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Le Peuple De L’Herbe & Studio 404 au Splendid

Quand Le Peuple De L'Herbe débarque en ville, c'est toute une frange de la population qui se réveille et se donne rendez-vous. Un microcosme cultivant l'esprit libertaire, aux préoccupations alter-mondialistes et adepte de la cigarette rigolote. En ce soir du 10 mars 2010, au Splendid, le costard-cravate n'est donc pas de rigueur, il est même proscrit. Tenue cool exigée. La soirée affichant complet, c'est une masse de têtes capuchonnées, de faces de dreads, de jeunes (ou moins jeunes) à casquettes, d'urban boys, de punks à chiens (sans les chiens) qui s'agglutine devant l'entrée de la salle de concert. De quoi faire frissonner d'horreur les petites vieilles des quartiers chics.

Pour faire patienter tout ce beau petit monde, alors que la salle ne s'est pas encore remplie, le groupe Studio 404 dégaine en premier les armes. Transgressant les frontières musicales, le combo chauffe le public en se faisant habilement côtoyer rock, reggae, dub, soul, le tout servi avec une bonne rasade de hip hop. Une fusion efficace servie par un MC énergique et sautillant et des musiciens prêts à en découdre: un batteur, un bassiste ne s'éloignant jamais trop de sa guitare pour placer quelques riffs du meilleur cru et un DJ proposant des samples intéressants et expert dans l'art du scratch. Un jeune groupe (un an d'existence) visiblement heureux de pouvoir ouvrir pour Le Peuple De L'Herbe et profiter de l'occasion pour démontrer son aisance scénique. Des artistes à suivre donc qui, s'ils soignent un peu plus leurs textes aux thématiques trop convenues, peuvent faire parler d'eux.

Dans la salle, les doigts s'agitent frénétiquement, des feuilles à cigarettes sont collées avec dextérité les unes aux autres, des clopes sont avidement vidées de leur tabac... Les pancartes indiquant « Interdiction de fumer » sont obsolètes. Les agents de sécurité, dépassés par les évènements, abdiquent. Personne n'utilisera le parc à bestiaux installé à l'extérieur pour les fumeurs et un nuage de fumée épicée s'installe au dessus du public. Ça ricane, ça ricane... On se croirait à Amsterdam.

Besoin de feu pour allumer ces cônes que la morale réprouve? Pas de souci. Le Peuple De L'Herbe se charge de l'allumer. Les membres du groupe montrent qu'avant d'être des musiciens de studio doués (leur discographie, dans le genre électro, est un sans faute), ils sont surtout des bêtes de scène. D'ailleurs, c'est en live que leur musique prend réellement son ampleur et livre toute sa richesse et ses subtilités.

Les machines, derrière lesquelles officie DJ Pee, cohabitent avec des instruments organiques largement mis en avant pour l'occasion: la batterie avec Psychostick, la basse, la guitare et les claviers avec Spagg, et la trompette avec N'Zeng. Des musiciens qui, dans leur chaudron magique, mélangent diverses influences: abstract hip hop, rap, dub, reggae, funk, jazz, et, quand la guitare se fait plus présente, on décèle même des pointes de métal comme sur les morceaux « Get Stronger » ou « Back Against The Wall » issus du dernier album en date, « Tilt ». Une musique chaude, festive dans laquelle les différentes personnalités du groupe s'expriment créant ainsi un mélange hétérogène mais tout à fait cohérent.

Forts de ce canevas musical hétéroclite, les trois MC's du Peuple De L'Herbe peuvent laisser libre cours à leurs talents vocaux et voir leur voix se compléter à merveille et faire écho l'une à l'autre. Sir Jean, ex-chanteur de Meï Te Sho, nous gratifie de ses superbes vocalises de chanteur de raggamuffin, N'Zeng démontre qu'il est aussi habile à manier le phrasé rap que la trompette et JC 001, à l'incroyable voix gutturale et saccadée, fait preuve d'une technicité vocale ébouriffante particulièrement lorsqu'il se lance dans l'exercice difficile du human beat boxing.

La set list, piochant autant dans le dernier album que dans les classiques du groupe (« History Goes », « Plastic People », « PH Theme », « El Paso » ou encore « Gumzilla ») et l'énergie exceptionnelle du groupe ne laisseront aucun répit aux lillois qui, malgré les poumons chargés, n'auront de cesse de sauter béatement en l'air, transformant le sol en trampoline, de lever les mains et de mouiller le maillot

Après une heure quarante de concert endiablé et un rappel de rigueur devant l'insistance des spectateurs, le groupe quittera la scène sous les acclamations du public. Un public qui sortira de la salle la sueur au front, le t-shirt humide, les yeux rougis et chantonnant béatement et le sourire aux lèvres avec une fausse voix de reggae man les lyrics du « PH Theme »:

Le peuple de l'herbe
Mome la gagni tudd
Le peuple de l'herbe
Gnakh bi gno ko indi

>> Retrouver l'interview du Peuple de l'Herbe réalisée juste avant ce concert

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