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Réparer les vivants : Adaptation d’un best-seller au cinéma – Rencontre avec la réalisatrice

Cette semaine, Lille La Nuit fait le choix d’évoquer Réparer les Vivants le nouveau film de Katell Quillévéré. Après Suzanne, sorti fin 2013, la réalisatrice revient avec l’adaptation cinématographique d’un best-seller. Critique de Réparer les Vivants et rencontre de Lille La Nuit avec la cinéaste.

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Réparer les Vivants fait se déployer les talents de réalisatrice de Katell Quillévéré.

 

Critique : Réparer les vivants est l'adaptation cinématographique du roman de Maylis de Kerangal. Le livre est vite devenu un best-seller, adoré de milliers de lecteurs.

Lors de notre entretien avec Katell Quillévéré, nous lui avons demandé si adapter un best-seller n’était pas un poids supplémentaire. Si elle avait vu dans ce livre des thèmes communs avec son univers de réalisatrice…

Katell Quillévéré : « Déjà au départ, je n’adaptais pas un best-seller puisque je lisais un bouquin, que je découvrais, qui était sorti depuis deux jours, que j’ai trouvé très beau et qui, ensuite, a vécu ce destin incroyable. C’est l’un des coproducteurs du film qui me l’a passé et ça a été un coup de foudre immédiat avec le bouquin. Sans forcément pouvoir m’expliquer pourquoi il me plaisait autant. Mais j’étais comme aspirée par cette histoire. Et en fait, j’ai surtout fait confiance à cette espèce d’instinct que j’avais. J’avais aussi quelque chose à faire avec cette histoire ! J’avais un film à faire ! C’était une intuition qu’il fallait que je suive. Je crois beaucoup à l’instinct dans le travail et je me laisse guider par ça. Ensuite, je réfléchis, j’essaie de comprendre plus rationnellement ce qui m’a poussé vers ça. Je dirais que c’est le livre qui est venu à ma rencontre d’une certaine manière. Après, on peut voir des thématiques communes avec Suzanne. C’était déjà un film qui était hanté par la perte de quelqu’un et abordait le thème de comment on se reconstruit malgré le chaos auquel il faut faire face dans la vie, comme la perte d’un être cher. »

En regardant Réparer les vivants, on découvre qu’il s’agit d’un film plus lourd que le précédent. Parce qu’adapter un roman populaire n’est jamais chose facile. Ensuite parce qu’on y trouve l’un des castings les plus brillants de l’année.

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Katell Quillévéré : "Pour moi, Kool Shen, c’est quelqu’un qui n’a jamais triché." (ici, aux côtés d'Emmanuelle Seigner).

 

Dans cette distribution du film de Katell Quillévéré, on retrouve Kool Shen. Pourquoi a-t-elle fait le choix de l’engager ?

Katell Quillévéré : «  Je l’avais vu dans le film de Catherine Breillat (ndr : Abus de faiblesse). Je l’avais découvert là en tant qu’acteur. Par ailleurs, c’est quelqu’un que j’admire énormément. Pour moi, c’est l’un des plus grands artistes français ! Déjà, c’est mon admiration qui me guide vers lui. Ensuite quand je vois qu’il joue dans un film, je le trouve très bon. Je me demande s’il a vraiment envie d’être acteur, je me renseigne. Je découvre que, oui il aime ça. Il a envie de faire du cinéma. Et puis, il se trouve qu’il dégage aussi quelque chose qui à avoir avec son propre vécu. J’ai beaucoup écouté ses chansons. Je connais ses textes qui racontent aussi ce qu’il a vécu. Je sais en fait que dans sa vie, son histoire, dans tout ce qu’il a traversé, il a tout pour raconter cette histoire. Après, il faut qu’il en ait envie, accepte de faire ce pari avec moi, de s’abandonner. Il y a quelque chose de sa personne que j’aime profondément, par son travail. Et puis, il y a son physique qui m’attire. Mais là encore, c’est beaucoup d’instinct. Pour moi filmer des acteurs, c’est avant tout les désirer, les trouver beaux, avoir envie de les aimer. Il y a déjà tout ça qui m’attire vers lui. Et il y a cette énorme sincérité. Pour moi, Kool Shen est quelqu’un qui n’a jamais triché. D’une intégrité incroyable dans sa vie d’artiste. Donc, cette intégrité, je sais qu’il l’aura sur mon film. Je sais que ce qu’il va donner ce sera brut et ce sera juste, parce qu’il est comme ça dans la vie ».

La mise en scène de Réparer les vivants fait se déployer les talents de réalisatrice de Katell Quillévéré (les scènes de surf sont impressionnantes d’un strict point de vue technique, une autre séquence - celle de l’accident - frappe par sa dimension poétique).

Katell Quillévéré : « Il y avait des paris de cinéma très différents de Suzanne. Ça m’excitait beaucoup. Il y avait l’idée de raconter 24h en une heure et demie. Alors que pour Suzanne je racontais 25 ans en une heure et demie. C’était des défis très différents, avec toujours dans l’idée de renouveler quelque chose du langage cinématographique. Je pense que quand on fait un film, on se pose avant tout la question de comment on le raconte. Parce que toutes les histoires ont déjà été racontées d’une certaine manière. J’essaie de faire des films qui soient vraiment ouverts pour les gens et en même temps vraiment exigeants en matière de cinéma. C’est souvent par la narration que cette exigence peut passer. Là, j’avais l’impression qu’il y avait un défi de narration super exigeant et en même temps, un sujet qui pouvait intéresser tout le monde, qui a une universalité. Qui est émotionnellement très fort aussi. Je sais que je vais au cinéma depuis que je suis enfant pour me sentir vivante. Pour éprouver des choses fortes : pleurer, rire. Ca à avoir avec ça, le cinéma. »

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Katell Quillévéré a répondu aux questions de Lille la Nuit le 26 septembre 2016.

 

Katell Quillévéré prend à bras-le-corps cette histoire chorale dont le point d’orgue est le destin brisé d’un jeune homme suite à un accident de voiture.

A aucun moment, la réalisatrice ne fait de chantage à l’émotion. Peut-être se retient-elle un peu trop d’ailleurs ? Par pudeur ? N’empêche, le film secoue autant qu’il bouleverse et fait réfléchir.

Comme le livre et la pièce de théâtre actuellement en tournée (critique de Lille La Nuit), le film de Katell Quillévéré aborde des thèmes très intimes, renvoyant à la mort de proches, notre propre finitude, au don se soi et à celui des autres.

Réparer les vivants confirme le talent et la personnalité d’une cinéaste qui, comme Kool Shen, ne triche pas. Petit à petit, Katell Quillévéré impose un ton et une musique assez inhabituels dans le cinéma français.

Synopsis : Tout commence au petit jour dans une mer déchaînée avec trois jeunes surfeurs. Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, c’est l’accident. Désormais suspendue aux machines dans un hôpital du Havre, la vie de Simon n’est plus qu’un leurre. Au même moment, à Paris, une femme attend la greffe providentielle qui pourra prolonger sa vie…

Avec Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval, Bouli Lanners, Kool Shen, Monia Chokri, Alice Taglioni, Karim Leklou, Alice de Lencquesaing, Finnegan Oldfield, Théo Cholbi, Gabin Verdet et avec la participation de Dominique Blanc.

Durée : 1h40
Sortie : le 1 novembre 2016

Affiche, photos et film-annonce © Mars Distribution

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