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Philippe Jaroussky chante Berlioz pour les 50 ans de La Grande Écurie et la Chambre du Roy

L'effervescence est palpable ce soir alors qu'un public hétérogène se presse à l'entrée du Théâtre Municipal Raymond Devos de Tourcoing. Des habitués saluant les employés du théâtre, mais aussi de nouvelles têtes attirées par une tête d'affiche à la fois pointue et grand public. Tous semblent excités et heureux d'assister à l'événement : la première des deux dates célébrant les 50 ans de La Grande Écurie et la Chambre du Roy. Si l'atelier lyrique de Tourcoing est déjà ouvert à des publics hétéroclites, proposant notamment des conditions favorables aux étudiants, la date est particulièrement attendue, par un programme à la fois appréciable mais pas trop pointu et la présence de Philippe Jaroussky. Ayant commencé sa carrière en 1999, le chanteur lyrique s'est rapidement fait connaître, notamment par une aisance déconcertante dans le registre baroque. Sa notoriété va augmenter et lui valoir plusieurs prix, notamment à l'occasion des Victoires de la Musique Classique. De Haendel à Monteverdi, de Ferrari à Bach en passant par Vivaldi, et marqué par l'influence d'Henri Ledroit ou encore David Daniels, un autre contreténor, Philippe Jaroussky a développé sa fascinante technique de chant dans un répertoire où il excelle, comme le montre son interprétation d'un Stabat Mater de Vivaldi particulièrement saisissant :

Depuis quelques années, le contreténor s'éloigne un peu du répertoire baroque dans lequel il est à l'aise pour travailler un répertoire plus récent comme le Requiem de Gabriel Fauré. C'est ce même romantisme français qu'il aborde ce soir avec Berlioz, via l'ouverture de Benvenuto Cellini, op. 23, et Les Nuits d'été du même compositeur. L'ambiance évolue donc au fil de l'heure, passant d'une symphonie aussi agitée que le personnage italien sulfureux qui l'a inspirée à la mélancolie tantôt douce ou lugubre qu'accompagnent les mots de Théophile Gautier, à l'origine tirés d'un recueil au nom explicite du projet, La Comédie de la mort. S'il est très intéressant d'observer Jaroussky dans ce registre, en français qui plus est, la collaboration de ce soir est d'autant plus intéressante qu'en face de lui se trouve l'extraordinaire Jean-Claude Malgoire, dirigeant le non moins extraordinaire orchestre qu'il a créé 50 ans auparavant. Les deux hommes et l'orchestre se sont croisés il y a une dizaine d'années à l'occasion d'une version de Agrippina de Haendel :

La participation de Philippe Jaroussky ne doit pas faire oublier que, sur deux soirs c'est bien La Grande Écurie et la Chambre du Roy qui est à l'honneur. Utilisant depuis sa création des instruments d'époque, l'orchestre se révèle vraiment très bon, les musiciens montrant via ce programme anniversaire une palette large de jeu, glissant peu à peu vers la rêverie, faisant la transition avec la deuxième partie de la soirée, purement instrumentale : la très connue Symphonie Fantastique, op. 14. L'occasion pour l'orchestre de montrer son talent à travers les ambiances radicalement différentes de la symphonie : d'une délicate rêverie à une profondeur plus sombre avant d'aborder un final extravagant et chatoyant. Le public, charmé, incluant les plus connaisseurs, applaudissent à tout rompre. Quand la restitution flirte avec la modernité à un tel niveau, on ne peut que s'incliner.

 

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