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Elise + Bärlin + Jacquy Bitch au Black Lab

Drôle d'affiche que ce soir au Black Lab où se côtoient a priori des univers différents avec Elise + Bärlin + Jacquy Bitch, mais l'organisation, Just Like Event, savent parfaitement ce qu'ils font.

Jacquy Bitch, la légende batcave

Bärlin est beaucoup plus récent et draine un public plus jeune que Jacquy Bitch, qui n'en est clairement pas à son coup d'essai puisqu'il a fondé Neva au tout début des années 1980 à Saint-Quentin. Premier groupe batcave en France, le groupe a sorti quelques cassettes auto-produites dont Le Dictateur de la folie à l'arme blanche au coeur en 86, Individu en 87 et Fausse Conscience en 89. Depuis 1990, Jacquy Bitch est en solo pour un projet post-punk sans perdre ses racines batcave, accompagné par des musiciens sur scène, ici Christian, Rémi et Endrick, et pioche dans ses nombreux albums pour constituer une setlist variée où l'amateur d'Alien Sex Fiend ou Christian Death s'y retrouve bien. Un album, Too Late, est sorti en 2021 et il était temps de le découvrir sur scène.

L'émotion est palpable et le public se divise clairement en trois : les curieux venus écouter un peu de tout, le public de Bärlin pas forcément très au clair de la scène batcave française et un bon tiers qui sait parfaitement où il met les pieds et mesure la chance de voir une légende vivante de ce genre musical sur scène. C'est que Jacquy Bitch se fait bien entendu trop rare dans les environs - même si on l'a vu en Belgique (au Steeple et au Gothic Festival entre autres, c'est dire si cela remonte) - et il faut parfois pousser jusque les festivals allemands (y compris jusqu'au prestigieux WTG, le Wave Gotik Treffen de Leipzig). Et cela fait bien plaisir de partager cet engouement pour ce petit morceau d'histoire punk-goth, le set est impeccable et le public le rend bien.

Bärlin et State of Fear, les attendus

Bärlin, ensuite, est rassembleur. Habitués à l'esthétique très dramatique batcave, les premiers restent pour voir le groupe, qu'ils le connaissent déjà ou pas. Basse, batterie et clarinette, et un chant sorti des enfers, la formule marche très bien à Lille d'où vient le groupe, et fait à présent des ravages jusque d'autres contrées, dont l'Allemagne où ce type de musique fonctionne naturellement bien. La scène est travaillée à l'instar de leurs pochettes d'albums, déjà au nombre de quatre en quelques années, mais passe par la gestuelle plus que les décors. Il y a du théâtre, il y a du drama, et c'est notamment en cela que le choix des groupes est parfaitement justifié. Déjà très intéressant en studio, le groupe prend toute sa dimension sur scène et le public local le sait parfaitement, fidèle et attentifs aux sorties. Avec ses détours jazz et son low/ghost rock tirant vers le coldwave, Bärlin s'insèrent parfaitement au lieu toujours plus ou moins perdu dans la brume de Wasquehal.

Et l'ambiance décolle vite, par habitude, à l'instar d'un morceau qu'on connaîtrait par coeur (à la clarinette, donc, en tout cas pas à la guitare, puisqu'il n'y en a pas). De l'eau a coulé sous les ponts depuis le concert de la Péniche (2012...), et on a eu l'occasion de les voir plusieurs fois depuis. Bärlin présente pour cette tournée son 4ème album, State of Fear, où on retrouve un clair-obscur d'une profondeur duveteuse qu'on côtoyait lors des meilleurs moments d'Editors. On perd la mélancholie et l'onirisme des clips de Steeve Ollagnier ou Seb Duhem mais on garde la fureur, la noirceur et la richesse des nouveaux titres.

Elise, une révélation electro-dark

Elise, enfin, change l'ambiance musicale mais poursuit dans l'onirisme et l'énergie sombre. La salle se vide un peu et on comprend qu'une partie du public était clairement venue pour Bärlin - la difficulté des transports un soir de gros match de rugby joue également. Elise est un duo lillois moins connu encore mais dont la réputation monte depuis 2019. Le groupe n'est pas si jeune et ses membres, Maxime et Samuel, ont sorti d'autres albums précédemment mais définit la sortie de Stranger cette année comme un "nouveau départ". Ce soir marque justement le lancement de cet album varié où se succèdent des morceaux plus orientés électro-indus et d'autres plus planants.

Du côté de l'interprétation, elle change considérablement certaines chansons, à l'instar du titre "Stranger" bien moins déprimant que son clip, mais renforce l'émotion sur un titre comme "All Is Lost". D'autres morceaux comme Blind louchent franchement vers l'electronic body music et transforment la salle en dancefloor. Un groupe fort intéressant à suivre pour qui aime ces styles.

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