait, il renouvèle l'expérience à la 7ème chansons, parcourant cette fois une moitié de la fosse. Nous sommes aux trois quarts du concerts et les sons sont variés, introduisant un saxo et une trompette mais aussi des parties planantes. Le rythme, lui, reste soutenu. Si certaines mélodies nous font frôler l'agacement, il s'agit de danser, ce soir, et sur ce plan, c'est un sans faute pour Friendly Fires qui tient son public fermement. Par les hanches, sans aucun doute.

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