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La Fille de Brest : le film sur l’affaire du Mediator ! Rencontre avec Emmanuelle Bercot

Cette semaine, Lille La Nuit se penche La Fille de Brest,  le film adapté du livre coup de poing du docteur Irène Frachon : Mediator 150 MG ! La cinéaste Emmanuelle Bercot retrace avec efficacité - sous la forme d'un thriller - le combat de la pneumologue pour faire retirer du marché ce médicament meurtrier. Critique et rencontre avec Emmanuelle Bercot par Lille La Nuit !

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Sidse Babett Knudsen, l'actrice de Borgen, est La Fille de Brest !


Critique :
On n’attendait pas forcément qu’Emmanuelle Bercot signe une adaptation au cinéma du combat de la pneumologue Irène Frachon contre certains laboratoires pharmaceutiques.

Actrice palmée pour le film de Maïwenn, Mon Roi, et cinéaste fort estimable - La Puce,  Clément, La Tête Haute - Emmanuelle Bercot surprend en réalisant avec La Fille de Brest un thriller engagé et très documenté. A l’image de ce que savaient faire dans les seventies, des cinéastes comme Alan J. Pakula, Yves Boisset ou Costa Gavras.

Emmanuelle Bercot : « C’était capital pour moi dans le sens où l’histoire est aride, compliquée… ! Je veux bien faire un film dessus mais je veux que ce soit un spectacle, un divertissement, et qu’il y ait du CINÉMA ! Par exemple, j’ai tout de suite exclu le style documentaire pour le film. Je savais que je voulais absolument que le film soit assez stylisé et mis en scène comme un thriller. Parce que, déjà, moi ça m’intéressait de me frotter au film de genre, ce que je n’avais jamais fait. Et d’autre part, j’ai toujours eu en tête ce qu’Irène m’avait dit quand je l’ai rencontrée. Elle me racontait toute son histoire et n’arrêtait de me dire : «  Il y avait tellement de rebondissements, j’ai eu tellement d’obstacles, ça a tellement tourné au cauchemar que j’avais l’impression d’être dans un film ! La réalité dépasse la fiction. Je te jure : c’était comme dans un thriller ! Comme dans un thriller ! » Alors, je me suis dit : si je veux raconter l’histoire de son point de vue et que le spectateur puisse vivre son combat comme elle l’a vécu, il faut le traiter comme un thriller parce que c’est comme cela qu’elle l’a ressenti. Forcément les choses sont un peu dramatisées (…). Tout est vrai. Mais dans la mise en scène, la lumière, j’ai forcément un peu dramatisé, forcé le trait. Mais je pense que c’est hyper important si on veut mobiliser l’opinion publique ou éveiller la conscience des gens qui sont intéressés par ce type d’histoires et qui vont aller voir le film. Et il faut aussi les distraire. Faut aussi qu’ils aient vu du cinéma. Pas simplement un film à dossier, à thèse ou à charge ».

Le style et la démarche de Bercot pour La Fille de Brest sont intéressants. Elle fait les bons choix. On a tous entendu dans les médias cette tragique histoire des victimes du Mediator. Certains ont lu le livre d'Irène Frachon. Fallait-il pour autant en faire un film ? La réponse est oui, puisque le cinéma peut lui aussi jouer un rôle, avoir un impact afin que des affaires comme le Médiator (il y en a bien d’autres) ne soient pas oubliées ou qu’elle ne puissent se reproduire. Pour cela, il faut être efficace (sans putasserie). Aller au charbon !

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On a plaisir à retrouver un Benoît Magimel remarquable !

 

Cela passe donc par une mise en scène nerveuse (on ne sent jamais les 2h08 du film) et un choix d’acteurs hors pair. On avoue avoir été déconcerté quelques instants par le jeu de Sidse Babett Knudsen (actrice géniale de la grande série danoise Borgen) avant qu'on ne soit emportés par l’énergie qu’elle dégage à l’écran. Nous avons été scotché par la prestation de Benoît Magimel qui n’a pas été aussi bon depuis des lustres ! Un script, une mise en scène carrés, des acteurs excellents, voilà qui devraient rappeler les spectateurs au "bon" souvenir de cette histoire terrifiante ! Cela est d’autant plus salutaire que les procès sont toujours en cours dans cette affaire.

Emmanuelle Bercot : « Je pense que le film peut avoir un rôle s’il a un fort retentissement. C’est à dire, s’il a un gros succès public. Qu’est-ce que ça dirait si le film a un gros succès public ? Que le sujet intéresse les gens ! Bien que l’affaire soit un peu loin, la conscience des gens sur ce drame sanitaire va être réveillée, que l’opinion publique peut faire bouger les choses. En tous cas, les accélérer. Je ne pense pas que si le film marchait, demain le procès pénal aurait lieu. Mais je pense que ça peut faire remuer un peu les hautes instances. Pas plus que ça. Mais je pense que cela pourrait faire accélérer les choses. Mais c’est si, et seulement si, le film a beaucoup de succès. Et que tout d’un coup, les journaux font de nouveau cinq pages sur l’affaire du Médiator, le drame sanitaire. Là, tout le monde va se réintéresser à cette histoire. »

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La Fille de Brest : film d’intérêt public !

 

Alors La Fille de Brest : film d’intérêt public ? A Lille La Nuit, on répond par l'affirmative ! Et comme, en plus, Emmanuelle Bercot nous offre du bon cinéma, on ne peut que la remercier d’avoir porté l’affaire du Mediator dans les salles obscures !

Synopsis : Dans son hôpital de Brest, une pneumologue découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d'un médicament commercialisé depuis 30 ans, le Mediator. De l’isolement des débuts à l’explosion médiatique de l’affaire, l’histoire inspirée de la vie d’Irène Frachon est une bataille de David contre Goliath pour voir enfin triompher la vérité.

La Fille de Brest
Adapté du livre d’Irène Frachon Mediator 150 MG
Avec Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Gustave Kervern
Drame - 2016 - France - VF
Sortie le 23 novembre 2016

Affiche, photos, film-annonce © Haut et Court

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