Après "Pleine lune" et "adrénaline", Merzhin n'en est pas à son coup d'essai avec "Pieds sur la braise". Sans conteste l'album de la maturité, les 6 lutins ont préférés un retour aux sources, sans pour autant délaisser le côté festif qui a fait leur réputation. Plus rock que les précédents opus, "Pieds nus sur la braise" permet enfin au groupe breton d'esperer une reconnaissance nationale en tant qu'un des principaux représentants du rock français.
Longtemps considéré comme le représentant du rock celtique, Merzhin se détache de cette étiquette avec son dernier album, "Pieds nus sur la braise". En effet, même si les riffs enjoués et dynamiques n'ont pas disparus, Merzhin a évolué vers un rock un peu plus sombre, un peu plus saturé. Mais pas de panique à bord, si Merzhin s'est rapproché de groupes comme Noir Désir, il n'en a pas pour autant renier ses racines ! Loin de là ! En effet, la marque de fabrique de Merzhin (Merlin en breton) est bien présente : Mélodies énergiques et euphoriques, sonorités tantôt empruntées au rock, tantôt au folklore breton, voir même à la chanson française ... un véritable tourbillon d'inspirations pour un résultat éblouissant !
L'album commence sur un "pavillons kamikazes" qui donne bien le ton. Mélodie distincte soutenue par une guitare et une batterie en mode "ska", la basse est rythmée, comme le chant qui, première surprise, est saturé. Si ça surprend légèrement au début, on s'y fait vite et il ne faut pas attendre jusqu'au refrain pour apprécier. Lancé par une batterie montante et une voix pas enragée mais presque, le refrain détonne. Le second passage couplet-refrain est toujours assuré par la batterie soutenant le chant, à la différence que cette fois-ci la basse vient mouvementer tout ça. Une montée dans les aigus efficace pour relancer un refrain percutant et c'est reparti. Un break vient casser cette énergie débordante avec une ambiance sombre et une voix légèrement transformée le temps de quelques secondes, avant d'achever ce premier titre sur les deux riffs forts qui le composent. Si cet album ne s'était pas appelé "Pieds nus sur la braise", il aurait pu sans problème se nommer "Pavillons Kamikazes".
L'album est lancé en force et la suite ne déçoit pas ! Certaines chansons sont joyeuses, d'autres plus mitigées, mais elles accrochent toute à leur manière, avec leurs sonorités et leurs caractéristiques. Dans le genre festif, c'est "la cour des grands", "souriez" et "a la chaleur des missiles" qui se détachent. Refrains dynamiques, mélodies entrainantes, les éléments sont réunis pour faire bouger les foules. "Torche vivante" mélange à merveille l'électrique et l'acoustique, titre qui n'est pas sans rappelé Noir Désir, mais la ressemblance la plus marquante vient de "poussières". Du Noir Désir version Merzhin ? Non, du Merzhin teinté de Noir Désir. Si le début de la chanson rappelle fort le groupe de Bertrand Cantat, la suite ne trompe pas. Batterie rapide avec charlé doublé, si là le doute est encore possible la mélodie à la bombarde (ou est-ce la clarinette ?) met définitivement les choses au clair. "Fanny" sort du lot. Enchainement de riffs calmes et énervés, "Fanny" est un titre chargé d'émotion qui fait appel à une sensibilité, un sentiment rarement sollicité par ce groupe finistérien lors des deux précédents albums. Seule déception, l'absence de "pause" à l'instar de "Merzhin", dixième titre de l'album "Adrénaline". Une minute de mélodies calmes et reposantes par une flute de pan isolante d'aisance faisaient tellement de bien ! A l'image d'un verre d'eau au milieu du désert, c'est ce bref arrêt dans l'énergie qui permettait de se plongeait à 100% dans l'ambiance explosive dégagée par les autres pistes. Cette chanson donnait à elle toute seule un aspect totalement différent à l'album entier. Elle permettait de planer, de décrocher la lune tout en gardant un pied un terre. Dommage que Merzhin n'ait pas remis ça avec "Pieds nus sur la braise" (enfin bon, "souriez" est pas mal non plus 😉 ).
Si le groupe n'a pas délaissé son côté festif qui a fait sa réputation, il s'est ici plus rapprocher du rock. Sans conteste l'album de la maturité, la reconnaissance du grand public n'a jamais parue si proche ! Tour à tour émouvant, pêchu, acoustique et électrique, on sent aussi bien l'expérience de l'âge que l'hystérie de la jeunesse dans cet opus où l'authenticité est toujours de mise. Résultat de 10 ans de carrières avec se que cela comporte en espoirs, en joies, mais également en désillusions, "Pieds nus sur la braise" pourrait permettre à Merzhin d'être enfin reconnu comme un des groupes phares de la scène française.
