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Un François Damiens déjanté dans « Je Fais le Mort » !

Synopsis : A 40 ans, Jean, comédien, est dans le creux de la vague…
Il court le cachet sans succès. Au Pôle emploi spectacle, sa conseillère lui propose un job un peu particulier : prendre la place du mort pour permettre à la justice de reconstituer les scènes de crime.
Son obsession du détail bluffe les enquêteurs et va permettre à Jean de revenir sur le devant de la scène dans une affaire délicate à Megève, hors saison, suite à une série de meurtres…

photo © Diaphana Distribution

Critique : Cette semaine point de deuxième volet du Hobbit dans la rubrique ciné de Lille La Nuit. Il nous semble que la sortie du film de Peter Jackson, succès mondial annoncé de ces fêtes de fin d’année, est déjà bien assez relayée par les médias. Nous préférons nous attarder sur Je Fais le Mort, comédie française qui fait figure de petit poucet face au hobbit (humour !) et fait concurrence à l’autre outsider de la semaine, le très intéressant 100% Cachemire de et avec Valérie Lemercier (que nous avons eu le plaisir de rencontrer).

Je fais le mort, c’est la dernière réalisation de Jean-Paul Salomé, un cinéaste intéressant qui s’inscrit dans la droite lignée d’artisans comme Bernard Borderie (réalisateur des Angélique) ou André Hunebelle (qui a signé les Fantômas avec De Funès et Jean Marais). On doit à Salomé une comédie sympathique post-Splendid, Restons Groupés, et des films populaires à gros budgets tels Belphégor-Le Fantôme du Louvre, Arsène Lupin et Les Femmes de L’Ombre.

Cette fois, Salomé change de registre en signant une comédie noire et totalement farfelue, dont le plaisir réside avant tout dans l’écriture des dialogues, les situations loufoques et bien sûr, les comédiens.

Je Fais le Mort est d’abord un festival François Damiens. Il confirme une fois de plus son immense talent. Il est irrésistible dans le rôle de Jean Reno (difficile de percer comme acteur quand vous avez un homonyme célèbre), une sorte de monsieur catastrophe avec un grand « C » qui soutient bien la comparaison avec le Pierre Richard des grandes heures ou l’Inpecteur Clouzot des Panthères Roses de Blake Edwards, incarné par l’immense Peter Sellers.

photo © Diaphana Distribution

Damiens pourrait presque faire le film à lui tout seul. Il faut le voir habillé d’une combinaison SM en latex noire. Il est irrésistible dans cette scène qui fait référence avec humour à la sinistre affaire Edouard Stern. On reparlera de Damiens dès la semaine prochaine pour son rôle dans Suzanne, le superbe film de Katell Quillévéré. Pourtant, à ses côtés, la distribution ne fait pas pâle figure. Lucien Jean-Baptiste (acteur et réalisateur de La Première Etoile) est impeccable comme toujours. Quant à Anne Le Ny, elle nous rappelle aux bons souvenirs d’un cinéma français populaire de qualité, peuplé de seconds rôles éblouissants. Il faut la voir incarner Madame Jacky, tenancière pas très funky (c’est le moins que l’on puisse dire) d’un petit hôtel relativement glauque.
Avouons tout de même que Géraldine Nakache semble un peu terne. Mais il est vrai qu’il est difficile d’exister face à un François Damiens totalement délirant.

photo © Diaphana Distribution

Mais ce qui fait plaisir à la vision de Je Fais le Mort, ce n’est pas la mise en scène plutôt fonctionnelle de Salomé, mais plutôt la grande qualité des dialogues. On les croirait écrits par le Audiard des grandes heures. Ils sont drôles, fins, percutants, ont beaucoup d’esprit (« Je ne me suis jamais senti aussi vivant depuis que je fais le mort », « C’est un rôle de décomposition ») et pratiquent un humour noir revigorant.

On sent que Salomé est nostalgique d’un cinéma qui misait avant tout sur les situations, l’histoire, les dialogues, les comédiens. Je fais Le Mort évoque certains Lautner interprétés par Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche, …
C’est ce cinéma là (en mode mineur tout de même) que Salomé semble avoir voulu retrouver.

A noter, chose étonnante, que le film est co-produit par Jean-Pierre Dardenne et son frère Luc (qu‘on n’imaginait pas forcément flirter avec cet univers).
Et n’oublions pas, surtout, la très belle composition de Bruno Coulais pour le film. Il rend un bel hommage à Bernard Herrmann (On retouve des accents de La Mort aux Trousses, notamment), qui fut le compositeur attitré d’Alfred Hitchcock.

Je fais le Mort est donc une belle surprise que Lille La Nuit vous conseille allégrement si vous souhaitez voir un bon petit film du samedi soir.

Affiche et film-annonce © Diaphana Distribution

Avant-Premières avec invités:

Majestic de Lille- A CIEL OUVERT-jeudi 12 décembre à 20h00 en présence de la réalisatrice Mariana Otero.

Rétrospectives et horaires Plan-Séquence. 

Soirée SAFIR [C'est tourné près de chez vous]-Jeudi 12 Décembre 20h30 à L'Hybride.

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